AGDE - Hommage à l'armée tchécoslovaque - Une plaque pour commémorer sa naissance en Agde
Hommage à l’armée tchécoslovaque Une plaque pour commémorer sa naissance en Agde La promesse…
Hommage à l’armée tchécoslovaque
Une plaque pour commémorer sa naissance en Agde
La promesse avait été faite en juin l’an dernier, lors des commémorations de la renaissance de l’armée tchécoslovaque, elle a été honorée samedi 4 juin 2016 : le dévoilement d’une plaque commémorative rappelant la constitution de l’armée tchécoslovaque et son départ pour le front le 6 juin 1940, depuis la Gare d’Agde.
Rappelons en effet qu’au début de la seconde Guerre Mondiale, les Nazis occupaient la République tchécoslovaque. Les dirigeants tchèques repliés à Paris formèrent alors un Comité National qui fut autorisé par la France à reconstituer l'armée tchécoslovaque. Le centre de formation était situé à Agde. Le Comité national tchécoslovaque rassembla donc ses forces éparpillées aux quatre coins de l’Hexagone, soit 11 400 hommes, qui transitèrent par la Gare d’Agde pour s’installer dans le Camp d’Agde, alors évacué par les réfugiés républicains espagnols.
C’est autour de Gilles D’Ettore, Maire d’Agde, que se sont retrouvés pour l’occasion Robert Craba, Adjoint au Maire en charge notamment des Associations patriotiques, le Général de Brigade Jaroslav Maly, Attaché de défense de la république Tchèque, représentant la Délégation Tchèque, le Colonel Ales Knizek, de l’Institut d’Histoire Militaire de Prague, le Colonel Knanik, représentant la Délégation Slovaque, André Gougon, Directeur Régional de la SNCF, nombre d’élus du Conseil Municipal, enfin les représentants des associations patriotiques et les porte drapeaux.
Après le dévoilement de la plaque, le Général de Brigade Jaroslav Maly a pris la parole. «Nous sommes aujourd’hui rassemblés pour commémorer un évènement de notre histoire Franco-Tchéco-Slovaque commune et aussi accomplir notre devoir. En 2015, nous nous sommes donnés rendez-vous à Agde pour dévoiler une plaque commémorative en hommage aux milliers de volontaires et de citoyens tchécoslovaques qui avaient transité par cette gare pour constituer l’armée Tchécoslovaque en France entre septembre 1939 et juin 1940. Pour des petits pays comme la Tchéquie ou la Slovaquie, je suis personnellement convaincu, autant que pour la France, qu’il est très important de redécouvrir ces petits évènements de l’histoire car derrière ces destins héroïques, nous trouvons le destin de nos grands-parents, de nos parents et de nos concitoyens. Cette nouvelle plaque est leur tableau d’honneur.
Des liens indéfectibles furent créés avec la France lors des premiers engagements volontaires de Tchéquie et de Slovaquie en août 1914. Ces hommes entrèrent dans la Légion Etrangère Française au début du premier conflit mondial. La première compagnie de volontaires tchécoslovaques, appelée Nazdar, fut créée à Bayonne et ces soldats combattirent dans l’armée française. Des volontaires de tous les pays vinrent les rejoindre.
A Cognac, en 1917, naissait le Premier Régiment de l’Armée Tchécoslovaque. Cette armée devint la base de la défense nationale d’un nouveau pays, la Tchécoslovaquie. Vingt-et-une années plus tard, l’armée tchécoslovaque fut reconstituée en France, à Agde. C’est ici, pour la seconde fois de notre histoire commune, que les Tchèques et les Slovaques rejoignirent l’armée française. Cette fois, il ne s’agissait plus de créer ou de fonder une patrie, mais d’en défendre la liberté et son intégrité, détruite par l’occupant nazi. Alors, pour ce faire, Agde devint, entre 1939 et 1940, le berceau en France de l’Armée Nationale Tchécoslovaque. L’autre raison d’être de cette armée fut de garantir la continuité et l’existence d’un Etat en dehors de ses frontières. Des milliers d’hommes transitèrent ainsi par cette gare pour répondre à l’appel de leurs dirigeants en exil. Fin janvier 1940, la Première Division Tchécoslovaque était créée. Au début du mois de juin, elle quittait Agde par cette même gare pour rejoindre l’armée française et défendre sa liberté. C’est pour cela qu’aujourd’hui, 76 ans après, au même endroit, c’est ce que vous pouvez lire sur cette plaque».
Ce fut ensuite au tour du Maire d’Agde, Gilles D’Ettore, de saluer cette part commune de notre histoire.
«Nous sommes aujourd’hui réunis pour commémorer ensemble la reconstitution de l’Armée Tchécoslovaque au sein du Camp d’Agde. A travers cette cérémonie, c’est aussi l’amitié entre nos peuples que nous célébrons. Une amitié fondée sur une histoire commune mais aussi sur des liens culturels particuliers nourris de la richesse artistique de chacun de nos pays. Les œuvres de Milos Forman, de Milan Kundera, de Kafka, pour ne citer qu’eux, nous sont familières, à nous Français, et ont largement contribué au rayonnement de la civilisation européenne dont nous voulons ensemble préserver les acquis.
Les accords de Munich, qui ont consacré le lâche abandon de la Tchécoslovaquie aux nazis, restent une tâche dans l’histoire de notre continent. Nous savons aujourd’hui les conséquences de ce renoncement et la nécessité qu’il y a à ne jamais céder quand ce sont nos valeurs qui sont en cause.
Et c’est une fierté pour nous Agathois, que votre jeunesse combattante se soit réunie en Agde pour contribuer à la libération de l’Europe. Nous leur serons à jamais redevables de cet engagement qui est souvent allé jusqu’au sacrifice et qui fait qu’aujourd’hui, nos peuples vivent ensemble, en paix, attachés à des valeurs qu’ils ont su préserver face à l’horreur nazie.
Je veux dire ici aux représentants des peuples Tchèques et Slovaques la fierté que nous avons à les recevoir en cette terre agathoise où ils sont légitimement chez eux.
Je veux leur dire aussi, moi qui suis né au printemps 1968, l’importance qu’a représenté pour chacun d’entre nous le Printemps de Prague qui a vu le soulèvement de leurs peuples contre une autre forme d’oppression. Là encore, vous avez ouvert la voie de la dignité humaine. Et de cela aussi, nous vous sommes éternellement reconnaissants.
Nous, Slovaques, Tchèques, Français, sommes attachés à nos patries, à la préservation de leurs identités, à leurs indépendances, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Mais nous savons aussi tout ce qui nous unit et que nous devons ensemble, comme par le passé, continuer à défendre.
Aussi, vive la République Tchèque, vive la Slovaquie et vive la France».
La cérémonie s’est poursuivie par de multiples dépôts de gerbes de fleurs, par une minute de silence et par les hymnes nationaux des trois pays.