Droit

De la censure au révisionnisme .. par Didier Denestebe

Dans notre enfance lorsque nous revêtions nos blouses d'écoliers pour partir en classe nous…

Dans notre enfance lorsque nous revêtions nos blouses d'écoliers pour partir en classe nous éprouvions une certaine fierté et nos instituteurs nous enseignaient le goût de l'apprentissage de l'écriture et celui de la lecture.

« Un livre c'est sacré ! » disaient ils ! Ces livres n'en avaient que plus de valeur à nos yeux et servaient même à plusieurs générations d'élèves, qui, d'une année à l'autre, se transmettaient le témoin du savoir.
Il ne serait jamais venu à l'idée d'aucun de nos camarades d'endommager un livre quel qu'il soit. Le livre était symbole de culture et objet de la connaissance.
Au tableau noir de cette école de la République, chaque matin était inscrite une valeur morale liée au respect d'autrui.
Endommager un livre, ou encore en déchirer une page n'était pas envisageable, et quiconque s'y serait risqué aurait été sévèrement puni.

Comme les temps changent !

Les faits que je vous relate ici contredisent toutes les valeurs morales qui nous étaient jusqu'ici enseignées.
En notre ville d'Agde, des consignes ont été données par les instances municipales afin d'arracher la page d'un livre…
Oh pas n'importe quel livre …et pas n'importe quelle page !

Il s'agit de la page d'un ouvrage de fort belle facture ( voir l'ouvrage ) vendu 150 Frs en 1998, qui présentait l'exposition de la “Gloire d'Alexandrie” effectuée par notre Ville.
Les responsables municipaux ont eu l'excellente idée de décider de distribuer le stock résiduel aux écoliers de la Ville à titre éducatif.

La démarche éducative est louable et l'on ne pourrait qu'y adhérer si elle n'était corrélativement assortie d'une censure aussi inacceptable que puérile.

Quelle est donc cette page si honteuse qu'il a fallu l'arracher ?

C'est celle de l'éditorial écrit par l'ancien Maire d'Agde, Régis Passerieux. ( Voir )
La lecture de cet éditorial entièrement consacré à l'exposition ne laisse entrevoir aucune promotion personnelle ou politique du Maire de l'époque.
Dois-je préciser que j'aurais réagi strictement de la même manière s'il s'était agi d'une toute autre signature.
D'ailleurs pour faire d'une pierre deux coups le verso de cette page supprime également les remerciements de la conservatrice du Musée à tous les participants à l'exposition agrémentés d'une traduction en langue arabe. ( voir )

Si déchirer les pages d'un livre est un sacrilège, donner l'ordre aux administratifs municipaux de le réaliser en abusant de je ne sais quel pouvoir, est une infamie du même acabit.

Alors aussi anodin que cela paraisse, ce type de comportement est à dénoncer.

Quelle que soit notre histoire, quel que soit notre passé, vouloir l'occulter ne serait ce que par omission c'est déjà faire montre d'une forme de révisionnisme.

A quoi riment ces règlements de compte avec l'ancien Maire ?
Pourquoi ne pas débaptiser le boulevard François Mitterrand aujourd'hui et demain peut être en cas de changement de municipalité l'Avenue du Général De Gaulle ?

Avons-nous décidé d'effacer toutes les traces de nos prédécesseurs, comme cela se faisait dans l'Égypte ancienne pour certains pharaons dont on martelait l'effigie ?

L'histoire doit-elle cacher l'existence des dynasties municipales parce qu'un nouveau pharaon a pris la place du précédent ?

A moins que notre maire ne se prenne pour un maître d'école qui déchirait les pages de nos cahiers pour travaux non conformes au programme ?
Mais de quel programme ?

Jamais un instituteur digne de ce nom ne fera déchirer les pages d'un livre.
Je ne porterai pas de jugement sur l'exposition elle-même, ce n'est pas ici le propos.

Que l'on oppose le coût à la notoriété, la munificence à la frugalité, et que l'on disserte sur l'opportunité de cette réalisation cela reste du domaine politique.
Mais cette réaction est puérile – et j'emploie le mot puéril à dessein – afin de ne pas imaginer que cet acte soit révélateur d'autres méthodes plus calculées.

Cette réaction révèle avant tout le peu de prise en compte de notre programme culturel qui a, certes, à rougir par rapport à ceux de nos Maires précédents que ce soit Pierre Leroy-Beaulieu ou Régis Passerieux.

Arracher les pages d'un livre pour en faire disparaitre le nom de son auteur est un acte irrespectueux et grave, car c'est par ce genre d'acte que la censure et la dictature du mépris s'installent.

Je me souviens de ces morales et ces dictons inscrits sur le tableau noir de mon enfance et particulièrement celle de Montesquieu : ” Nier le passé, c'est nier son avenir “.

Aujourd'hui on appelle cela le révisionnisme.

Didier Denestebe
Pour le Parti Agathois

Mail: denestebe@wanadoo.fr
Tel : 06 09 52 62 72


 

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