Faits divers

SETE - Portrait d’un photographe nomade

Aurélien David, le photographe-nomade fait escale à Sète. Rencontre à la galerie « Passages » où…

Aurélien David, le photographe-nomade fait escale à Sète. Rencontre à la galerie « Passages » où ses tirages « Anthotypes anthropologiques » sont exposés jusqu’au 20 mai.

Derrière de petites lunettes cerclées, le regard se fait tour à tour interrogateur, pétillant, rêveur.

Aurélien raconte. Des études d’anthropologie et puis ce désir de passer d’une activité intellectuelle à quelque chose de plus axé sur la pratique. Une envie d’explorer l’univers, d’établir un lien entre l’image et la connaissance. Il trouve : ce sera la photo. Il sort de l’ICART-Paris diplômé.

Les ethnologues ça voyage en général, ils se montrent même très fiers de leur façon d’appréhender le monde, pas comme le touriste de base, forcément. Voyager, ça le démange Aurélien. Mais pas n’importe comment et sûrement pas juste pour voir du pays. En bateau. Une envie – un temps oubliée – héritée de son enfance et retrouvée au hasard de la redécouverte d’un livre, un ouvrage de Moitessier quand même, ce navigateur-écrivain qui se surnommait lui-même le « vagabond des mers du Sud ». Aurélien se forme à la navigation. Le bateau, il l’a trouvé c’est un Flot 18, un voilier en acier. Toutes ses économies y passent, car côté sponsors, ça ne se bouscule pas. Mais c’est ce bateau qu’il veut. Il l’aura. C’est Heoliañ.

Commence alors sa vie de nomade sur son bateau-laboratoire-maison. De photographe-nomade. Mais pas n’importe quel photographe. Son projet c’est d’abord rencontrer des habitants des côtes de la Méditerranée, ensuite les prendre en photo et enfin développer.  Attention, pas n’importe comment. Le tirage ne se fera pas de façon traditionnelle. Aurélien va utiliser une technique insolite. Celle de John Herschel qui découvre en 1842 les propriétés photosensibles des fleurs et invente un procédé d’impression photographique qu’il nomme « l’anthotype » (du grec « anthos », « fleur »). Si les fleurs permettent l’impression photo, pourquoi pas d’autres éléments naturels ? Aurélien se lance alors dans une étrange cuisine qui finit par porter ses fruits. En août 2016, il part du Havre – la cité du café –, il vient de réaliser le portrait d’un Havrais avec tirage au café. Pour un Breton, il utilisera des algues. Pour un Bordelais, du vin. Et pour un Sétois ? Le jus de la tielle s’imposait. C’est ainsi qu’il associe la photographie à l’imaginaire des villes où il accoste. Des tirages éphémères, comme l’existence humaine.

Il hiverne à Marseille en résidence, le temps de quelques ateliers avec les habitants de la cité phocéenne, de sorties en mer sur l’Heoliañ, d’expérimentation du pouvoir photosensible du pastis – non ce n’est pas une galéjade !

Et le revoici dans l’île singulière pour quelques jours. Avec déjà en tête l’idée de repartir. D’ailleurs, il faut qu’il aille décharger le coffre de la voiture qu’on lui a prêtée : quinze jours d’avitaillement. Car l’Espagne, le Maroc et puis, qui sait, la Grèce un peu plus tard, l’attendent… Un vrai nomade quoi !

Galerie « Passages » 11, rue Paul-Valéry, 34200 Sète

Site de l’artiste :  http://aureliendavidphoto.com/

Jocelyne Fonlupt-Kilic

Crédit photo : Serge Tribouillois.

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