AGDE - Alexandre LARREY : Augmenter le Capital Social de notre ville
Dès que l’on parle de capital social, la première perception de capital social que…
Dès que l’on parle de capital social, la première perception de capital social que l’on a, c’est le capital social des entreprises, c’est-à-dire : celui des actionnaires. Là-dessus, il y a une ambiguïté qu’il faut tout de suite lever : le capital social dont je vais vous parler, n’est pas celui-là !
Celui que je vais évoquer est plutôt le capital humain ou le capital relationnel. C’est ce qui fait que nous nous mettons en mouvement dans l’échange social, parce que nous sommes portés par des désirs d’être, pour nous-mêmes et pour les autres, à partir de nos propres ressources personnelles. Ce sont donc : nos émotions, nos envies, nos besoins, notre héritage culturel, nos projets d’avenir (…), c’est tout cela qui fait que nous nous mettons en mouvement.
Le capital social au sens où je crois qu’il est utile, et intéressant à utiliser, en tout cas pour les projets que nous proposerons aux Agathois; est l’ensemble des ressources qu’une société met à disposition du collectif, pour que les citoyens inventent, créent, fabriquent eux mêmes. Pourquoi faire ? Pour coopérer entre eux, dans la construction d’un bien commun, d’un nouveau bien d’utilité collective.
Il y a, à mon sens, deux niveaux de ressources que nous avons tous et que nous pouvons utiliser pour mener les projets collaboratifs que je vous présenterai dans les prochains mois.
Les réseaux de chacun
Nous avons tous plusieurs réseaux, il y a ceux qui nous entourent : les réseaux hérités, les réseaux familiaux, les réseaux professionnels, les réseaux communautaires de toute sorte ; toute une série de réseaux existent. Sans compter, les réseaux auxquels on adhère : les réseaux de syndicats, de partis, d’associations sportives ou culturelles… Mais aussi les réseaux que l’on crée par l’opportunité qui nous est donnée, par exemple : les réseaux de voisinage : on habite un certain lieu et l’on va nouer des relations avec ses voisins, puis les réseaux en milieu urbain, ou nous gens croisons aux mêmes endroits et finissons par nous connaître et par pouvoir échanger entre nous.
Ces réseaux sont d’une richesse inestimable, nous devons apprendre à les utiliser.
L’interaction
Ce deuxième niveau de ressources, c’est ce que l’on fait circuler dans les tuyaux. On a la tuyauterie (les réseaux cités précédemment), on a une infrastructure de transport (la relation que l’on construit ou que l’on entretient les uns aux les autres), et on a surtout la l’échange (la communication), c’est le moteur de cette circulation.
Pour pouvoir circuler dans des réseaux de coopération, de communication interindividuelle, il faut pouvoir se parler et se comprendre, que les mots désignent les mêmes choses, qu’il n’y ait pas de malentendu. Pour qu’il y ait effectivement capacité de coopération, il faut que l’on puisse se parler en se comprenant. Deuxième chose, et c’est une des plus importante : il faut que l’on est un certain nombre de valeurs et de normes de comportement qui soient également partagées. Parmi ces valeurs, la première valeur fondamentale, c’est la capacité de faire confiance à autrui. Si l’on peut faire confiance, on va coopérer ; si l’on croit que l’on ne peut pas faire confiance, on va plutôt se protéger de l’intrusion d’autrui dans son espace personnel. Donc le degré de confiance est quelque chose que l’on apprend par son entourage, mais que l’on construit également tout au long de sa vie ou que parfois l’on déconstruit.
Et puis il faut un certain nombre de normes de comportement que l’on partage qui vont de la façon dont on passe une porte (est-ce que l’on retient la porte ou est-ce qu’on la laisse aller dans la figure de la personne qui nous suit ?) jusqu’à, une manière plus profonde, de l’idée de réciprocité.
La réciprocité est quelque chose qui relève de l’interindividuel, c’est l’idée que lorsque je donne quelque chose, ce n’est pas la personne à qui je le donne qui va me le rendre, ce n’est pas le lieu où je l’ai donné où il me sera rendu et ce n’est pas le moment où je l’ai donné où je le retrouverai en retour. C’est l’idée tout simplement que dans l’échange social, quelque part, quelqu’un à un moment donné me rendra ce que j’ai donné.
Et cette idée d’une réciprocité élargie, est ce qui permet dans des réseaux de coopération fondés sur la confiance d’avoir effectivement (et j’y reviendrais dessus, c’est très important) des échanges où l’on ne calcule pas exactement ce que l’on a reçu en échange de ce que l’on a donné pour obtenir un jeu à somme égale. Il y a l’idée finalement, que je recevrai toujours plus que je n’ai donné et que chaque joueur dans cet échange recevra plus qu’il n’a donné. C’est-à-dire que nous sommes dans un système de jeu à somme positive.
Alors, si l’on est à peu près d’accord sur ce positionnement de définition de la réciprocité, je me permettrais de donner quelques éléments de comment fonctionne le Capital Social.
Le fonctionnement du Capital Social
Premièrement, je crois que le capital social s’use que si l’on ne s’en sert pas. En revanche, quand on s’en sert, il s’améliore, il se bonifie. Plus on mobilise le capital social dans l’échange, plus on améliore le stock de capital social.
Deuxième idée, pour bien comprendre comment cela fonctionne, c’est l’idée que pour qu’on se serve de cette ressource que l’on appelle Capital Social, qu’il faut que cela serve à quelque chose, il faut que cela produise du résultat, que cela produise une utilité reconnue comme pertinente par tous ceux qui vont être partie prenante du réseau de coopération. Il s’agit donc de bien rechercher quelle est la pertinence du capital social mobilisé pour tous ceux qui sont mis en connexion ; chacun ayant naturellement, de façon parfaitement légitime, des objectifs et des finalités différents.
C’est donc une construction d’un espace commun où chacun va non seulement retrouver sa mise, ce qu’il a au départ mis en jeu, mais plus que ce qu’il a mis en jeu.
Alors, quand on réfléchit à ce fameux bien commun, cette fameuse zone d’utilité sociale partagée, il ne faut pas en avoir une vision angélique où il y aurait le bien commun qui serait au-dessus du bien de tout le monde et où chacun sacrifierait son intérêt particulier au profit d’un intérêt collectif.
Le bien commun qui fonctionne, c’est un bien commun où chacun s’y retrouve. On ne coopère pas simplement parce que c’est bien de coopérer. On coopère parce que cela nous est aussi utile.
Donc pour terminer ma présentation de cette deuxième idée, je crois que pour qu’on s’en serve il faut que le capital social serve à quelque chose pour chacun de ceux qui s’en servent.
Troisième idée, le capital social et ses utilités collectives où chaque coopérant, chaque personne qui coopère, retrouve plus qu’il n’a mis au pot commun, provoque la mise en mouvement du capital social dans sa production d’une valeur nouvelle, et notamment d’une valeur économique. Et donc, j’en arrive au troisième temps de mon explication qui concerne effectivement cette relation entre capital social et finances solidaires.
En évidence, une plus forte cohésion sociale est nécessaire pour augmenter notre capital social, c’est une amélioration des nos liens sociaux, une amélioration de note climat social, c’est la capacité à vivre ensemble dans le respect mutuel.
Mais, ce qui est, je crois, le plus pertinent pour nous, c’est que cette valeur de cohésion sociale, d’entente, de compréhension mutuelle, de capacité à la coopération va produire une valeur ajoutée de type économique pour nous citoyens Agathois.
Les échange et les transactions, entre différents producteurs de produits ou de services, peut être fondée sur deux fonctionnements differents :
Soit elle est fondée sur la contrainte, c’est-à-dire que vous avez des règles d’organisation des échanges. Il y en a toujours, il en faut beaucoup et vous avez des systèmes de contrôle et donc vous avez des coûts induits de gestion des transactions par des intermédiaires qui produisent un bien économique.
Soit vous avez aussi tout simplement cette fameuse confiance : je le connais, je fais partie d’un réseau d’interconnaissance mutuelle et je peux faire confiance. Et chaque fois que l’on peut faire confiance, on économise sur les coûts de gestion des transactions et de contrôle de la régularité des transactions. Alors, ou bien l’on a des contrôles de type bureaucratique, ou bien l’on a des types des relations de confiance, et puisqu’on a des normes et des valeurs partagées, ce n’est pas la peine d’avoir des systèmes de contrôle parce que d’une certaine façon, ce qu’on appelle le contrôle social de la communauté d’appartenance est beaucoup plus puissant que le contrôle administratif, bureaucratique ou réglementaire. Et donc le capital social mobilisé dans l’échange économique permet de faire des économies sur les coûts de transaction. Ces coûts de transaction appliqués par les intermédiaires grèvent toute transaction économique.
De plus, et je m’arrêterais là pour le moment, il y a une deuxième valeur économique tout à fait importante :
Dès lors que l’on est dans le champ des échanges complètement prédéterminés par des règles, des contraintes, des systèmes normalisés, la nature des échanges économiques, le champ des échanges économiques, la nature des produits possibles de la transaction, est limitée.
Dès lors que l’on est sur la base de la confiance, on peut se permettre d’oser, imaginer d’autres productions, d’autres types de valeurs, d’autres types de bénéfices et donc on est dans un système qui élargit le champ des possibles, dans le champ de la production de valeur économique.
Donc deuxième avantage tout à fait considérable, c’est qu’on peut aller beaucoup plus loin, que l’on peut prendre beaucoup plus de risques lorsque l’on mobilise du Capital Social qu’autrement.
Je crois que ces deux atouts très, très particuliers (je vous l’accorde) en terme d’utilité économique du capital social sont essentiels pour le développement de nouveaux modes participatifs. Alors bien évidemment, lorsque l’on parle de finance solidaire, vous constaterez qu’il est absolument évident que le Capital Social mobilisé par la finance solidaire permet ces deux énormes avantages : faire des économies considérables sur les coûts de gestion des transactions et élargir le champ des possibles en matière de création de valeur.
Vous l’aurez compris, c’est parce que je crois que l’individualisme ne sert que ceux qui le défende, que je vous propose de rejoindre votre projet citoyen, celui d’ Agde En Commun, celui de l’entreprenariat et de la solidarité.