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VIAS - Une synthèse de la problématique du gaz de schiste pour le Collectif ‘’Gaz de Schiste Non Merci !

A Vias : le Collectif ‘’Gaz de Schiste Non Merci ! ‘’, présente une synthèse de…

A Vias : le Collectif ‘’Gaz de Schiste Non Merci ! ‘’,
présente une synthèse de la problématique
du gaz de schiste


Récemment, trois membres dudit Collectif, sont venus expliciter ce sujet. Lequel suscite une pléthore de communications sur Internet. A l’aide de photos et de descriptifs projetés sous forme de diaporamas, ils ont expliqué l’origine de cet hydrocarbure, sa spécificité, et par quel procédé il était exploré et/ou extrait du sous-sol. Ils ont aussi indiqué les effets induits par la technique utilisée pour fractionner la roche-mère. Ils ont présenté et commenté quels en étaient les enjeux internationaux. Et la situation de la France confrontée à une volte-face. Celle d’un retour, pour des raisons strictement économiques, à l’exploitation d’une énergie fossile. Et, qui plus est, sans se préoccuper des dangers de pollutions relatives aux nappes d’eau souterraines. A fortiori, après un engagement national pour améliorer la qualité de l’environnement, et l’annonce de la transition énergétique. Ce sont les fondements mêmes des deux ‘’Grenelle de l’environnement’’ qui sont remis en cause. Puisque l’essentiel consiste sur le fond à remplacer, à terme, des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (solaire, biomasse, hydraulique, marémotrice, éolien domestique, algues, …).

La loi nous protège-t-elle ?

Les intervenants ont rappelé que ce sont les rassemblements massifs de citoyens manifestant contre les permis de forer, accordés sans concertation ni d’étude d’impact, qui ont poussé le gouvernement Fillon à légiférer. Cette loi du 13 juillet 2011 interdit, dans son article premier, la technique de fracturation. Mais elle y déroge dans l’article suivant. On l’a dit et répété parce qu’en l’occurrence, la loi ne nous protège pas : la porte technique est fermée, certes, mais la fenêtre reste grand ouverte à la contamination d’un de nos biens communs les plus précieux. Car, pourquoi se contenter d’interdire la technique et permettre les recherches, si ce n’est dans la perspective de l’exploiter ? Les industriels l’ont vite compris, eux. Dès lors, leurs communications portent sur des hydrocarbures. Et ils affirment ne pas utiliser la technique prohibée, bien évidemment. Cependant, ils oublient de préciser celle qu’ils utiliseront. Pas folle la guêpe !

Pas d’évaluation des réserves, sans fracturation

La caractéristique essentielle de ce type d’hydrocarbure, c’est qu’il est lié à la roche-mère. Laquelle doit être éclatée par fissuration pour libérer le fluide qui pourra dès lors être récupéré. La technique consiste à injecter sous forte pression (environ 1000 bars) quinze à vingt millions de litres d’eau par fracturation et par puits. Chacun pouvant être fracturé jusqu’à quatorze fois. La Commission européenne a publié, le 7 septembre, trois rapports. Dans l’un desquels est précisé que les exploitants retirent, aux USA, entre 15 et 40% de la quantité estimée a priori. En outre, les intervenants informaient l’auditoire que la quantité des réserves du sous-sol français, d’après le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), restait encore aujourd’hui inconnue. Et que, toujours selon le BRGM, il était impossible d’évaluer la quantité de gaz de schiste à l’intérieur des couches sédimentaires si l’on ne pouvait fracturer la roche-mère. Alors me direz-vous, d’où sortent ces données quantifiées qui font partie de la propagande de certains pétroliers, gaziers ou autres foreurs ? Il faut le leur demander ! Pour l’instant cette fiction, qui fait miroiter d’illusoires profits, n’est pas neutre. Ce qui est inquiétant, pour le moins, c’est que les puits réalisés selon ces pratiques ont des effets  désastreux sur l’environnement immédiat. Dernièrement un groupe de vingt et un scientifiques québécois et français, revenait, pour la troisième fois, de Pennsylvanie. Leurs constats sont sans appel. Les boues remontées des forages et stockées dans des bassins de rétention se déversent, par fortes pluies, dans les prairies et les champs des fermiers voisins. Endommageant les cultures et dégageant de fortes odeurs. Pas étonnant !  Les biocides utilisés pour éviter la prolifération des bactéries provoquent le dégagement de sulfure d’hydrogène. Ce gaz qui sent l’œuf pourri, est très corrosif et mortel à faible dose. Lesdits fermiers ont, de plus, fait part de leur inquiétude pour leur eau de consommation et pour leurs animaux domestiques. Ils constatent qu’ils perdent leurs poils, voire leur fourrure. Eux-mêmes consultent parce qu’ils ressentent des troubles de la vue, des gênes au niveau des muqueuses et des voies respiratoires. Des dysfonctionnements d’ordres digestif et neurologique. Rien de surprenant au vu des produits qui sont mélangés à l’eau injectée dans chaque forage !

De quels produits s’agit-il ?

Pour améliorer l’efficience du forage, l’industriel utilise des lubrifiants, des détergents. Ainsi que des biocides pour réduire la prolifération bactérienne dans le fluide et le puits. Ce qui représente une quantité d’environ 2500 produits, dont 500 à 600 chimiques. Certains sont de puissants cancérogènes, mutagènes et/ou neurotoxiques.  En outre, 45% de la quantité du liquide injecté dans le sous-sol est remontée en surface. C’est donc des millions de litres d’eau qui restent au fond du puits. Où ils rentreront en contact avec des métaux lourds, des substances radioactives, des chlorures et des sels, à des températures d’environ 200°C. « Un véritable réacteur chimique », selon les termes d’André Picot, éminent toxichimiste.

Quels effets induits ?

On relève quelques graves dégâts inquiétants. En 2008, en Virginie : l’explosion d’une partie d’un gazoduc a endommagé une centaine de maisons dont certaines ont été détruites. La même année, un puits a explosé en Pennsylvanie. En 2010, au Québec, l’Etat a relevé des fuites de gaz sur dix huit sites d’exploitation sur vingt neuf inspectés. Ces fuites provenaient d’un manque d’étanchéité de certains puits et de plusieurs torchères. L’évaporation de substances volatiles depuis les boues de bassins de décantation, a généré des troubles respiratoires et des maux de tête dont souffrent certains voisins. De plus, il a été constaté des pelades et des décès, parmi le bétail des fermes riveraines.     

Les enjeux au plan mondial

Aux USA et au Canada, le gaz de schiste représente une réalité économique et industrielle. Entre 2004 et 2009, grâce au Vice-Président des USA, également PDG d’Halliburton (créateur de la fracturation hydraulique en 1947), cette filière est peu fiscalisée et reçoit des aides  financières. De plus, le sous-sol américain appartient au propriétaire de la parcelle contrairement au droit français qui l’attribue à l’Etat. Aussi les USA qui comptaient 15 000 puits en 2005, en totalisent aujourd’hui 500 000. Ils deviennent le premier producteur mondial de gaz. Le gaz de schiste représentant les 12% de sa production. Cependant, certains Etats, comme l’Arkansas, le Maryland, le New Jersey et l’Etat de New York ont voté un moratoire, en juin 2011, à cause de tous les tremblements de terre (environ 1200) déclenchés par la fissuration du sous-sol. La technique de fracturation a été interdite dans le Vermont. Et dans le Delaware, les projets devant l’utiliser ont été stoppés. Fin 2011, l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA) établit officiellement, pour la première fois, le lien entre les activités d’extraction de gaz de schiste et la contamination de l’eau potable (8 Etats concernés). Actuellement, elle enquête au plan fédéral. Les intervenants du Collectif ont ensuite exposé ce qui se passe dans les autres pays du Monde. Démarrage de l’exploitation en Algérie et en Chine. L’Irlande, l’Autriche, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et l’Espagne s’ouvrent à l’exploration. La Grande-Bretagne, après les tremblements de terre de Blackpool et les faibles estimations des réserves au regard des besoins de la population, ont arrêté les explorations. D’autres Pays ont adopté des moratoires comme la Roumanie, l’Allemagne, …

La situation en France

En France le potentiel du sous-sol est vraisemblablement fondé sur des études demandées par le Ministère de l’Economie des Finances et de l’Industrie. L’IFP Energies Nouvelles, les a réalisées entre 1993 et 2006. Elles couvrent la France métropolitaine ainsi que certains territoires d’Outre-mer. Elles visaient à promouvoir le domaine minier français. Certaines statistiques, notamment américaines, annonçaient plus de 5 000 milliards de m3. Le 5 avril 2012, le PDG de GDF-SUEZ affirmait que la France disposait de 2 500 milliards de m3. On passe du double au simple. Comment prendre au sérieux de telles évaluations ? Qui plus est, lorsque l’on sait quelles sont infondées.

La situation en Languedoc-Roussillon

Cent soixante trois communes de la région sont concernées. C’est-à-dire environ quatre cent mille citoyens. Sur les 111 communes de l’Hérault, dix d’entre elles puisent en partie ou en totalité leur eau de consommation dans la nappe astienne : Cers, Montblanc, Portiragnes, Servian, Sauvian, Sérignan, Valras, Vendres, Vias, et Villeneuve-lès-Béziers. C’est la raison pour laquelle le maire de Vias a réaffirmé, devant l’auditoire, la détermination de tout le conseil municipal de Vias de s’opposer à ce projet. « C’est notre eau de consommation qui est menacée » a-t-il réaffirmé. « Et si elle devait être contaminée, ce serait irréversible », a-t-il ajouté. Chacun des Syndicats Mixtes : Vallée de l’Orb (SMVO), Vallée du Libron (SMVL),  Etudes et Travaux de l’Astien (SMETA), ont voté une motion exigeant l’annulation du permis ‘’Les plaines du Languedoc’’ et la fracturation hydraulique. Une soixantaine de conseils municipaux de communes de l’Hérault ont déjà pris des délibérations et certains maires des arrêtés. En 2011, le Conseil général a voté une motion contre les forages de gaz de schiste.
                                                        
Que peut-on faire ?

L’attitude à adopter était présenté sous la forme de l’acronyme : VIAS. Etre Vigilant à tout passage de gros camions, en l’occurrence les camions sismiques présentés sur un visuel. S’Informer et informer son entourage. Pour les élus : voter des motions, signifier à la société concessionnaire, par arrêté municipal, l’interdiction de sonder sur le territoire communal. Pour les citoyens : signer les pétitions, adhérer au collectif, Agir en participant aux activités qu’il propose, Sauvegarder  l’un des biens les plus précieux : l’eau de consommation. Ensuite, les intervenants ont abordé les arguments des industriels : l’indépendance énergétique, la création d’emplois, la réduction de la facture énergétique, et un procédé ‘’Made in France’’ propre. La Commission européenne dans les rapports qu’elle a publié le 7 septembre, annonce son verdict quant à l’exploitation du gaz de schiste : « C’est sale, pas sûr, non encadré  juridiquement. Et cela ne donnera jamais l’indépendance énergétique au continent ». Concernant les emplois : les USA qui comptent 500 000 puits ont créé, en 8 ans, 200 000 emplois. La France a pris un engagement national à travers les ‘’Grenelle de l’Environnement’’ 1 et 2, en faveur de l’environnement. Avec pour objectif de créer 600 000 emplois verts, d’ici 2020. En outre, elle s’engage dans la transition énergétique (cf.supra). Concernant la réduction de la facture énergétique : les industriels parlent d’un montant de 3 à 5 milliards d’euros. Et en même temps, ils reconnaissent que la quantité des réserves de gaz de schiste reste aujourd’hui inconnue. Par conséquent sur quels paramètres s’appuient-ils pour en déduire ledit montant ? Quant au ‘’made in France’’ propre : Les compagnies qui ont bénéficié des permis de forer en France, sont les mêmes qu’aux USA. Où les pratiques sont connues depuis 1947, et adaptées aux nouvelles technologies depuis les années 1980. Alors, pourquoi ces procédés d’exploration et d’exploitation qualifiés de « modernes » par les industriels, seraient-ils différents en France ?

Conclusion

Les intervenants ont dénoncé la méthode d’approche des politiques en responsabilité de l’Etat. La qualifiant d’anti-démocratique, parce qu’elle prive les citoyens de leur droit de regard et de leur droit d’expression. Rappelant que les permis ont été attribués sans étude d’impact ni de concertation. « Nous voulons choisir plutôt que subir » ont-ils affirmé. « Exerçons nos droits, en criant haut et fort que nous n’en voulons : ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain ». Voilà le slogan qu’ils ont soumis à tous ceux qui souhaitent adhérer à leur mouvement citoyen. Plus les opposants seront nombreux, et plus le France aura de chance d’éviter des cauchemars à la postérité. Laquelle disposera d’une énergie fossile qu’elle pourra exploiter si d’aventure l’évolution des technologies assure une totale maîtrise du procédé industriel, et que les nappes d’eau souterraines sont totalement préservées de toute souillure. Enfin, ils ont adressé un appel aux motivés pour se rendre au grand rassemblement du Sud de la France. Rendez-vous samedi à Saint-Christol-Lès-Alès, à partir de 10 h.
 

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