Agde - Faux semblants et trompe l'oeil .. par Antoine Allemand
Didier Denestebe, le 12 juin, donnait son opinion sur le numéro spécial du journal…
Didier Denestebe, le 12 juin, donnait son opinion sur le numéro spécial du journal de la ville. Cela lui a valu, dans « l'Agathois », une réponse de circonstance de la part de notre 1er adjoint venu au secours de son « collègue » des finances, une réponse « argumentée » de la même façon dans le quotidien régional sous la plume de votre maire, plus quelques notes « juridiques » en provenance directe du 2ème étage de Mirabel sur le forum.
J'attendais avant de m'exprimer d'avoir eu ce bulletin entre les mains, c'est chose faite aujourd'hui : je m'en suis fait prêter un exemplaire…car, comme d'autres internautes, je n'ai pas eu la « chance » de le trouver dans ma boîte aux lettres.
Première réflexion : la ville d'Agde compte aujourd'hui entre 20 et 25 000 habitants (fourchette large faute de recensement récent) soit de 9 à 10 000 foyers (*).
Comment se fait-il que ce bulletin soit tiré à 18 000 exemplaires ?
Plutôt que de disserter sur la comptabilisation ou pas de salaires d'agents dans le coût de la production, j'aurais aimé que nos élus m'expliquent ce phénomène.
Est-on si peu sûr des réseaux de distribution ?
Ces bulletins sont-ils édités à d'autres fins que l'information immédiate ?
Le nombre d'exemplaires est-il gonflé artificiellement et dans quel but ?
Au premier coup d'œil, on ne peut que se dire voilà un bel organe… de diffusion : beau papier, abondamment illustré, de jolis graphiques et de belles couleurs.
Donc pour la forme rien à redire, elle est aussi belle que celle de Gilles d'Ettore qui dans son édito ne craint pas de dire que ses 5 années de mandature « ont permis de donner à notre Cœur de Ville des fondations solides pour bâtir son renouveau ».
Tiens parlons-en de ce Cœur de ville : 6 pages y sont consacrées.
Et qu'est-ce qu'on découvre ?
– Une seule réalisation : la réfection des réseaux des rues Terrisse et St Vénuste. Tout le reste ce ne sont que des projets, les mêmes projets que l'on nous annonce à grand bruit à chaque vœu de nouvel an.
– De fausses excuses : il fallait soit disant attendre la création de la ZPPAUP pour pouvoir travailler (or le projet de ZPPAUP était prêt dès 2001 et est resté dans les tiroirs pendant 2 ans, il a été enfin sorti en 2003, mais les réalisations sont toujours au point zéro).
– Des photos montage bidons avec des perspectives complètement faussées : (le jour où la place Conesa aura la configuration présentée pages 8 et 9, les bulldozers auront rasés les ¾ de la rue Terrisse)
– Des affirmations péremptoires : la future école de musique « s'organise sur 4 niveaux », les travaux « permettront de réhabiliter un bâtiment ancien et typique du patrimoine agathois » ( le bâtiment en question n'offre pas une surface utile plus importante que l'actuelle école de musique ; il ne comporte qu'un seul étage et un 2ème niveau de combles sans hauteur « sous barrot »…Il faudra suivre de près les travaux pour voir ce qu'il sera fait de cet immeuble patrimonial, de sa cour intérieure et de son escalier à vis)
– Des faits « anecdotiques » sur lesquels on fait silence : un plan présente le poste de police du cœur de ville (vous savez ce fleuron de la sécurité que toute la France nous enviait et que la Police Nationale a déserté)
– Des envolées lyriques : la « libération » des quais de la Marine (qui pour l'instant c'est traduite par une occupation plus large de ces mêmes quais).
Le reste est du même tonneau : certes, il y a bien dans l'archipel quelques réalisations (place du Môle, du Barbecue et tout récemment des Muriers…) et c'est normal. Mais il n'y a pas là de quoi tirer à 80 pages… une douzaine de ronds-points n'ont jamais fait une politique et les réalisations privées ne sont pas à porter à l'actif de nos élus et n'ont pas à justifier l'utilisation d'un budget communal.
Il y a tout de même un titre qui m'a fait bondir , c'est celui de « développement urbain maîtrisé » : sur 2 pages on nous expose un projet séduisant : celui de la future zone du Capiscol…Mais attendons de voir.
Car le bulletin se fait modeste sur la zone des Cayrets, bien avancée elle (plutôt bien mal avancée devrais-je dire). On a là l'exemple de tout ce que l'on ne doit pas faire : béton sur béton, tout pour la rentabilité.
Que l'on ne vienne pas nous rétorquer, comme cela est discrètement avancé, que le besoin en logements des Agathois justifie des abominations.
Le logement social peut être esthétique et n'exige pas de la sur densification, le développement de la construction peut préserver des zones vertes et des équipements collectifs qui, ici, vont manifestement faire défaut.
A la population actuelle, vont s'ajouter 5000 habitants aux Cayrets, 3000 au Capiscol, plus les habitants des innombrables immeubles qui « fleurissent » sur tous les espaces libres au sud de la ville, plus éventuellement la transformation en résidences permanentes d'une partie des 29 000 résidences secondaires, soit une augmentation de la population d'au moins 50 % dans les quelques années à venir.
Quelle est l'anticipation de nos édiles sur cette perspective qu'ils favorisent en la subissant ? Quels projets structurants envisagent-ils ?
Un ensemble scolaire au radar, une crèche à Notre-Dame, un centre nautique qui, s'il voit le jour, aura un bassin équivalent à celui de la piscine existante, un ensemble sportif au radar venant remplacer le stade de rugby existant et c'est tout …soit trois fois rien si l'on considère que c'est l'équivalent d'une nouvelle ville qui est en train de se mettre en place sous leurs yeux et si l'on considère aussi que les équipements structurants font dans certains secteurs cruellement défaut (une taxe n'a jamais remplacé un tout à l'égout).
Et c'est cela qu'ils appellent un urbanisme maîtrisé !!!
Le symbole de cet « urbanisme maîtrisé », restera le rond-point de l'éphèbe, ce haut lieu de « l' esthétisme » comme se plaisait à le dire « votre maire ». Il pourra faire refaire vingt fois le socle de la statue, cela ne supprimera jamais les constructions qu'il a laissé s'édifier sur le point le plus haut de cet accès de la ville et qui gâchent irrémédiablement la perspective…
Quoique non ; il y a peut-être mieux en matière de symbole : c'est le mur de béton qu'il a fait édifier sur le rond-point voisin d'Hyper U et sur lequel il fait… peindre la mer.
Antoine Allemand
(*)Les résidences secondaires du Cap d'Agde, du Grau d'Agde et de la Tamarissière doivent bien sûr être prises en compte mais la distribution en boites aux lettres n'est pas éfficiente sur ces secteurs compte tenu du caractére trés souvent locatif des 29 000 résidences secondaires.