Economie

SOCIETE - L'automobiliste, tiroir caisse de l'Etat !

 Le Gouvernement a décidé de ralentir la circulation à 80 km/h sur les 400…

 

Le Gouvernement a décidé de ralentir la circulation à 80 km/h sur les 400 000 km de routes du réseau secondaire.

La mesure est géographiquement incontestable: c'est sur ces routes, majoritairement départementales, que l'on meure le plus désormais. 

L'automobiliste, tiroir caisse de l'Etat

Mais son homogénéité sur un réseau aussi hétérogène l'a rendue soupçonnable de syndrome du “tiroir-caisse”.

Les sceptiques pointent, à raison, la forte accidentalité due à des infrastructures dangereuses plutôt qu'à des excès de vitesse, notamment dans les intersections.

C'est sans doute pure coïncidence, mais la cote de popularité du couple exécutif a brutalement ralenti, elle aussi, aux lendemains de cette annonce.

Quoique l'on pense au fond de cette mesure, elle est d’autant plus suspecte qu'elle entre en résonance avec des velléités de taxation tous azimuts des automobilistes.

A la montée en puissance de la dépénalisation du stationnement au profit de tarifications municipales délirantes, des nouvelles obligations de contrôle technique, des augmentations mécaniques des taxes sur les carburants, des péages autoroutiers, s'ajoute une débauche d'imagination parafiscale et de propositions visant à encourager les péages urbains, à ressusciter la vignette, à créer des succédanés régionaux d'écotaxe etc..

Ces réflexions ne sont pas illégitimes et le récent rapport du Comité d'Orientation des Infrastructures nous met en garde contre le risque bien réel de réplique routière des négligences d'entretien de notre réseau ferroviaire, faute de financements suffisants.

Les transports doivent payer les transports

Ce qui est plus contestable, c'est le théorème selon lequel ” les transports doivent payer les transports “, qu'il faut traduire par ” la route doit payer les transports” alors quelle est un contributeur fiscal majeur (direct et indirect) et qu'elle effectue de spectaculaires progrès de décarbonations . 

C'est surtout faire peu de cas de la dimension sociale de la mobilité individuelle.

Du fait de l'explosion des prix de l'immobilier, les agglomérations déportent de plus en plus loin de leurs emplois urbains, des populations laborieuses incapables d'en assumer le coût de la vie.

Dans le même temps, le village rural français s'est désintégré.

Habiter dans le monde rural nécessite des déplacements individuels chaotiques et difficilement massifiables, pour accéder au regroupement pédagogique du village voisin, au collège qui est situé dans un autre, à la maison de santé médicale dans un troisième, et enfin au centre commercial et au travail en ville, au prix de bouchons de plus en plus chronophages.

Des populations périurbaines dépendantes de l'auto

Il en résulte que des populations périurbaines de plus en plus nombreuses restent, en l'état actuel des choses, irréductiblement dépendantes de l'automobile pour des trajets quotidiens domicile travail qui s'efforcent de regrouper plusieurs besoins de déplacements domestiques.

Taxer inconsidérément leur accès aux centres villes reviendrait, en Province, à précipiter un grand nombre de ménages dans la détresse sociale, et à dégager des recettes urbaines alors que les besoins de réorganisation des mobilités se situent à leurs périphéries.

Depuis plusieurs décennies, nos politiques de transports constituent les soins palliatifs de la spéculation urbaine et du marché immobilier. Ce sont eux qui devraient logiquement “payer les transports “qu'ils induisent.

A défaut, la solution réside dans un ciblage plus rigoureux de nos capacités d'investissements ferroviaires et routiers en faveur des accès d'agglomération, plutôt que dans un matraquage aveugle des déplacements de première nécessité.

 

 

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