Retour sur le rond-point du cimetière - Libre Expression par Michel SABATERY

Retour sur le rond-point du cimetière

On peut tout imaginer comme nom, pour une place, une rue ou encore un rond-point : nom de fleurs, d'animaux, d'écrivains, de chanteurs, de soldats, de lieux, etc.

Le rond-point proche du cimetière et du terrain de tambourin a été baptisé du nom d'un village des Ardennes où a eu lieu, en 1870, une bataille entre Prussiens et Français ; bataille que ces derniers ont perdue. Chacun sait que les vaincus sont parfois plus méritants que les vainqueurs et il semble que ce soit ici le cas.

Les élus de la troisième municipalité Raluy ont choisi un nom ayant un rapport avec la guerre. Quand je dis « ont choisi », je prends le risque de me tromper. Je sous-entends alors que les élus ont été invités à délibérer avant que monsieur Raluy maire et monsieur Pépin-Bonet premier adjoint ne lancent l'opération. C'est la logique démocratique, c'est ce qu'impose la loi ; le vote d'un conseil municipal doit avoir lieu avant travaux, pas après.

Petit rappel historique :

Durant le premier mandat de monsieur Raluy, le conseil municipal a choisi d'honorer, individuellement, un Bessanais mort au combat. Elu, j'ai fait remarquer que cela impliquait un devoir : celui de faire la même chose avec les autres victimes, pour une question de justice et d'égalité.

Le nom de Léonce Estournet, soldat du contingent tué en Algérie en avril 1957, a été donné à la rue située face au monument de la victoire.

Par la suite, le nom de Louis Tornéro, engagé volontaire en 1944 et tué sur les bords du Rhin en mars 1945, a été attribué à la placette de l'impasse des Mijoulanes. C'est la suite logique de la décision prise sous le premier mandat de monsieur Raluy.

Le nom de Pascal Juana, engagé volontaire dans la guerre d'Indochine et tué en 1947, a été donné à une rue située près de la place Sébastopol. Nous sommes encore dans la suite logique, et c'est très bien.

Réparer une injustice :

La démarche commencée au premier mandat de monsieur Raluy n'a jamais été menée à bout. Pourquoi ne pas avoir continué, dans la mesure où l'occasion vient de se présenter ?

Est-il possible d'arriver au bout de cette entreprise ? Quels sont les Bessanais qui ont laissé leur vie durant des guerres ?

Si l'on s'en tient aux 100 dernières années, nous avons les Bessanais morts pour la France pendant la guerre de 1914-1918. Au nombre de 99, il est bien sûr impossible de les honorer individuellement.

Il en est autrement pour la guerre de 1939-1945 et les guerres qui ont suivi. Cette fois, les morts pour la France se comptent sur les doigts d'une main.

Nous avons Charles Miquel, engagé volontaire dans la compagnie d'aviation Normandie-Niémen basée en Union Soviétique, qui se fit tuer en janvier 1945 après avoir abattu 7 avions allemands.

Nous avons Gaston Rivemalle soldat du contingent tué en mai 1940 dans la poche de Dunkerque, en essayant avec une mitrailleuse d'arrêter les Allemands, pendant que ses camarades embarquaient sur les bateaux anglais.

Je rajouterai Maurice Saudo, civil de 15,5 ans, tué entre Bessan et Vias le 15 août 1944, à la veille du départ des occupants allemands.

Concernant la guerre d'Indochine, nous avons Joseph Navarro, engagé volontaire, tué en 1953.

NB : Un oubli est évidemment possible. A charge du lecteur de compléter s'il le souhaite.

En résumé, 3 Bessanais morts pour la France ont été honorés individuellement, 4 ou 5 ne l'ont pas été. Il me parait donc logique de réparer cette injustice. Il est regrettable que la municipalité Raluy-Pépin n'ait pas saisi l'occasion.