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A l’ombre de la croix de Lorraine (3) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois)

A l’ombre de la croix de Lorraine (3) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois)  Les premiers…

A l’ombre de la croix de Lorraine (3) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois) 


Image 04(1)Les premiers pas des J.R.A. :

Les mois ont passé, Ardouane est déjà loin, novembre 1942, les armées allemandes ont envahi la zone sud, dans toutes nos villes elles défilent au grand dam des patriotes gaullistes. Jean est à Montpellier, il suit avec beaucoup d’attention les efforts de De Lattre de Tassigny, acquis secrètement à De Gaulle

Contrairement à nombre de militaires de l'Armée de Vichy, aux huit généraux commandants de division militaire, et d’autres hommes politiques, De Lattre n'a jamais été décoré de la francisque. Il a été arrêté à Saint-Pons de Thomières, ville où s’illustrera plus tard, le Maquis de Saint-Vincent. Le général de Gaulle lui confiera, le 18 avril 1944, le commandement de l'armée B française, qui au sein de la VIIe armée américaine, participera à la libération de la France, à partir du débarquement en Provence.

Par l’entremise d’une personne sûre, Jean écrit à plusieurs de ses amis à Agde, il leur demande de trouver des armes, de s’organiser face à l’envahisseur. « Dans l’enthousiasme de leurs 18 ou 20 ans Marcel, Michel et les autres ont répondu aussitôt présents …ils vont s’organiser en petits groupes de six, ils ont trois révolvers de petit calibre, ils sont décidés à en trouver d’autres … » Nous sommes encore loin des groupes structurés, mais le groupe des J.R.A. vient de naître, composé de 28 unités, il sera officiellement reconnu le 25 décembre1942. Comme en attesteront François Roger président du Comité de la Résistance et Georges Chollet membre de ce Comité, instituteur public à Agde.

Image 02(1)Ils se retrouvent et se réunissent alors, dans la nuit, dans une petite maison isolée, propriété des parents de l’un d’eux, par sécurité ils ont jugé de ne pas se réunir tous ensemble.
Au risque de se faire prendre, ils ont rédigés et distribués, des tracts. Seuls ceux qui ont participé à semblable distribution en connaissent les dangers, « la distribution se fait à la nuit tombée, bien souvent pendant le couvre-feu. A plusieurs reprises les Allemands ont tiré, par bonheur ils s’en sont sortis sains et saufs ».

Des astuces pour la distribution des tracts :

René se rappelle, à la fin du couvre-feu, nous nous faufilions à la gare et quand les wagons arrivaient, nous faisions semblant de descendre du train. Les

allemands nous donnaient alors des laissez-passer pour aller en ville, nous en profitions pour distribuer des tracts, souvent derrière la patrouille allemande. Les soldats allemands cantonnés dans l’école Notre Dame, au marché place Gambetta, n’ont jamais compris comment les tracts atterrissaient dans leurs poches. C’était grâce à la complicité de soldats allemands qui venaient chez nous pour écouter « Londres » et s’approvisionner en tracts stockés dans notre magasin de vente. On peut trembler après coups des dangers encourus. 

Image 08Mr. Caramel l’ancien propriétaire de la maison de la presse rue Jean-Roger et célèbre distributeur, à travers les rues, du journal l’Agathois leur a procuré nombre de tracts. De temps en temps Mr. Chollet a fourni des bouteilles de champagne; les bouteilles de ce vin étaient à l’époque enrobées d’un fourreau de paille et celles-ci se distinguaient par la présence de tracts glissés entre la bouteille et la paille.

Antoine, agent de liaison pour Agde du mouvement Combat assurait la liaison avec le coiffeur Blanquefort qui procurait aux JRA des journaux clandestins.

Un rendez-vous hautement dangereux

Les JRA ont établi des contacts extérieurs, par l’intermédiaire du Sétois Farré, Jean contacte André Portes membre, avec Jean-Marie Barrat, du Groupe Franc de Combat, dirigé par Maurice Roche. Le rendez-vous est fixé en gare de Sète.
A peine a-t-il mis les pieds sur le quai qu’il entend « va-t’en vite, y a la Gestapo », Jean traverse les voies, se précipite dans un autre train en partance pour Agde. Hélas André Portes qui a été dénoncé ne pourra en faire autant, il sera arrêté, fait prisonnier et déporté.

Image 07(2)Un brin d’émotion 72 ans après :

André Bessière s’étant joint à nous pour œuvrer à notre devoir de Mémoire, quelle ne fut pas notre émotion réciproque quand, évoquant cet épisode, nous avons découvert qu’André Portes a été déporté dans le même convoi que lui. Grande émotion pour lui l’ami, l’historien, l’écrivain, l’ex président du Cercle Austerlitz, le président national de l'Amicale des Déportés Tatoués du 27 avril 1944 d’apprendre les conditions de l’arrestation de son compagnon, conditions qu’il ne connaissait pas, alors qu’il sait tout des souffrances atroces endurées par André Portes.

André BESSIERE est Officier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et de la Médaille du Déporté Résistant. Après avoir été Secrétaire Général de l'Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance de l'Hérault, il s’est retiré à Vias, ville de ses racines et nous apporte désormais, son concours.

Il est passé successivement dans les camps d'Auschwitz, de Buchenwald et de Flossenburg avant d'être envoyé au kommando de Floha en Saxe.

Libéré par les Russes le 7 mai 1945 à Theresienstadt dans les environs de Prague en Tchécoslovaquie, il y a contracté le typhus et ne sera rapatrié que le 23 juin suivant. Après quelques mois de convalescence, il s'engage dans l'armée afin de préparer l'école interarmées de Coëtquidan et cette fois revoit l'Allemagne en vainqueur et en occupant, mais le départ de son régiment pour l'Indochine nécessite une visite médicale qui décèle chez lui un mal contracté en déportation. Réformé définitivement, il retourne à la vie civile en 1948. Reprenant alors ses études, il obtient son diplôme d'Ingénieur en 1950, fonde sa propre entreprise et, dans les années 60, co-participant à d'importants travaux dans le Constantinois il vit jusqu'à son terme les grandes étapes du drame algérien. Retiré des affaires depuis 1983, il se consacre entièrement à la rédaction d'une biographie de groupe.

Image 10(2)Appel à témoin :

Avril 1944, Puylaurens Tarn, un groupe de Jeunes Agathois
Sur cette photo (collection G.Cléophas)

quelques-uns des JRA, Larroque René, Cabos André, Carrausse Louis, Matal Edmond, Larroque Auguste.
Dans le prochain article nous narreront les aventures vécues par ces jeunes, les tentatives de passage de la frontière, les arrestations, les photographies prises à la barbe des occupants, les divers renseignements fournis aux réseaux,

Afin de n’oublier personne et d’enrichir nos archives en vue des actions à venir, nous lançons un appel pressant, à nous aider par leurs témoignages, à tous ceux qui ont partagé les risques des JRA, soit directement soit à travers leurs familles, pères, frères, parents ou amis. Nous adressons le même appel aux jeunes d’alors qui se sont enrôlés dans les effectifs du Maquis Saint Vincent, devenu par la suite la 2ème Cie des FFI de Béziers avant de constituer le 3ème bataillon des Marches de l’Hérault. Le même appel est envoyé aux agathois qui ont vécu en 1944 à Saint-Vincent d’Olargues ou dans ses alentours, à ceux qui ont participé au débarquement en Provence. Nous avons déjà contacté le maire adjoint en charge des associations patriotiques, en vue de l’organisation d’une journée de la MEMOIRE consacrée à tous ceux qui, à l’ombre de la Croix de Lorraine, dans des situations complètement différentes, ont vécu ces temps difficiles. Nous n’oublierons pas, c’est une tradition pour nous, comme nous l’avons fait en 1994, pour le 50ème anniversaire, d’honorer leurs familles pour les soucis, les angoisses, les dangers encourus !

Le président Jules CRUELLS CAPECE MINUTOLO 

 

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