Faits divers

MONTPELLIER - Les occupants d’une ZAD expulsés par la gendarmerie

Ils l’avaient baptisé la Maison de l’Écologie et des Résistances. Les occupants de cette…

Ils l’avaient baptisé la Maison de l’Écologie et des Résistances. Les occupants de cette nouvelle ZAD (Zone À Défendre), située à Combaillaux sur le tracé du LIEN (Liaison Intercantonale d’Évitement Nord), ont été délogés aux aurores ce jeudi 22 octobre. Venus de diverses associations environnementales, tels que Greenpeace, Extinction Rébellion, ou encore des militants du collectif SOS Oulala, ces citoyens engagés, accompagnés par quelques riverains de Saint-Gély du Fesc ou de Grabels ont été sommés d’évacuer les lieux. Une intervention jugée illégale par leur avocat qui estime qu’aucun mandat d’expulsion n’est en possession des forces de l’ordre. Pourtant, des tractopelles seraient déjà sur place afin de procéder à la destruction de cette maison. 

Un courrier a été adressé au Préfet de l’Hérault au début de ce mois d’octobre par l’association SOS Oulala afin de demander l’arrêt du chantier sur le motif de «neuf espèces animales protégées, dont quatre particulièrement rares y ont été découvertes». Dominique, Directeur Général Adjoint au département de l'Hérault, estime pourtant que «Pendant un an, nous avons fait réaliser l’étude de terrain faune-flore. C’est une procédure assez lourde. Les spécialistes ont fait l’inventaire. Les espèces pointées par les associations, nous les avons relevées. En compensation, l’état nous oblige à trouver 160 hectares. Nous en avons acheté 340, notamment du côté de Saint-Georges-d’Orques. C’est bien au-dessus de ce qui est strictement demandé. Nous sommes dans la légalité. On considère que l’on a fait le job. D’ailleurs la qualité du dossier a été saluée par le Conseil National de Protection de la Nature, en général plutôt avare en matière de compliments». 

Le mouvement «Nous Sommes» a annoncé son soutien à la ZAD, mais a indiqué qu’il n’y participerait pas et qu’il n’est pas non plus impliqué dans son occupation. Malgré tout, le mouvement dénonce le LIEN comme un projet anachronique, “un aspirateur à voitures” qui repoussera toujours plus loin la périurbanisation de la ville. “On sait que ce ne sont pas que les 50 hectares de la route qui seront bétonnés, mais de 400 à 500 hectares autour du projet détruits par effet rebond. Avec l’alignement des planètes socialistes entre ville, métropole, département et région, on est parti pour du bitume et du béton. C’est le même logiciel depuis les années 80 : on construit des routes, on urbanise, alors qu’on démarre la décennie de la dernière chance. Il y a une déconnexion complète entre les enjeux globaux et la médiocrité de ce qui nous est proposé pour la ville de Montpellier.”

Du côté du collectif SOS Oulala, on trouve «ce projet complètement obsolète» et « faisant la promotion de la voiture individuelle». Les militants dénoncent notamment une périurbanisation, une déforestation de masse avant un écoulement de bitume et de béton. Pour eux, «on plante quinze arbres par-ci pendant qu’on en déracine quinze mille par-là, le tout sous d’intenses efforts de greenwashing». 

Pourtant, le regard du département se porte loin. «Nous avons notre déclaration d’utilité publique. Donc nous avançons”. Mais ils ne sont tout de même pas tout à fait d’accord avec les arguments avancés par les militants. À titre d’exemple, environ 4 000 arbres sont plantés sur la déviation de Montagnac, ainsi que 2 600 arbres et 6 700 arbustes sur la déviation d’Aniane. Sur les routes, les équipes du département plantent plus de 16 000 arbres le long des déviations, sur les aires de covoiturage. L’opération 8 000 arbres par an avait d’ailleurs été annoncée en septembre 2019 par Kléber Mesquida, le Président du département. Il assurait l’achat et la livraison des arbres tandis que les communes ont à charge la plantation. Le coût total de l’opération était estimé à 600 000 €. 

Clothilde Ollier, Conseillère Municipale et Métropolitaine à Montpellier, rappelle que la France a été condamnée par la cour de justice européenne en octobre 2019 pour le taux de pollution de l’air anormalement élevé pour douze de ses agglomérations, dont celle de Montpellier. «Rien n’a été fait depuis. Est-ce qu’on ne devrait pas avoir des politiques responsables et qui disent qu’il faut prendre des décisions fortes même si non-consensuelles ? Lutter contre les autoroutes en fait partie».

La création du dernier tronçon côté ouest de ce vaste projet, à savoir la section raccordant la RD 986 à l’autoroute A750, a pour objectif de relier l’A750 à l’autoroute A9, ce qui permettrait entre autre de :

– désenclaver l’arrière-pays au moyen de liaisons routières durables efficaces, 
– dynamiser ce territoire, en le rendant plus accessible et donc plus attractif sur le plan économique, 
– faciliter les accès aux équipements touristiques, aux espaces naturels et de loisirs, 
– fluidifier et diffuser le trafic routier, en diminuant les temps de trajets, 
– s’inscrire dans l’organisation des déplacements de l’aire urbaine, en facilitant le développement des transports en communs et les rabattements intermodaux, 
– résoudre les problèmes de sécurité routière et de saturation des pénétrantes urbaines de Montpellier.

Selon le département, le projet devrait être mis à la disposition des automobilistes en 2025 voir 2026. 

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