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AGDE - AMCA : portrait du peintre-décorateur Jesus Guillen Bertolin 

Association pour la Mémoire du Camp d’Agde « Ils sont passés par le Camp » Nous poursuivons notre…

Association pour la Mémoire du Camp d’Agde

 

« Ils sont passés par le Camp »

 

Nous poursuivons notre série « Ils sont passés par le camp » avec un portrait du peintre-décorateur Jesus Guillen Bertolin 

 

Jesús Guillén Bertolín, dit Guillembert, artiste peintre-décorateur

Né le 31 octobre 1913 à Montán (province de Castellón), Jesús Guillén Bertolín, plus connu sous le pseudonyme de « Guillembert », étudie à l’École industrielle puis pendant six ans à l’École des Beaux Arts de Barcelone, où il suit les cours de peinture et de décoration.

Au début des années 1930, il commence à illustrer de ses dessins des revues libertaires, comme Guerra a la guerra et Solidaridad obrera. En 1931, il adhère à la Confédération Nationale du Travail (CNT), organisation anarcho-syndicaliste fondée à Barcelone en 1910, et à la Fédération ibérique des Jeunesses Libertaires (FIJL), mouvement de jeunesse de la CNT. Il participe assidument à l’Ateneu llibertari de la plaça de la Concòrdia à Barcelone.

Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936, il intègre le comité révolutionnaire du quartier de Les Corts dont il est nommé secrétaire en 1937. Après les événements de mai 1937, il part pour le front de l’Aragon au sein de la 26e division (anciennement colonne Durruti) aux côtés d’Eleuterio Blasco Ferrer et de Helios Gomez. Blessé à Monteoscuro, il est soigné dans un hôpital de Barcelone, puis il intègre le front de Madrid dans la 28e division. Après un périple qui le mène de Villajoyosa (Alicante) à Barcelone par Valence, il franchit non sans mal la frontière française et est interné dans le camp d’Agde jusqu’en août 1939.

Il fait les vendanges à Quarante, puis il est à nouveau interné dans le camp de Saint-Cyprien. Fin 1940, il va à Marseille avec la ferme conviction qu’il pourra s’embarquer pour le Mexique. Dans la cité phocéenne, il participe à une exposition dont il remporte le premier prix. Comme il n’a pas réussi à s’embarquer pour le Mexique, il choisit d’aller à Bram, où il coopère à la réorganisation clandestine de la CNT dans l’Aude, dont il assume le secrétariat et prête main-forte à la résistance contre l’occupant nazi.

À la Libération, il est nommé secrétaire de la Régionale n°1 qui comprend les cinq départements du Languedoc-Roussillon, dont le siège est à Montpellier. Fin 1946, il se lie à Sara Berenguer, militante anarcho-syndicaliste et féministe née à Barcelone. Ils s’installent à Béziers, Jesús Guillén Bertolín travaille comme peintre décorateur et illustre de ses dessins nombre de titres de la presse libertaire, tels Ruta (Barcelone), organe des Jeunesses Libertaires catalanes, et Solidaridad. Il n’oublie pas ses compagnons qui poursuivent la lutte clandestine contre le régime franquiste et leur procure des faux papiers. Pour ces agissements illicites, il est arrêté en 1963. Deux ans après, il assiste au congrès de la CNT à Montpellier et sera exclu de la CNT, en compagnie de sa compagne Sara Berenguer. Cette décision ne les empêchera pas cependant de poursuivre leur militantisme en intégrant les Grupos de Presencia Confederal y Libertaria, liés au journal Frente Libertario. Il fait même partie en 1973 de leur secrétariat, aux côtés d’Acracio Ruiz, qui s’était installé à Montpellier. À Béziers, il intègre la CGT française et il déploie une grande activité au sein de la Colonie espagnole, dont il est le secrétaire de 1982 à 1983. Avec son épouse, ils monteront une exposition pour le cinquantenaire du début de la révolution espagnole, au sein de la Colonie espagnole de Béziers.

Jesús Guillén Bertolín a témoigné dans le film Un autre futur  [1997], de Richard Prost. 

Parmi ses réalisations, citons l’illustration de plusieurs couvertures d’ouvrages et de brochures (F. Alaiz, Victor Garcia [Antología del anarcosindicalismo], S. Faure, Gori, etc…). On lui doit aussi les bandeaux et les illustrations des journaux Ruta, Boletín interno FIJL, CNT, Solidaridad obrera, Mujeres libres. Il collabora également à Ruta (Caracas), Tribuna confederal y libertaria, Mujeres libres (Londres et Montady, 1972) et Frente libertario.

Il est décédé le 20 août 1999 à Montady, près de Béziers. Il était le frère de la militante anarcho-féministe Conchita Guillén. La maison des Guillén à Montady était devenue le lieu de rendez-vous des anarchistes. C’est dans cette maison qu’a été tourné en grande partie le film De toda la vida (Lisa Berger et Carol Mazer, 1986, 55 mn), avec Pepita Carpeña, Dolores Prat, Suceso Portales, Federica Montseny, Mercedes Comaposada et Conxa Pérez. Il s’agit d’un documentaire, modèle de féminisme révolutionnaire,  sur  « Mujeres libres » qui raconte, à travers des entretiens, leur participation à la guerre civile et leur lutte quotidienne en tant qu’anarchistes et femmes, dans la guerre et la révolution.

 

Illustrations :

 José Guillen (à droite sur la photo) et deux de ses camarades membres de la C.N.T.

José Guillen et sa femme Sara Berenguer

 

Nous reprendrons après l’été notre évocation des personnalités qui sont passées par le Camp d’Agde  et  vous donnons donc rendez-vous en septembre.

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