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SERIGNAN - Article Lecture à Haute Voix "17 règles de la vie de bureau" de Gilles Moraton

 « 17 règles de la vie de bureau » par Gilles MoratonLecture : vendredi 15 juin à…

 « 17 règles de la vie de bureau » par Gilles Moraton

Lecture : vendredi 15 juin à 18h30. Public adulte. Entrée libre

 

Extrait : « Enlevez un employé de bureau au bureau, que se passerait-il ? Rien. Cet employé de bureau n'existerait pas, cela ne changerait rien. Rien au bureau, rien à l'organisation, et rien au monde en général, règle douze, la non-existence soudaine d'un employé de bureau n'est pas de nature à remettre en cause l'existence du bureau. Pas la mort, on ne dit pas la mort, la non-existence, il y a une nuance 

17 règles de la vie de bureau (conférence internationale) » est un texte étonnant et absurde en forme de monologue. Un employé de bureau ordinaire tient une conférence internationale. C’est sa parole et son chaos intérieur qui le révèlent au monde. Le langage de Gilles Moraton, son lexique, son style, son débit constituent une expérience profonde. Le décalage, la dérision nous convient à une forme exquise de sensibilité. Nous sourions, nous grinçons, nous ressentons, tandis que surgit la vérité ! Vérité qui fuit, qui interroge, qui fait des pieds de nez, des moulinets… Et pendant ce temps, on glisse dans l’opacité poisseuse de la difficulté d’exister. Le monde du travail en constituerait-il l’univers exemplaire ?

 

Gilles Moraton est né en 1958, il est bibliothécaire à la Médiathèque André Malraux de Béziers. A partir de 1990 il a commencé à publier des nouvelles dans diverses revues (Nouv

elles nouvelles, Noir et blanc, Décharge/polder etc.). En 1995, la rencontre avec Christian Molinier des Editions de l’Anabase déclenche la publication de deux romans, Le magasin des choses probables et La promiscuité des vaches est mauvaise pour la santé des jeunes filles. Ecrit avec Fabrice Combes Trois heures trente à feu vif a été publié en 2002 par les éditions Gallimard. En tuant Richard et Le monde par les couilles ont été publiés aux éditions Elytis en 2012 et 2013. Enfin la nouvelle, Pleurez sur moi a été publiée aux Verbieuses en 2015. Il a également écrit pour le théâtre et, imperturbable, poursuit les errances de son esprit libre dans l’écriture en ligne de son « Inventaire du monde ».

 

« Dix-sept règles de la vie de bureau (conférence internationale) » sera lu par l’auteur le vendredi 15 juin 2018, à 18h30 à la médiathèque Samuel Beckett.

 

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Quelques Questions à Gilles Moraton                                                                                                                                                                         

 Quel plaisir ouvre le texte quand tu écris ?

Le plaisir de l'absurde avant tout. Pour moi c'est une forme littéraire majeure, et qui dit parfaitement le malaise d'être au monde, les grandeurs et misères de la condition humaine. Mais aussi bien sûr la liberté. Sous ce qui apparaît comme une contrainte, l'écriture est un espace de liberté extraordinaire.

 

Quel rapport entretiens-tu avec tes personnages ? Te sens-tu déchargé de leur destin ou plutôt complice ?

Le mot destin laisse supposer une volonté supérieure qui guiderait la vie, ce en quoi je ne crois pas. Mais pour les personnages, c'est différent, c'est moi qui suis aux commandes, et cela dépend des textes. A priori c'est de la complicité. Déchargé non, pas du tout, quand on crée un personnage, on a une sorte de responsabilité envers lui, on ne peut pas lui faire faire n'importe quoi.

 

Le personnage de Dix-sept règles de la vie de bureau est victime de la « règle », en même temps qu’il en suppose et représente la critique. Ses voix se dédoublent (voix intérieure / orateur – juge / jugé) et nous perdent dans les brouillards de son néant. Brouilles-tu les pistes avec une espièglerie d’enfant ? Une amertume de fataliste (« à quoi bon …) ? Une grande esthétique du vide ? Ou bien … ? 

Il y a un peu de tout cela (sauf le fatalisme, que je ne connais pas). J'aime beaucoup ton expression « esthétique du vide », parce que la règle, les règles, ont pour objectif de permettre le vivre ensemble, mais la surcharge de règles, le moment où la règle prend le pas sur le sens, eh bien, elle sert à masquer le vide, oui, et à cela il faut trouver une forme d'esthétique pour s'en sortir la tête haute. Pour moi ce personnage surmonte (essaie de surmonter) cette forme de vacuité (mais il sont aussi plusieurs dans sa tête).

 

Dans ta vie actuelle, te sens-tu plutôt révolté, distancié, détaché, amusé, ou dans une forme d’acceptation (éventuellement en cause de désespoir) ?

Révolté. Depuis toujours. Comment ne pas l'être face à ce monde ? C'est un des moteurs de l'écriture, même si je ne fais pas une littérature particulièrement sociale.

 

Tu sembles apprécier les fragments littéraires, la forme brève, marginale. Pourquoi ? Quelle portée (ou pouvoir) leur donnes-tu dans ton œuvre ? Dans la littérature ?

Oui et en même temps je travaille à un long roman en ce moment… Mais c'est vrai, la forme brève est une forme de prédilection pour moi. Je ne leur donne aucun pouvoir particulier, il y a des choses qui s'expriment brièvement et qui en ont d'autant plus d'impact sur le lecteur. C'est aussi une façon de faire surgir le poétique où on ne l'attend pas.

 

Ecrire l’insignifiant (raconter à partir du quotidien, du fait divers) peut -t-il avoir, entre autres, la fonction de décomplexer, se défouler ?

Non, la littérature n'est pas un défouloir, c'est une chose sérieuse qui ne doit pas se prendre au sérieux. Et pour la décomplexion c'est sur le divan du psy que ça se passe, sinon, ça donne une littérature nombriliste et médiocre.

 

L’absurde te permet-il l’emploi d’un langage qui se détache des règles littéraires ?

Il n'y a pas de règles littéraires. Il n'y en a pas. Si on n'a pas la liberté d'écrire ce qu'on veut, ce n'est pas la peine d'écrire. Ce qui crée l'absurde, c'est le décalage entre le réel et la position d'un personnage dans ce réel.

Ce n'est pas ce qu'il y a de plus facile à faire mais quand ça fonctionne c'est formidablement jouissif. Tout ça pour dire que le genre de l'absurde n'a pas un langage qui lui serait propre, et c'est bien parce qu'on use de la langue ordinaire que se crée le décalage.

 

On sent chez toi une pensée constamment en mouvement, libre et vagabonde dans les marges, les parenthèses, les distorsions, etc. Sachant que tout langage est une organisation, et que chaque homme est prisonnier de son langage, ne t’arrive-t-il jamais de te sentir englué dans ton écriture ?

Ah non ! Certainement pas. C'est très simple, si un texte m'ennuie ou ne trouve pas son fonctionnement interne, je l'arrête aussitôt. Ecrire c'est aussi en quelque sorte inventer sa langue au fur et à mesure de l'écriture. Le matériau est là, les mots, il faut les faire siens. Je vais citer Reverdy, tiens, ça fera chic : « si les mots sont à tout le monde, vous êtes tenu d'en faire ce que personne n'en fait ».

C'est clair non ?

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