Faits divers

A Bessan : conférence- débat
Non à l’écopôle de la Valasse, alors quoi faire de nos déchets ?

Organisée conjointement par le Collectif intercommunal anti-décharge et le CID 34 (Collectif Inter associatif…

Organisée conjointement par le Collectif intercommunal anti-décharge et le CID 34 (Collectif Inter associatif Déchets de l’Hérault), elle a rassemblé un auditoire composé surtout  d’élus locaux et de candidats aux futures cantonales et municipales. Après le préambule introductif de Gilles Canitrot, Robert Clavijo, responsable du CID 34, s’est exprimé sur les deux sujets. Il a rappelé succinctement les raisons de fond pour lesquelles les deux collectifs ont rejeté le projet d’écopôle de la Valasse (cf. article paru dans Hérault Tribune le 29/12/07). Puis, il a développé la problématique des déchets. Son exposé s’est appuyé sur cinq axes prioritaires.

Le premier axe : la réduction des déchets à la source

En gros, il s’agit de ne plus produire d’objets jetables, ni fabriqués avec des matériaux composites et de réduire le nombre d’emballages. Pari difficile parce que les ménages sont incités à grands renforts de publicité à consommer toujours plus. Remplacer le jetable par le durable c’est l’affaire des industriels mais aussi des consommateurs. Si nous n’en consommons pas, ils n’en produiront plus.

Deuxième axe : la collecte et le traitement des déchets toxiques

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise d’Energie) a élaboré la marque ‘’Retour”. Beaucoup d’industriels proposent de reprendre par exemple les piles, les batteries mortes, les cartouches d’encre usées, etc….En outre, chaque déchèterie accueille ce type de déchet dans une armoire spécifique.

Troisième axe :
Les putrescibles (ou fermentescibles) d’origine animale ou végétale

Il s’agit de les collecter et de les traiter à part car ils peuvent souiller les autres types de déchet. Les fermentescibles sont indésirables, et partout rejetés. Par contre, si on les restitue au sol, ils sont source de bienfait. Il s’agit de réintroduire dans la terre cultivée ses matières premières lesquelles, durablement prélevées, l’appauvrissent inexorablement. Cet enrichissement par les matières organiques est appelé cycle biogéochimique par les scientifiques. Mais savez-vous qui sont les meilleurs laboureurs (plus d’une tonne par ha, ils y creusent en moyenne 5 000 km de galerie), ceux qui aèrent le sol, le transforment en éponge en évitant ainsi l’asphyxie racinaire et les inondations ? Les vers de terre parbleu ! Dans les zones cultivées, la rareté ou l’absence de matière organique à la surface de la terre et l’emploi de pesticides raréfient ou font disparaître les vers de terre. Le sol devient compact, absorbe moins d’eau ce qui aggrave le ruissellement qui emporte l’humus fertile et peut entraîner les inondations catastrophiques que nous connaissons.

Quatrième axe : le recyclage

Nos déchets sont tous de la matière première, de la ressource qu’il faut réutiliser. « Cela demande des efforts de tri et l’on constate un manque d’écocivisme et de motivation. Les brûler c’est les dilapider ! »

Cinquième axe : les déchets restants

Ils sont destinés généralement aux décharges qui ont mauvaise réputation. Celles-ci sont classées en trois catégories. Les décharges de Classe I accueillent les déchets industriels et spéciaux. Ce sont les plus toxiques. Les Classe II où l’on dépose les déchets ménagers et les Classe III ouvertes aux déchets inertes. Ces derniers étant difficiles à définir car au sens strict, ils sont inexistants. Par commodité, ils sont qualifiés ainsi parce qu’ils ne présentent aucun danger pour l’environnement.
 

‘’Torche à plasma”(TAP)

La question a été posée par un participant parce que le projet commun au SMOH (Syndicat Mixte Ouest Hérault) et à la société américaine Solena Group, est toujours d’actualité. En effet, le député-maire d’Agde, Gilles d’Ettore et, notamment, les maires de Vias et de Pézenas, qui en sont les principaux promoteurs, projettent sa future installation dans une des communes de la communauté d’agglo Hérault Méditerranée. D’autres projets, comme le parc à ressources prévu à Pézenas, n’ont pas abouti pour cette raison-là. Ensuite Robert Clavijo a rappelé ce qu’étaient le plasma et la torche à plasma. Le plasma, quatrième état de la matière que l’on trouve dans les étoiles et le milieu interstellaire constitue la majorité de notre Univers (99%). Sur Terre on ne le trouve pas à l’état naturel, mais sous la forme d’un gaz ionisé dont la caractéristique principale est de transformer l’énergie électrique en chaleur. Le procédé ‘’plasma” Birkeland et Eyde a été utilisé, au début du XXème siècle, pour la synthèse des oxydes d’azote. Plus récemment, il a été développé à partir des connaissances sur les TAP, perfectionnées par la NASA. Laquelle recherchait des matériaux capables de résister aux très hautes températures générées par le frottement de l’air, lors du retour des capsules spatiales (ou l’envoi de missiles) dans l’atmosphère terrestre.
Il existe aujourd’hui un grand nombre d’applications industrielles des TAP, à arc transféré dans l’industrie métallurgique et à arc non transféré dans l’industrie mécanique, ainsi que  dans le traitement des déchets toxiques (réfiom, amiante, PCB, PCT). La TAP fait partie d’un système intégré qui comprend un solénoïde entourant deux électrodes tubulaires, refroidies à l’eau et espacées d’1 mm. Dans cet espace, un arc électrique décrit un mouvement magnétique rotatif à des vitesses très élevées (1000 à 3600 tours / seconde). Pendant son fonctionnement, un gaz porteur est injecté entre les électrodes.

L’incinération multiplie le nombre de décharges

L’incinération des déchets relève de la technologie thermique, c’est-à-dire la  combustion de l’ensemble hétérogène des DMA (Déchets Ménagers et Assimilés) composé de plastiques, cartons, papiers, résidus ménagers divers…. Elle déclenche des réactions physico-chimiques inattendues et incontrôlables. Les pires polluants se forment et s’échappent de l’usine. Parmi eux ont été notamment identifiés des dioxines, furanes, phosgène, nitrogène, gaz carbonique, monoxyde de carbone, méthane, éthylène, dioxyde de soufre, … .
En outre, en brûlant, une tonne d’ordures consomme environ six tonnes d’air. Pour désacidifier les fumées, la réglementation exige qu’on les lave avec des solutions d’eau de chaux ou de soude. Air, eau (en grande quantité), chaux et soude souillés par la toxicité des matières nées de la transformation physico-chimique, deviennent à leur tour des déchets plus toxiques que les déchets d’origine. Loin d’éliminer la toxicité des déchets, l’incinération les accentue, augmente leur quantité (7,5 fois plus) et multiplie par huit le nombre de décharges.

Conclusion

Nos ordures n’ont nul besoin d’investissements industriels lourds nécessaires à des projets analogues à l’écopôle de la Valasse ou au pôle poly-filières de traitement et de stockage de déchets de Fabrègues. Il n’existe pour elles aucune usine miracle. A fortiori celle de traitement de déchets multiples ‘’TAP”, proposée par Solena Group dont le procédé industriel n’est rien d’autre que de l’incinération différée (combustion de gaz).
Pourquoi le compostage est-il si peu pratiqué ? Pourquoi n’existe-t-il chez nous aucun parc à ressources ? Pourquoi laisse-t-on ainsi la voie libre à des projets privés, financièrement coûteux et écologiquement contestables ?
Robert Clavijo répond à ces questions en stigmatisant les élus qui refusent de comprendre. Car, selon lui, si la loi et la réglementation étaient respectées, il ne resterait que des inertes et donc plus de décharge de classe II. « C’est parce que ceux qui élaborent les lois ne les respectent pas, que le traitement des déchets coûte aussi cher. Il faut rappeler aux élus quelles sont leurs obligations. Ils doivent encourager l’installation de centres de tri manuel, les plates-formes de compostage et le compostage individuel ». Je rappelle, dit-il « que le développement durable exige le recyclage intégral des déchets, que le sur – emballage nous pourrit la vie et qu’il est temps de revenir au ‘’consignable” ! »

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