Faits divers

AGDE - Compte rendu - Conférence ‘’Climat-Environnement-Energie’’ par Christian JOVIADO

A la Maison des savoirs d’Agde, conférence-débat sur le triptyque : ‘’Climat-Environnement-Energie’’ Organisée par le…

A la Maison des savoirs d’Agde, conférence-débat sur le triptyque :

‘’Climat-Environnement-Energie’’


Organisée par le Collectif intercommunal ‘’Gaz de schiste Non Merci !’’, une conférence-débat sur le thème « Climat – Energie – Environnement » a été organisée à la Maison des Savoirs d’Agde le 19 octobre 2012, comme annoncé dans les médias. En préambule aux débats, Jean-Louis Cuq, président honoraire de l’Université Montpellier II, membre de l’Académie des Sciences de Montpellier, a explicité les sujets transcrits ci-dessous.

Le climat et le réchauffement de notre planète

Après une description de la composition de notre atmosphère, Jean-Louis Cuq a mis l’accent sur le rôle majeur que joue la vapeur d’eau dans l’effet de serre. Le réchauffement est un fait. L’impact de l’homme est évident, mais peut-être de moindre importance eu égard au rabâchage médiatique. Au cours des derniers millénaires, notre planète a connu des cycles de glaciation et de réchauffement qui sont, aujourd‘hui, bien identifiés. Les quantités d’énergie mises en jeu sont énormes et loin de celles qui, directement ou non, sont imputables aux activités humaines. Le locuteur a décrit le rôle essentiel du gaz carbonique (CO2) dans la fixation de l’énergie solaire, sous forme chimique (photosynthèse). Ainsi que le rôle mineur des gaz à effet de serre (GES).

Nous sommes des énergivores irresponsables

Jean-Louis Cuq a présenté, sous forme de diagrammes, les échelles de production et de consommation mondiales et françaises des énergies. En effet, c’est d’abord au niveau mondial que doivent être proposées des solutions quant à leur gestion et leur régulation. Lesquelles relèvent de décisions d’ordre politique. La Chine avec ses 1,6 milliard d’habitants, l’Inde avec ses 1,1 milliard, ont une population qui est deux mille fois supérieure à celle de notre région Languedoc-Roussillon. Dans cette optique, ne doit-on pas se poser la question du réalisme et de la pertinence du Schéma Régional du Climat, de l’Air et de l’Energie (SRCAE) dont un des objectifs est de mettre en œuvre la transition énergétique et de préserver la qualité de l’air ? Les émissions en CO2 sont de plus en plus grandes dans ces pays et ce gaz ne connaît pas de frontières…. Nos émissions et consommations sont minimes par rapport à l’ensemble des autres pays. Culpabiliser les citoyens que nous sommes, relève aujourd’hui d’une démarche politique justifiant des taxations plus qu’autre chose. Soyons réalistes. Il n’en reste pas moins vrai que nous sommes des énergivores irresponsables et que notre boulimie ne cesse de croître. Nous ne laisserons rien aux futures générations et dégradons notre planète, qu’il est temps de réparer.

Quelques données significatives sur les énergies

Les énergies à disposition de l’humanité (en Mtep : million de tonnes équivalent pétrole)
En 2008 : Pétrole (3930), Gaz naturel (2770), charbon (2230), Nucléaire (550),     Hydraulique (2600), Eolien (260), Solaire photovoltaïque (35).
Les réserves estimées en énergies fossiles, en 2011, sont de 45 ans pour le pétrole, de 170 ans pour le charbon, de 100 ans pour le gaz et de plus de 100 ans pour l’uranium.
La consommation d’énergie en France atteint les 266 Mtep en 2011. L’électricité représente 111 Mtep, le pétrole 89, le gaz naturel 39, le charbon 11 et les énergies renouvelables 16. Pétrole, gaz et uranium sont importés.
L’électricité, elle, est à 77% issue de nos centrales nucléaires, à 12% de l’hydraulique, à 10% des centrales thermiques au gaz ou au charbon, l’éolien ne représentant que moins de 1%. Cette énergie produite n’est pas stockable.
Parmi les énergies renouvelables, la biomasse représente 8,7 Mtep, l’énergie hydraulique 5,6, les agro-carburants 2,1, les déchets urbains 1,3, l’éolien 0,49, les pompes à chaleur 0,46, le biogaz 0,28, les résidus de récoltes 0,15, la géothermie 0.11, le solaire thermique 0.044, et le solaire photovoltaïque 0,003. 
Toute réflexion quant à l’évolution dans la production et la consommation d’énergie se doit de prendre en compte ces données. Il est clair que dans ce contexte, éolien et photovoltaïque qui n’apportent qu’une très faible contribution, ne peuvent qu’être des énergies complémentaires et non de substitution.
Les ressources potentielles de la France en gaz de schistes sont mal connues. Elles devraient faire l’objet d’évaluation par les organismes d’Etat. Les générations à venir pourraient, avec une technologie adaptée et performante, en bénéficier. Encore mal maîtrisée, leur exploitation par fracturation hydraulique n’est pas envisageable, aujourd’hui, en raison des risques encourus (fuites, eaux pollués,…).

L’énergie éolienne : un vrai business qui coûte cher aux usagers d’EDF

Jean-Louis Cuq a détaillé, de façon synthétique, ce type d’énergie renouvelable. La construction des deux mille éoliennes, en France, a généré deux millions de tonnes de CO2 pour  fabriquer le ciment de leurs fondations. Les fabricants de ces éoliennes (danois, chinois, américains, allemands) proposent des unités terrestres facturées entre 1,3 et 2,4 millions d’euros le MW. L’implantation offshore coûte environ 2,6 à 2,9 millions d’euros par MW. La durée maximale de vie d’une éolienne est de 15 ans et le coût estimé de son démantèlement est supérieur à 500 000 €. Les nouvelles éoliennes de 160 m de haut défigurent les paysages. Les vitesses en bout de pales sont très élevées et génèrent des infrasons aux effets mal connus. EDF achète le kWh 0,085 € (terrestre) et 0,13 (marin). EDF produit son électricité à 0,028 € le kWh. Pour compenser, EDF a mis en place la CSPE (Contribution au service public d’électricité) qui coûte 2,5 milliards d’€ aux usagers. Compte tenu du fait qu’il s’agit d’une source d’énergie liée au bon vouloir d’Eole, des centrales thermiques, de même puissance, doivent être construites pour s’y substituer en cas d’absence de vent, ou s’il souffle trop fort. Le business éolien est très juteux pour la simple raison que tout MWh produit (qu’il soit utilisable ou non) bénéficie d’un certificat vert qui vaut 92 €. S’y ajoutent les 15 € du prix du marché de l’électricité éolienne produite. Il faut comparer cette somme de 107 €/MWh à celle du prix de base (45 €/MWh). C’est le consommateur qui paye ces 92 € par la voie de prélèvement sur sa note d’électricité. Il s’agit donc bien d’une contribution négative au revenu national. Néanmoins, les éoliennes constituent une source d’électricité qu’il faut développer en prenant conscience qu’elles contribuent à enrichir des investisseurs, des politiques, et qui seront, si nous n’y prenons garde, des gouffres financiers pour les citoyens que nous sommes et des verrues dans notre paysage. L’éolien est une source d’électricité de complémentarité, pas de substitution.

L’énergie solaire

« Les chauffe-eau solaires avec échangeurs thermiques (stockage de l’eau chauffée) sont aujourd’hui de très bons systèmes de récupération d’énergie au niveau domestique et à l’échelle de bâtiments », affirme notre éminent scientifique. Il poursuit : « ils permettent le ‘’stockage’’ de l’énergie reçue. Il faudrait les développer au niveau domestique. Réaliser des installations en France relève du possible. Mais voilà, l’état et les investisseurs n’ont plus la mainmise sur cette énergie !

Le photovoltaïque a un rendement de production d’électricité très faible. Les cellules au silicium cristallin sont fabriquées en Extrême Orient (Japon, Chine). 10 m2 fournissent au pic de production : 1 kW. Non stockable, cette électricité est plus de 10 fois plus chère que celle issue des réacteurs nucléaires. La durée de vie des panneaux est mal connue.

La sortie du nucléaire, tôt ou tard

« Le nucléaire pose un problème d’acceptabilité sociale », énonce Jean-Louis Cuq. Il développe les raisons de son assertion : « la production française d’électricité est à presque 80 % d’origine nucléaire, 8 % hydraulique, 3,5 % charbon et 3 % gaz. La biomasse, mal exploitée compte tenu de nos réserves en forêt, ne représente que moins de 2 %. Eolien et solaire sont négligeables. Il y a aujourd’hui sur notre planète, 450 réacteurs qui fournissent 15 % de l’électricité consommée. Il y a eu trois accidents majeurs : Three Mide Island, Tchernobyl et Fukushima. De nombreux petits réacteurs équipent bateaux et sous-marins. Il faut aider nos chercheurs à mettre au point les réacteurs de nouvelle génération qui pourraient utiliser, comme combustible, certains des déchets radioactifs produits aujourd’hui et/ou en stock. La mise en sécurité maximale des installations n’a pas de prix. La fusion pourrait être maîtrisée vers la fin de ce siècle (confinement laser ?) ».
« La sortie du nucléaire se traduira forcément à court et moyen terme par la construction de centrales au charbon ou au gaz (nous deviendrons ainsi dépendants du bon vouloir des importateurs…) », anticipe l’éminent scientifique. « Les centrales thermiques à charbon, à fuel ou à gaz sont les plus classiques et leur construction est aisée. Au niveau mondial ce sont les centrales thermiques à charbon qui génèrent le plus de CO2, aujourd’hui. Ce sont les chinois qui sont les plus gros utilisateurs de ces centrales et qui en construisent le plus ». Et de conclure ce chapitre en exposant la problématique de l’énergie hydraulique et son évolution.

Les « gaspi-énergies »

Selon lui, la voiture électrique est une trouvaille qui n’en est pas une.
En effet, rappelle-t-il, « la ‘’jamais contente’’ a été la première voiture à dépasser le 100 km/h et elle était électrique. Il y a plus de 110 ans !
S’agit-il d’une aberration ? Il faut produire de l’électricité (charbon polluant) que l’on stocke dans des batteries coûteuses au rendement minable, à la durée de vie limitée et contenant des métaux lourds potentiellement très polluants !
Concernant nos piles électriques : le coût de leur électricité est de 300 à 400 fois plus cher que celle produite par le nucléaire ».

Conclusion : que reste-t-il à faire ?

Jean-Louis Cuq termine son exposé par les objectifs qui lui paraissent déterminants si l’on veut laisser un environnement acceptable aux futures générations. Il les présente dans une échelle de temps à court et moyen terme.
Il s’agit aujourd’hui de :
– Valoriser et utiliser au mieux et raisonnablement les énergies renouvelables. C’est-à-dire la biomasse : bois, bioéthanol, hydrocarbures bio-synthétisés, réacteurs microbiens, …
Etre réaliste quant aux besoins et aux potentialités de production des diverses sources.
– Valoriser les énergies hydrauliques « stables » : usines marée-motrices, ….
Singer la nature et réaliser des capteurs comme le sont les feuilles de nos arbres et plantes : travailler sur une photosynthèse maîtrisée.
– capter l’énergie thermique du soleil,
– et, surtout et vite, devenir moins énergivores (industrie, logements, déplacements,…)

Pour demain : utiliser l’énergie du soleil pour produire de l’électricité (photovoltaïque), pour hydrolyser la molécule d’eau et obtenir de l’hydrogène (piles à combustible)

Pour après-demain :
donner les moyens aux chercheurs de maîtriser les énergies du futur (fusion nucléaire, gaz de schistes,…).

Notes personnelles

 La problématique du gaz de schiste a été expliquée aussi bien en réunion publique que dans ces colonnes-ci, sur les marchés, et lors de la fête des associations de Vias et d’Agde, respectivement les 2 et 15 septembre. Je pense qu’il était donc opportun, de mettre en perspective la dynamique écologique annoncée lors de la conférence environnementale organisée les 14 et 15 septembre par le Gouvernement. D’autant qu’un nouvel élan, envers les énergies renouvelables, avait été enclenché en 2007 par le Grenelle de l’Environnement. « Refonder la politique de l’écologie en France et inventer collectivement les conditions d’une croissance nouvelle », en était le leitmotiv.

Le contenu de cette réunion publique, en plein dans l’actualité, traçait en filigrane le passage des énergies de stock (charbon – pétrole – gaz, notamment de schiste) aux énergies de flux (les énergies inépuisables dites renouvelables). Jean-Louis Cuq  a rendu la complexité accessible à tous. Notamment le changement climatique. Un sujet complexe, fréquemment abordé par les médias, sur lequel il était difficile de se forger sa propre opinion. Il nous a permis aussi de faire le tri parmi tous les types d’énergie susceptibles de garnir le bouquet énergétique dès aujourd’hui, demain et après-demain. Je voudrais, au nom du Collectif, le remercier pour sa disponibilité et la simplicité avec laquelle il a abordé tous les sujets de cette conférence-débat de haute facture, ainsi que pour le texte à l’appui duquel j’ai pu mettre en forme le compte rendu que je viens de vous soumettre.   

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