Economie

HERAULT - Les centres villes se meurent, des maires essayent de trouver des solutions...

C’est une réalité que personne ne peut plus ignorer désormais : les villes moyennes…

C’est une réalité que personne ne peut plus ignorer désormais : les villes moyennes vont mal. Entre fermeture des commerces, départ des plus riches et élus locaux fatalistes, les centres villes des communes françaises sont à l’agonie.  

A quoi est dû ce phénomène ? Peut on y remédier ?  La rédaction d'hérault tribune a creusé le sujet en mettant le focus sur nos villes héraultaises, plus précisément Agde et Béziers. 

En octobre, une rencontre entre la CCI, le maire d'Agde Gilles D'Ettore et les commerçants du centre ville de cette commune fixait les débats.

 

Fermeture des commerces de proximité

Le constat est clair. Dans l'Hérault, seule Montpellier, métropole régionale se porte bien. Il en est tout autre pour les centres villes des communes petites et moyennes qui souffrent terriblement. Le premier symptôme de leur maladie réside dans la fermeture des commerces qui, chaque année, prend davantage d’ampleur. Ce phénomène des vitrines vides saute aux yeux partout, que l’on se balade dans le centre de Béziers ou d'Agde par exemple. 

Logements vacants

Le nombre de logements vides est un autre symptôme : les villes moyennes présentent un taux de logements vacants dépassant nettement les 10 %, résultat du départ des familles qui en ont les moyens vers la périphérie et ses maisons individuelles. C’est un paradoxe, alors qu’on nous répète en boucle que la France manque de 500 000 logements neufs par an.

Paupérisation de la population

Le troisième symptôme, c’est l’appauvrissement de ces villes : elles sont devenues plus pauvres que leur environnement immédiat. Enfin, on constate la disparition de commerces de base – boucherie, boulangerie, équipement de la maison – au profit d’enseignes de tatouage, de vapotage, d’achat d’or, de ventes éphémères… Le commerce du superflu a envahi les villes moyennes, le commerce de l’essentiel tend, lui, à disparaître.

A qui la faute ?

Une foule de coupables est désignée : l’e-commerce, les loyers commerciaux trop élevés, la crise, les grandes enseignes qui ont du stock et cassent les prix. Ces facteurs ont bien un impact mais cela reste un impact limité sur d’autres. Internet ne nuit pas aux boulangeries. Pourtant, ces dernières ferment et le phénomène n'est pas ressenti de la même manière chez nos voisins européens.

La situation chez nos voisins européens

Ailleurs en Europe, Les villes moyennes allemandes ou italiennes continuent à afficher une belle santé. « L’Allemagne et l’Italie ont un rapport à la ville qui n’est pas le même que le nôtre, indique Olivier Razemon. Ce sont deux pays plus urbanisés, dont les villes ont une histoire ancienne et une identité forte, contrairement à nos sous-préfectures françaises, désignées comme telles par la simple volonté de l’Etat. Le nombre élevé de communes françaises a aussi favorisé la multiplication des implantations commerciales : chaque maire a voulu son supermarché. »

Une étude réalisée en juillet 2012 par le cabinet Procos montrait qu’en France, « 62% du chiffre d’affaires du commerce se réalise en périphérie, contre 25% en centre-ville et 13% dans les quartiers. En Allemagne, selon le même document, les proportions sont les suivantes : 33% en périphérie, 33% en centre-ville et 33% dans les quartiers. Les différences observées dans les deux pays reflètent exactement la situation des villes. Vivantes et animées en Allemagne, elles sont en déclin et désolées en France. »

Une Fatalité française ?

Sans être totalement une fatalité, force est de constater que la situation en France risque fort de s’aggraver. Faute de places disponibles, seulement 10% des projets commerciaux en cours verront le jour en ville et donc 90% en périphérie…

Alors, certains élus sont fatalistes. D'autres se démènent pour trouver des solutions. 

 

A chacun sa solution

Le Parti communiste, par exemple, propose de taxer les parkings des hypermarchés pour limiter le développement des grandes surfaces. “Une telle taxe, assise sur les surfaces de stationnements des entreprises tertiaires et des commerces de plus de 2 500 m², n’est peut être pas une utopie. Elle existe déjà en Ile-de-France et contribue à financer les transports publics. Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer de limiter le recours au travail le dimanche aux seuls commerces de proximité et de le bannir, à l’inverse, dans les zones commerciales de périphérie” indique Olivier Razemon, auteur de “comment la France a tué ses villes”. 

Une piétonisation des centres villes 

Toujours selon lui, “Il est aujourd’hui indispensable de refaire de la ville un espace public où il est simple et agréable de se déplacer à pied. Remettre la voiture partout dans les villes moyennes n’est pas la solution. Les quelques villes qui l’ont fait juste après les dernières élections – en remettant du stationnement sur des places jusque-là piétonnes par exemple –  en reviennent. C’est au niveau de la qualité urbaine que cela peut se jouer : des trottoirs larges, des éléments identitaires… c’est dans un travail de détails et de couture minutieux que les urbanistes ont un grand rôle à jouer. »

Les commerçants ont effectivement peur de perdre des clients si on les empêche de venir faire leurs achats en voiture. C’est un réflexe normal mais qui repose sur un constat inexact. Ils pensent que les clients achètent plus lorsqu’ils sont motorisés parce qu’ils peuvent remplir leur coffre pour tout transporter. Or contrairement à cette idée reçue, les piétons et les cyclistes consomment davantage que les automobilistes. Certes, ils transportent un volume de course moins important et achètent donc moins de marchandises à chaque visite. Mais leur rayon d’action étant plus limité, ils reviennent plus souvent ! 

Une prise de conscience individuelle, collective et politique.

Si tous les Héraultais décidaient d’aller dans les commerces de proximité plutôt que d’aller faire leurs courses uniquement au centre commercial, cela aurait un réel impact positif. La qualité de vie, c’est aussi de pouvoir aller acheter son pain à pied…

Politiquement, une prise de conscience doit s'opérer, les autorisations pour continuer à construire la ville en dehors de la ville ne sont plus automatiques. A Béziers, L'implantation promise d'un Leroy Merlin a finalement reçu un avis défavorable par la CNAC, la commission nationale d'aménagement commercial. Par la suite, le maire Robert Ménard a également refusé l'implation de l'enseigne Orchestra en périphérie sans investissement de la marque en centre ville. L'affaire avait fait grand bruit. Et sa décision parfois incomprise.  Olivier Razemon abonde pourtant dans son sens : 

Il faut arrêter de croire que la création d’une activité économique crée des emplois nets. C’est sur la base de cet argument de l’emploi que les élus acceptent la construction de centres commerciaux. Or, si des emplois sont bien créés, davantage encore sont détruits dans les centres-villes ! Continuer à construire en périphérie des commerces soi-disant situés « au cœur de l’agglomération », mais uniquement accessibles en voiture, c’est une facilité et pas un choix judicieux” indique l'auteur du livre.

Outre le fait de stopper la construction de nouvelles zones commerciales, il faut également empêcher le déménagement en périphérie des activités de services (cinéma, laboratoire d’analyses médicales…) et mettre sur pied des stratégies globales qui conjuguent la préemption des pas de porte, la taxation des locaux commerciaux vides, la rénovation de l’habitat.   

Sur Béziers, l'implantation d'une grande roue sera un des nouveaux atouts de la municipalité pour dynamiser le centre ville. La ville a reçu recemment le Prix du projet immobilier et de la rénovation du patrimoine urbain.

Sur Agde,  certains commerçants ont manifesté récemment leur désarroi lors d'une réunion avec la CCI et le maire face à cette situation. 

Gilles d'Ettore : ” Je serai au rendez-vous” 

Dans la vidéo ci-jointe, le maire Gilles D'Ettore rappèle les actions d'ores et déjà réalisées ou engagées sur la circulation et l'aménagement de promenades pour attirer davantage les riverains dans le centre-ville: implantation de l'école de musique et de la maison des savoirs en centre ville, requalification de l'espace Capelier, création d'un espace de spectacle, les actions municipales ne manquent pour tenter d'inverser la vapeur.

Les métiers d'art

Pour relancer l'activité, la commune mise également sur les métiers d'art. “On essaye d'installer entre trois et cinq nouveaux créateurs par an dans des locaux que l'on rachète ou que l'on loue à des propriétaires privés”, explique l'élu.  Un reportage de France 3 était récemment consacré à ce sujet.

Un NPNRU ( Nouveau Plan National de Rénovation Urbaine)  est également engagé en lien avec l'Etat. Il devrait susciter des investissements privés, tant sur Agde que sur Béziers.

 

Alors comment sauver nos villes ?

Maheureusement, cette étude montre qu'il n'existe aucune solution miracle mais une chose est sûre, il faut redonner envie aux habitants de se déplacer dans le centre ville en proposant un espace public de qualité, en donnant la priorité aux déplacements piétons, en développant les alternatives à la voiture… Beaucoup de choses peuvent être faites.

 

 

 

 

 

 

 

 

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