AGDE - AVEC LES AMIS D’AGDE et L’AMICALE GAULLISTE D’OCCITANIE à l’ombre de la Croix de Lorraine (6)
En priorité : Avant de clore cet article, je voudrais remercier tous ceux de…
En priorité :
Avant de clore cet article, je voudrais remercier tous ceux de nos lecteurs, qui nous ont adressé leurs encouragements, à ceux qui nous ont apporté des précisions, nous évitant certaines erreurs. A ceux enfin qui nous ont permis d’écrire ce dernier volet où il apparaît que le monde est bien petit, puisque, à partir d’Agde, nous nous retrouvons encore à Agde après plusieurs périples complètement différents.
Dans nos précédents récits, rendant hommage à nos Amis, nous avons vécu leurs prouesses. Depuis Saint-Pierre et Miquelon, en 1941 sur l’Aconit, nous avons traversé la bataille de l’Atlantique, à bord de la Combattante, avons assisté au débarquement en Normandie et à l’arrivée en 1944, du Général de Gaulle sur notre sol. Aujourd’hui avec le récit de l’épopée d’un jeune «évadé de France», Nous traversons les Pyrénées, pour nous retrouver à ses côtés, en Afrique du Nord, puis à nouveau, sur l’océan, pour terminer à Agde, avec l’évocation de la première Bataille de l’Atlantique en 14/18.
Hommage à l’amiral Pépin Lehalleur
Emu, comme bien d’autres au souvenir des exploits de nos marins, un de nos adhérents, nous a rappelé le rôle important joué par son ami, le Contre-Amiral Pépin Lehalleur, sur ce théâtre de la dernière guerre. C’est avec plaisir que nous rappelons ses
états de services.
Né le 20 août 1911, à Paris, décédé en 2000, le contre-amiral a été de tous les combats dans l’ATLANTIQUE-NORD. C’est lui qui, à bord de la corvette l’Alysse, s’employa à rallier officiellement, l’ile de Miquelon au général De Gaulle, suite au succès de l’amiral Muselier sur celle de Saint-Pierre. Après avoir participé glorieusement à la difficile évacuation de Dunkerque en mai 1940, Pépin Lehalleur rallie la Royal Navy, puis la France Libre, en décembre 1940. Dans les années suivantes il sert successivement sur l'aviso La
Moqueuse, le contre-torpilleur Léopard et commande la corvette Alysse à bord de laquelle il sera torpillé le 8 février 1942. En 1943, commandant de l'aviso Commandant-Duboc il sillonne l’Afrique du Sud, l’Océan Indien et la Méditerranée, avant d’être affecté à l'Etat-Major Général à Alger. Après un court passage sur le contre-torpilleur Tigre il commande le torpilleur La Combattante, avec lequel il est torpillé sur une mine en Mer du Nord, en février 1945. De 1948/1950, il est à la tête du porte-avions Dixmude, puis dirige, en Indochine, la Flottille Amphibie et finit sa carrière au Quartier général des puissances alliées en Europe (Supreme Headquarters Allied Powers Europe ou SHAPE), après avoir assumé plusieurs postes de hautes responsabilités,
Avec les évadés de France :
Des Pyrénées à l’Atlantique. Nous avons, par le passé, évoqué les tentatives des J.R.A.(Jeunes Résistants Agathois) pour franchir les Pyrénées et rejoindre le Général De Gaulle. Avec Léopold SERVANT, le père de Madeleine Köllisch, nous suivons
l’itinéraire exemplaire, d’un jeune « évadé de France ». Comme bien d’autres jeunes Français, il n’avait pas entendu l’Appel du général, les postes de radio, la TSF n’étaient pas répandus dans tous les foyers, et les heureux propriétaires qui en possédaient un, n’avaient pas, les longueurs d’ondes nécessaires pour capter Radio Londres. Par contre l’état Vichyssois pourchassait sans relâche, les jeunes refusant de rejoindre le S.T.O. le Service du Travail Obligatoire en Allemagne. (Les Réfractaires). Depuis le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, l’invasion de la «Zone Libre» et la création d’une Zone réservée au pied des Pyrénées, le passage de la frontière est rendu plus difficile. A la gendarmerie et à la douane
Française, s’ajoutent la gendarmerie et la douane Allemande. Les arrestations musclées, les coups de feux mortels sont monnaie courante. Nous avons déjà conté le stratagème de la folie, inventé par un jeune des J.R.A. pour échapper aux griffes de la gendarmerie allemande.
4 jeunes dans la tourmente :
Dans la nuit, ils sont partis à quatre, accompagnés en camion par l’oncle de Léopold. Ils ont rejoint, dans un hameau perdu dans la montagne, une douzaine de candidats à l’évasion, Parisiens, Belges et autres … au début, par méfiance, les villageois restent bouches cousues, ce n’est qu’en entendant nos quatre garçons s’exprimer en patois que les langues se délient, que la nourriture apparaît. Nous pouvons imaginer les errances, pendant deux jours et deux nuits de ce groupe, hétéroclite, pas du tout équipé, ni en chaussures ni en vêtements, pour de telles randonnées, avec le souci d’éviter les patrouilles. Par chance, ils ont pu éviter les tirs allemands. Parvenus à la frontière ils se séparent de leurs deux guides et prennent soins d’enterrer tous leurs papiers y compris leurs convocations pour le STO. !!
Dans les geôles espagnoles :
Arrivés dans le premier village ils sont bien reçus, mis à part qu’ils sont délestés de tout ce qu’ils possèdent, argent, montre etc., et qu’ils sont menés à pied, 30km, plus loin à Sort où ils se retrouvent au « cachot » avant d’être transportés à plus de 100 km à Lérida. Là, ils sont tondus, avant d’être enfermés à six cents, dans «le vieux séminaire » transformé en sinistre et infecte prison. Réunis dans une grande salle avec pour nourriture une louche d’une soupe immonde, « les punaises tombent du plafond et ils sont tous recouverts de poux énormes », chaque quart d’heure leur sommeil est entrecoupé par les appels gutturaux des gardes. L’avenir est bien sombre.
Les Canadiens, vu les relations de leur gouvernement avec l’Espagne sont un peu moins mal traités que les Français considérés comme des terroristes. C’est ainsi que deux de nos jeunes se font passer pour des sujets Canadiens, l’un se disant natif de Saint-Jean-de-Terre-Neuve, l’autre se faisant appeler John Sullivan. Ce n’est que trois mois plus tard qu’ils sont transférés, chaînes aux poignets, à la prison de Saragosse et deux jours après conduits au tristement célèbre camp de Miranda del Ebro.
Dans le prochain numéro nous suivrons Léopold, de l’Algérie à sa rencontre à Brest avec le Général DE Gaulle.
A bientôt
Photos : La Croix du Mémorial, l’amiral Pépin Lehaffleur Léopold Servant retiré sur ses terres , La stèle au évadés de France à Céret , LLEIDA Cathédrale la Seu Vella