Droit

BEZIERS - Intervention auprès du ministre de la justice Jean-Jacques URVOAS par Elie ABOUD Député de l'Hérault

"Monsieur le ministre, Après les déclarations d'un détenu qui comparait la prison au «…

“Monsieur le ministre,

Après les déclarations d'un détenu qui comparait la prison au « Club Med » et suite à ma question posée dans l'hémicycle le 1er mars 2016, j'ai rencontré ce jeudi 17 mars, au centre pénitentiaire de Béziers, les membres du syndicat UFAP-UNSA. Ce fut un moment constructif et intéressant.

Mais je ne vous cacherai pas, Monsieur le ministre, ma préoccupation sur l'état de nos établissements aujourd'hui en France.

A Béziers, les projections venant de l'extérieur alimentent abondamment les trafics de téléphones portables, de produits stupéfiants et anabolisants et, dans certains cas, les trafics d'armes.

A titre d'illustration, ont été retrouvés sur les onze derniers mois : 2174 grammes de résine de cannabis, 2685 euros en numéraire, deux armes de fabrication artisanale, 30 clés USB et puces de téléphone, plusieurs téléphones, de l’ecstasy (à neuf reprises) mais encore de l'alcool, des seringues, etc.
Aussi, près de 30 000 téléphones ont été saisis dans toute la France en 2015. Ces moyens de communication sont de véritables dangers car ils peuvent faciliter des évasions et exposer, ainsi, la propre vie des surveillants.

Ce constat, aussi bien sur le plan local que national, ne peut nous laisser indifférents.

Oui, Monsieur le ministre, je veux être le porte-parole du personnel pénitentiaire de Béziers qui réclame une plus grande visibilité au niveau des engagements annoncés. En effet, vous avez annoncé dernièrement le déblocage d'une enveloppe de 200 000 euros afin de sécuriser d'avantage le glacis autour de l'établissement.

Si votre démarche a pour but de restreindre tout contact avec les détenus, ce seul dispositif ne saurait être suffisant pour autant. Pour plus d'efficacité, il conviendrait de renforcer les patrouilles autour du centre et d'installer un filet anti-projection. D'ailleurs, un problème se posera très certainement pour l'avenir : l'utilisation des drones.

De manière générale, plusieurs éléments peuvent également contribuer à une meilleure sécurité dans nos prisons. Je veux penser, par exemple, au renforcement des moyens humains, au rétablissement des fouilles systématiques, à la vidéo-surveillance dans les parloirs ou bien encore aux scanners corporels, trop peu répandus en France.

Toutefois, j'ai quelques doutes sur l'installation des brouilleurs de téléphones mobiles. Leur efficacité technique contestée, les nuisances provoquées et leur coût, dissuadent l'installation de tels appareils.

De plus, j'aimerais attirer votre attention sur un autre sujet tout aussi important : la radicalisation des détenus en prison. L'administration semble désemparée devant ce phénomène. Les surveillants ne sont pas suffisamment formés et, surtout, les personnes fichées S sont mélangées avec les autres détenus.

En conséquence, les thèses radicales et les doctrines extrémistes se propagent avec une très grande facilité.

Comme le proposaient les membres du syndicat UFAP-UNSA, construire des structures spécifiques – et non de simples quartiers -, serait une bonne solution pour éviter la diffusion de ces thèses dangereuses et néfastes pour notre société.

Enfin, ce sont des sujets qui doivent rassembler au-delà de tout clivage partisan. Et je veux croire, Monsieur le ministre, que votre action s'inscrit dans une démarche d’apaisement et de rassemblement. Suite à notre échange au Palais Bourbon, je vous propose de visiter ensemble le centre pénitentiaire de Béziers et de rencontrer le personnel pénitentiaire.

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le ministre, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.”

Elie ABOUD

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