Faits divers

Centrale d’enrobage Brault ZAC de Mercorent à Béziers : Trois lacunes du dossier

            Une enquête publique se déroule actuellement et jusqu’au 26…

            Une enquête publique se déroule actuellement et jusqu’au 26 mai à Béziers, Boujan, Corneilhan et Lieuran.

Objet de cette enquête: Construction d’une usine (dite centrale d’enrobage) qui fabriquera à haute température des matériaux à base de bitume. En raison de ses émissions dangereuses (poussières fines, CO, gaz acides, COV, aldéhydes, cétones, HAP, etc) ce type d’usine est classé pour la protection de l’environnement.

Vous trouverez ci-joint les observations que nous avons adressées au commissaire-enquêteur sur ce projet industriel  dangereux pour la santé humaine, pour les entreprises voisines et pour l’agriculture. L’INAO, par souci de protéger la viticulture, est opposé au projet.

Il est encore temps d’intervenir pour éviter le pire et nous espérons que les élus et les citoyens  joindront leurs efforts aux nôtres. 

Robert CLAVIJO  tél: 04 67 76 28 56


ENQUETE  PUBLIQUE

Centrale d’enrobage Brault  ZAC de Mercorent à Béziers


Trois lacunes du dossier

1- Parmi les déchets de la future installation figurent les boues du séparateur d’hydrocarbures et les enrobés défectueux. Que deviendront ces déchets ? Seront-ils recyclés ? Où ? Comment ? Par qui ?  Et s’ils sont irrécupérables, dans quelle décharge seront-ils enfouis ? Comme ce ne sont pas des déchets inertes ils ne peuvent être accueillis en décharge de classe 3. Comme ce ne sont pas non plus des déchets banals de type ménager ils ne peuvent être enfouis en décharge de classe 2. Il est indispensable que l’entreprise BRAULT indique ce qu’elle fera de ces déchets dangereux et très problématiques.

2- Les enrobés produits par la future installation seront composés de granulats, de bitume et d’additifs. Or nulle part dans le dossier n’est indiquée la nature chimique de ces additifs ni leur impact sur l’environnement. C’est la 2ème lacune du dossier.

3- Quels seront les effets pour la santé des émanations d’hydrocarbures issues des cuves de bitume et du tambour-sécheur ? « Les informations précises sur les types de substances émises et sur leur niveau de concentration sont très rares » avoue l’étude d’impact (3.7.6) Il est très regrettable qu’on n’ait pas fait davantage d’études sur les effets pour la santé des vapeurs de bitume chauffé (150 à 200 degrés), alors que de telles émanations sont émises sur tout le territoire chaque fois qu’on fait ou qu’on refait une rue ou une route. Il ne s’agit  pas d’un petit problème marginal limité à un coin perdu de l’hexagone.

« En l’absence de valeur guide ou de référence pour les fumées de bitume, utilisable pour évaluer le risque couru par la population, l’étude d’impact n’a utilisé que les données disponibles pour les HAP » avouent les auteurs du dossier. C’est la 3ème lacune de l’étude d’impact, particulièrement choquante : on construit une installation industrielle qu’on sait dangereuse puisqu’elle est reconnue comme installation classée pour la protection de l’environnement tout en avouant qu’on ne sait pas quel effet elle aura pour la santé publique. C’est un projet d’apprenti sorcier.

Nuisances et dangers pour le voisinage

Nous tenons ensuite à souligner que la future installation ne manquera pas de nuire aux entreprises voisines, notamment à l’Unité de Valorisation des Ordures Ménagères (UVOM) et plus généralement aux activités vitivinicoles environnantes. La ZAC de Mercorent n’est donc pas le site adéquat pour une centrale d’enrobage.

L’étude d’impact reconnaît que les fumées de la future installation contiendront :

– Des gaz acides (NOx, SOx) facteurs entre autres de pluies acides. Rien ne sera fait pour empêcher ou limiter ces émissions.

– Du C02 gaz à effet de serre. Rien n’est prévu pour combattre cette émission.

– Du monoxyde de carbone qui peut provoquer troubles cardiaques, troubles neurologiques et même troubles génitaux. Le CO est le produit caractéristique des combustions incomplètes. On peut donc l’éviter mais rien n’est prévu pour limiter cette émission.

– Des cétones, des aldéhydes, des composés organiques volatils c-à-d des hydrocarbures gazeux, et même des HAP (hydrocarbures aromatiqes polycycliques) dont beaucoup sont classés cancérogènes par l’OMS (organisation mondiale de la santé). Aucune mesure n’est prévue pour combattre ces émissions.

Les travailleurs de la centrale d’enrobage auront à leur disposition des masques (7.2). On comprend pourquoi à la lecture de ce qui précède. Mais les salariés des autres entreprises de la ZAC de Mercorent, eux, ne porteront pas de masque et seront pendant des années exposés aux émissions dangereuses de la centrale d’enrobage. C’est inadmissible.

Enfin le tambour-sécheur de l’installation émettra des poussières chaudes en grande quantité. Une partie seulement de ces poussières sera retenue par un filtre. Le reste c-à-d les particules les plus fines (1,32 kg/heure) traversera le filtre et entraîné en altitude par les gaz très chauds issus du tambour-sécheur se répandra autour de l’installation et retombera dans un large rayon autour de la centrale d’enrobage. 1,32 kg de poussières à l’heure peut sembler négligeable. En réalité c’est plus de 13 kg par jour si la centrale fonctionne de 7 à 17 h et bien plus si elle fonctionne aussi la nuit. Or l’étude d’impact reconnaît que les particules, quand leur diamètre est inférieur à 10 micromètres, pénètrent dans l’organisme humain et sont alors « toxiques ».

Impact sur l’agriculture

L’INAO (institut national des appellations d’origine et de la qualité) consulté dans le cadre de l’enquête publique, observe que 2 caves de vinification particulières se trouvent à moins d’un km de la future centrale d’enrobage, que l’aire AOC du Languedoc est à moins de 900 mètres,  que les aires viticoles « Pays d’Hérault » et « Coteaux du Libron » sont à proximité immédiate. Or  les fumées d’hydrocarbures émises par l’installation d’enrobage sont susceptibles d’adhérer à la pruine des grains de raisin, dégradant la qualité du vin. La viticulture, en crise profonde actuellement, ne peut s’accommoder de cette nouvelle nuisance. C’est pourquoi l’INAO s’oppose au projet de centrale d’enrobage.

L’UVOM (Unité de valorisation des ordures ménagères) limitrophe de la future installation, produit du compost, une sorte d’humus  destiné à fertiliser les terres cultivées. Les fumées d’hydrocarbures provenant de la centrale d’enrobage ne pourront que dégrader la qualité du compost de l’UVOM qui fermente et mûrit à l’air libre pendant plusieurs mois et qui recevra pendant cette longue période les retombées délétères de la centrale voisine. Ce gâchis n’est pas acceptable.

Conclusion

En conclusion nous demandons :

1- Que soient comblées les 3 lacunes, ci-dessus signalées, de l’étude d’impact

2- Que soient supprimées ou réduites les émanations de la centrale, délétères pour l’environnement et la santé publique. 

3- Que la centrale d’enrobage soit implantée ailleurs.  Trop de fautes ont été commises dans l’élaboration du POS/PLU communal. Au Capiscol, par exemple, on a autorisé la cohabitation d’entreprises très dangereuses classées Seveso seuil haut avec des logements, des commerces et autres entreprises inoffensives. Ces dernières sont désormais légalement condamnées par le plan de prévention des risques technologiques à ne pouvoir ni embaucher ni se développer afin de limiter le nombre des personnes et des bâtiments exposés aux risques industriels. Sans tenir compte de cette expérience désastreuse,  on s’apprête à refaire dans la ZAC de Mercorent les fautes déjà commises au Capiscol. Quand va-t-on cesser de disséminer les installations dangereuses et de multiplier ainsi les victimes au lieu de regrouper les installations à risque dans une seule zone dédiée et isolée ? 

Argument ultime : si la centrale d’enrobage s’implante ZAC de Mercorent, quelle autre entreprise désireuse de s’installer à Béziers acceptera de voisiner avec la centrale d’enrobage ?  En y autorisant n’importe quelle implantation, on condamne la zone de Mercorent, après celle du Capiscol,  à végéter au détriment de l’emploi, du développement économique et des revenus fiscaux de la commune.

 

Pour le comité biterrois du MNLE  Robert CLAVIJO

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.