Faits divers

Agde : 2009, l’année du bœuf !

L'Association "Lou Capian de Thau" mène depuis 4 ans une action de sauvegarde et…

L’Association “Lou Capian de Thau” mène depuis 4 ans une action de sauvegarde et de restauration des derniers «  pointus » (petites embarcations de pêche) connus à ce jour autour de Balaruc les bains, sur l’étang de Thau .
En 2008, l’association a acquit le « Dauphin », une Tartane, bateau de pêche à voile latine dite au  « bœuf » de nos côtes du Languedoc et que nous avons rebaptisé de son nom de naissance « Espérance ».

Voici son histoire :

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Ce bateau a été construit à Agde sur le chantier VIDAL en 1880 et mis à l’eau le 8 Mars 1881.Un poids estimé à 20 tonnes, 14 tonneaux, long de 15m, large de 4,70m avec une antenne de 24m et un boute-hors de 7m, il était propulsé par 140m2 de voile. Nous retiendrons que ces bateaux étaient construits à l’époque pour travailler 15 ans et considérés comme “finis”, étaient revendus.
Le chêne dont on l’a gratifié a été planté au cours du 14e Siècle en plein Haut Moyen Age et fin de la Période Romane sous François 1er.

Pendant 11 ans, ses apports ont fait vivre une famille Agathoise les MALAVAL, Joseph, Victor et Hubert qui avec Severt Malaval possédaient trois bateaux bœufs : l’ “Espérance”, le “Providence” et l’ “Indépendant”, tous trois construits à Agde entre 1880 et 1883. Le  Providence  était « la conserve » de l’Espérance.

 En 1892 il est vendu et arrive à CETTE pour le compte de Benoît ESTENTO et Pasquale COLLOZO  qui le garderons 8 ans et le rebaptiserons “DAUPHIN”.

En 1901 il est racheté par un autre COLLOZO, probablement Diogène qui le gardera jusqu’en 1938 soit 37 ans. Belle carrière, à sa vente, il a déjà 57 ans !

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 En 1938 il fut vendu au chantier naval de Sète : SCOTTO ET REPETTO qui l’on probablement motorisé tout en conservant le mât mais en supprimant l’antenne, le boute-hors et bien sur, les voiles. Il continuera la pêche jusqu’en 1944, date à laquelle nous retrouvons des témoignages photos (cartes postales) dans le port de Séte. Le Dauphin a 63 ans !

En 1944, il fût cédé à la société de travaux maritimes PRIORE-BORNIOL-GABAUDAY-BARTHES, des plongeurs, qui l’amènerons à Nice où il fera du déminage, coque en bois oblige et ravitaillera l’escadre Américaine au large de Villefranche.  Ils le garderont 1 ans.

En 1945, il passe aux mains de Mr PASTOR, il semble qu’il soit antiquaire sur Nice et qui le conservera jusqu’en 1957 soit 12 ans.

 De 1957 à 1959, il est la propriété de Mr JUMELIN, radiologue et plongeur, grand amateur d’épaves et amis des CHEREZY et PASTOU avitailleurs sur Cannes et Villefranche.              Il a 78 ans !

En 1959, il passe aux mains de Mr BOISSY, plongeur professionnel qui travaille sur tout le littoral avec comme partenaire Mr BRICH alors Champion de France de plongée libre. BOISSY décédé, BRISH trouve un autre associé Mr CAPIEN.
Nous retrouverons des traces de ses passages à Cannes et Monaco avec quelques témoignages écrits et filmés notamment en 1965 où il servit aux recherches d’une épave romaine dans le port de Monaco et de bateau de secours pour la sécurité du film “Grand Prix” de John Frankenheimer avec Yves Montand, James Garner et Françoise Hardy dont ce sera la première apparition à l’écran. Son immatriculation à ce moment est : MC 1731 ( Monaco).

En 1978, après ces 21 années aux mains de plongeurs professionnels et amateurs, il fût revendu à un architecte Parisien, Mr ROUX, qui le conservera 2 ans.

En 1980, son nouveau patron Mr ADAMIAK, le laissera sans entretien pendant 1 an avant de le revendre à un groupe de 3 amis Strasbourgeois Mrs BAADE, HAJEK et KOCHER qui le ramèneront par les canaux jusqu’à Strasbourg pour le restaurer et le modifier de 1981 à 1987. Il changera de numéros en devenant : NI 457065 (Nice). Il a alors 100 ans !
C’est lors de ces travaux qu’ils feront examiner une pièce de bois prélevée sur le squelette afin de pouvoir dater la structure. La dendrochronologie est le nom de cet examen qui leur a permis de situer l’époque où le bois de ce navire à été planté. (cité au début du récit.)

En 1987 ce bateau transformé en yacht de plaisance avec roof et cabine  rejoindra Canet en Roussillon, il naviguera au grès des vacances jusqu’en 2000 et restera à quai où nous l’avons retrouvé et acheté en Octobre 2008.

Aujourd’hui, âgé de 128 ans, il est probablement le plus vieux bateau de travail des côtes de France connu à ce jour !

Nous venons de lui redonner son nom de baptême et son quartier maritime : ESPERANCE 1881, ST 457065 et il attend patiemment d’être ramené sur Sète ou Agde pour être mis en “chantier” à moins qu’il puisse être refait à Canet, seuls les fonds obtenus en décideront car nous n’avons aucuns moyens pour faire ces gros travaux à Balaruc les bains. Notre association, ayant pour but de lui redonner son aspect d’origine, ne bénéficie que d’un petit hangar prêté par un artisan local et qui ne lui permette que de travailler sur une embarcation à la fois et de 6m maximum.

 Les habitants du littoral et en particulier les Sétois, sont  très attachés à leur patrimoine maritime, entre 1880 et 1920, on recensait 76 bateaux bœufs dans le port de Cette, aujourd’hui, il semblerait que l’ESPERANCE 1881 soit le dernier de cette lignée.

Au terme de sa restauration à l’identique ou presque, ce bateau participera à diverses manifestations  (rassemblements de bateaux de travail, Fête des Vieux Gréements, fêtes des ports etc.).

Il a été classé en 2007 : BIP, (bateau d’intérêt patrimonial) et à ce titre est reconnu par la Fondation du Patrimoine qui héberge la Fondation du Patrimoine Maritime et fluvial à l’origine de ce classement ce qui lui vaut l’exonération des dons qui pourront nous être versés.

Dans un souci de contribuer de manière très active à la promotion de notre région, le bateau permettra aussi une découverte des techniques de pêche, de la navigation sous voile latine, du travail des charpentiers de marine et de leurs impacts sur le développement de nos régions lors de tous ces déplacements.

Un magnifique article de Mr Bernard Vigne est à découvrir ou redécouvrir dans le n° 89 du “Chasse Marée” de Juin 1995 : “Les bateaux bœufs de Sète”.

Avec l’aide de tous, ce projet est en passe de réussir. Devenez membre bienfaiteur en versant un don. Vous permettrez de doter l’association d’un budget de fonctionnement afin de faire face à la restauration de l’Espérance 1881 et aux dépenses de place de port et de maintien en état, ce qui représente plusieurs milliers d’euros par an.
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                                                                 Le Président Fondateur de l’association Lou Capian deThau,
                                Vice Président de la Fédération du Patrimoine Maritime Méditerranéen,
                                                                                                                     http://www.fpmm.fr
                                                                                                                                        
                                                                                                        Pierre-Emmanuel Peltier


christine.guilbon@aliceadsl.fr

http://loucapiandethau.over-blog.com

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