A la découverte des grangeots des vignes par Francis Delmas
Qui se soucie de ces vieilles cabanes de pierre perdues au milieu des vignes…
Qui se soucie de ces vieilles cabanes de pierre perdues au milieu des vignes ? Les grangeots font pourtant partie de l’identité bessanaise. Ces constructions modestes, parfois minuscules, ont joué un rôle fondamental dans le développement du vignoble.
En effet, servant d’abri au travailleur voire parfois même de logement temporaire, elles ont été construites loin du village, permettant au cheval de se mettre à l’abri ou de stocker le fourrage. Parfois équipées d’une cheminée, il était possible d’y faire du feu pour se réchauffer en hiver ou encore de réchauffer le repas de midi. Bon nombre de ces cabanes sont encore visibles.
Elles incarnent un temps ancien bien qu’elles aient perdu peu à peu leur utilité. Très rares sont celles qui n’ont d’ailleurs pas été abandonnées. Elles sont toutefois des points de repère dans le paysage de notre plaine ou de nos garrigues. Si on les enlevait, les vignes n’auraient plus le même attrait… A l’origine, elles permettaient au propriétaire de ranger quelques outils et de s’abriter lorsqu’il faisait une pause ou par mauvais temps. Mais la mécanisation, le remplacement du cheval par le tracteur, les trajets plus rapides entre la maison et la vigne grâce aux véhicules, ont rendu ces constructions moins utiles, d’où cet abandon progressif.
Il est difficile de dire à quelle date ces constructions ont été réalisées, car on ne trouve nulle trace d’elles sur l’ancien cadastre ou dans les actes notariés. Le mouvement de construction aurait commencé avant l’arrivée du phylloxéra pour se poursuivre jusqu’à la grande guerre. Plus de 95 grangeots ont été recensés sur le territoire de Bessan, allant du simple abri d’environ 5 m² comportant trois murs et un toit, jusqu’à la grangette de 50 m² avec son portail pour le passage de la charrette, en passant par la maisonnette à un étage servant d’habitation.
La plus forte concentration, près de 31 %, se trouve dans la plaine des Mègeries Nouvelles (les Arens, le Lévrier), viennent ensuite les Garrigues à l’ouest du territoire (22 %), la plaine du Nord-Est bordant l’Hérault, le Moulin, la Chaussée (18 %), les Mègeries Hautes (17 %) et le Causse et les Monts (13 %). Véritables éléments du patrimoine rural local, certains artistes locaux, tel Yvon Brunet, les ont même croqués sur leurs toiles…