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BEZIERS - L’Algérie au temps du Front Populaire

Tel était le thème de la conférence organisée ce samedi 29 avril à la…

Tel était le thème de la conférence organisée ce samedi 29 avril à la Bourse du Travail de Béziers par L’Institut d’Histoire Sociale Marcel Caille. Une conférence à laquelle ont participé entre trente et quarante personnes. Elle a été introduite par Dominique Duarte responsable de l’IHS. Sa présentation du sujet et du conférencier, Louis Cardin, a été suivie d’une intervention de Serge Ragazzacci qui a rappelé le contexte dans lequel nous sommes entre les deux tours de l’élection présidentielle dont on connait la conjoncture : une candidate porteuse de tous les risques et un candidat qui n’a rien de rassurant pour les salariés sont en compétition.

Louis Cardin a ensuite abordé la situation en Algérie avant la période dont il se proposait de faire l’étude. La conquête du pays ne s’est pas faite sans résistance de la part des autochtones, depuis l’émir Abdelkader jusqu’à la guerre d’indépendance en passant par la révolte de Mokrani et les événements de Sétif.

La conquête s’accompagne de spoliation, les indigènes sont refoulés dans les zones arides. Deux dispositifs illustrent la logique du colonialisme, le Code de l’Indigénat voté en 1881, qui rappelle le Code Noir du temps de l’esclavagisme et le principe de la Délégation Financière adoptée par la loi du 19 décembre 1900 qui fait que les avances sociales obtenues en métropole peuvent être ignorées en Algérie.

Le prolétariat européen d’Algérie s’organise comme en métropole avec la création des Bourses du Travail. La Première Guerre Mondiale marque le début de l’immigration algérienne de masse cependant que 120 000 hommes sont enrôlés dans l’armée et que 78 000 Algériens sont employés dans le travail à l’arrière.

Lors de la scission de la CGT, en Algérie la CGT-U est majoritaire. Lors du congrès de Tours la majorité des fédérations SFIO d’Algérie choisit la voie dans laquelle s’est engagé le parti communiste. Cette situation sera démantelée par Violette, gouverneur général, proche de la SFIO maintenue.

Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT réformiste, se prononce pour le colonialisme à l’occasion du congrès qui se tient au lendemain de la commémoration du centenaire du débarquement à Sidi-Ferruch et de la prise d’Alger. La question de l’indépendance de l’Algérie ne sera reprise syndicalement qu’à partir de 1954 malgré la réunification de la CGT et de la CGT-U.

En Algérie le colonialisme qui est à fois agricole, industriel et commercial est touché par la crise économique de 1930. Cette crise met en jeu le vignoble qui s’est développé. Elle a pour conséquence la préférence des Algériens, plus mal payés, aux ouvriers agricoles européens, le plus souvent Espagnols, souvent saisonniers.

Les difficultés du monde rural feront revenir des indigènes dans les villes où leur situation est précaire logements insalubres, sans confort, chômage et conditions de travail difficiles quand ils ont un emploi. Devant les actions engagées pour faire engager les revendications les colons s’organisent. On voit se constituer les Croix de Feu qui forment des groupes paramilitaires reprenant des slogans antisémites qui avaient marqué l’Algérie au début du 20ème siècle.

En 1935 arrive le décret Régnier qui complète le Code de l’Indigénat. Il va réprimer toute manifestation hostile à la France. En plus des autochtones il vise également les Européens. Il n’empêche, la réunification de la CGT et de la CGT-U les grèves avec occupation d’usines amèneront comme en métropole à la satisfaction de diverses revendications.

Au plan politique on enregistre la déclaration de Jean Chaintron, alias Jean Barthel retransmise par La Dépêche Algérienne qui est : « la nation française n’est pas la nation du peuple d’Algérie. C’est une nation étrangère au peuple d’Algérie, c’est la nation oppresseuse, c’est la nation de l’impérialisme qui par le fer et par le feu, s’est annexé l’Algérie qui courbe sous l’esclavage la nation algérienne ». Les 17 et 18 octobre 1936 un congrès constitutif transforme officiellement la région algérienne du PCF en Parti Communiste Algérien (PCA).

En Algérie on distinguera deux fronts, le Rassemblement populaire européen et le Congrès Musulman. En janvier 1937 Messali Hadj transforme l’Etoile Nord-Africain, dissoute par le Front Populaire, en Parti du Peuple Algérien (PPA) qui se distingue du républicanisme assimilationniste de Ferrat Abbas et du culturalisme religieux des Oulémas.

Mais le contexte international est ce que l’on sait avec le fascisme qui a gagné l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. Les décret-loi de novembre 1938 suspendent les lois sociales de 1936 et sonnent la défaite du Front Populaire et de ses avancées.

Le reste de la matinée a été consacré à quelques interventions et à des réponses aux questions qui ont été posées cependant qu’un hommage était rendu à Henri Domenech, fondateur du Parti Communiste en Algérie, dont un des fils, qui vit à Béziers, était présent à cette conférence.

Ne restait plus qu’à prendre l’apéritif et passer à table, les organisateurs avaient prévu un repas apprécié qui a permis à chacun d’élargir ses contacts et de poursuivre les échanges.

Jacques Cros                                                                                                                     cros.jacques2@orange.fr

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