AGDE - L'Ephèbe dit au revoir à Odile BERARD-AZZOUZ
L’Ephèbe dit au revoir à Odile Bérard-Azzouz La Conservatrice des Musées d'Agde a pris…
L’Ephèbe dit au revoir à Odile Bérard-Azzouz
La Conservatrice des Musées d'Agde a pris sa retraite après 31 ans passés à la tête du Musée
C’est après 31 ans au service des collections des musées Agde qu’Odile Bérard-Azzouz, la conservatrice des musées d’Agde, est partie à la retraite. Vendredi 26 février dernier, une cérémonie officielle a eu lieu au Musée de l’Ephèbe en présence Sébastien Frey, Premier Adjoint au Maire et Conseiller Départemental, des Adjointes Christine Antoine et Yvonne Keller, respectivement en charge du Patrimoine et de la Culture, de Sébastien Denaja, Député de l'Hérault, de Marie-Pierre Jezégou, ingénieur d’études au DRASSM, de Xavier Fehrnbach, Conseiller des musées pour la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et d'Hélène Palouzié, Conservateur du Patrimoine Mobilier et Immobilier à la DRAC.
C’est tout d’abord Christine Antoine qui a pris la parole avec une émotion visible, pour rappeler les grands traits de la carrière agathoise d'Odile Berard-Azzouz, après lui avoir lu un courrier que lui adressait le Maire Gilles D'Ettore, qui n'avait malheureusement pu être présent.
«L’histoire commence avec la création d’Agathé Tyché, la bonne fortune. Née de la mer et tournée vers la Méditerranée, ancien comptoir maritime et deuxième ville la plus ancienne après Massalia, Agde, ainsi riche d’un passé archéologique à nul autre pareil, tant sur le plan subaquatique que sur le plan terrestre, a eu la chance de posséder parmi ses habitants, des chercheurs bénévoles, passionnés et autodidactes, ayant mis au jour des trésors, dont l'une est la pièce maîtresse du musée, le bel «Ephèbe», cette statue en bronze de l’époque hellénistique représentant Alexandre le Grand et découverte dans le lit du fleuve Hérault en 1964.
La municipalité de l’époque, dirigée par Pierre Leroy-Beaulieu, consciente de l’intérêt que représentait ce patrimoine, a alors pris la décision de réaliser un Musée adapté où pourrait être mis en valeur l’ensemble de ces collections, et en particulier, la statue de l’Ephèbe, classée aux titres des Monuments Historiques. A Pâques 1984, était ouvert au public le musée d’Archéologie sous-marine et subaquatique. C’est suite à la création du poste de Conservateur voté en Conseil Municipal du 7 mai 1985, que tu as pris, ma chère Odile, officiellement tes fonctions. Et depuis tu n’as cessé d’œuvrer pour ces musées, pour la collectivité et pour l’Etat dont tu gères les collections.
A ton initiative, de nombreux spécialistes se sont penchés sur l’identification de cette statue, validant ta théorie, celle d’être la représentation d’Alexandre le Grand, répondant à la stylistique du sculpteur Lysippe. Il en va de même pour ton étude scientifique concernant l’enfant romain, qui est aujourd’hui reconnu à l’international comme étant la représentation de Césarion, fils de César, Empereur des Romains et de Cléopâtre, Reine d'Egypte.
Pour ma part, tu m’as été d’une aide bien précieuse dans ma délégation pendant toutes ces années, presque 15 ans à tes côtés. Tu m’as aidée à avoir un regard avisé sur les collections et sur leur conservation. Tu m’as communiqué ton savoir et tu m’as guidée vers ce que j’aime le plus : le respect et les valeurs, vers ce que nous avons de plus cher, mais aussi vers ce que nous avons découvert de notre existence… pour qu’à mon tour je puisse le transmettre aux personnes que j’aime. J’ai alors compris que cette collaboration avec toi n’avait pas été un hasard et qu’elle prenait tout son sens dès lors que tu m’annonçais ton désir de te retirer… Tu avais alors accompli ta mission».
Prenant à son tour la parole, Sébastien Frey est revenu sur les qualités d’Odile Berard-Azzouz, soulignant : «nous sommes très nombreux à reconnaître vos qualités scientifiques et nous sommes fiers que vous ayez été à la tête de ce musée durant plus de 30 ans. Vous avez votre caractère, la force de vos convictions, ce qui vous donne la faculté de défendre vos opinions et vos ambitions pour l’intérêt général au travers de votre travail de valorisation de cet espace de découverte, mais toujours en laissant transparaitre vos qualités humaines».
Sébastien Dénaja a, dans son discours, qualifié le travail d’Odile Berard Azzouz « d’œuvre passionnelle et « civilisationnelle ». Il n’y a qu’à profiter d’une visite avec vous, pour se rendre compte de votre passion amoureuse pour tous ces objets et en particulier pour la statuaire grecque. Il y a le sens profond de votre action au travers de laquelle transparait tous les caractères des civilisations de la Méditerranée ».
De son côté, Hélène Palouzié, Conservateur du Patrimoine Mobilier et Immobilier à la DRAC, a remercié Odile Bérard-Azzouz pour leurs années de collaboration, rappelant la place qu’occupe désormais le musée de l'Ephèbe. «Nous avons tenu à être présents pour remercier Odile Bérard-Azzouz pour sa gestion des collections du Musée de l’Ephèbe durant 31 ans. Il faut se rappeler que ce musée est unique en France puisqu'il est le seul dédié à l’archéologie sous-marine. Odile a su tisser des relations avec tous les intervenants, depuis les inventeurs jusqu’aux instances ministérielles de la culture, pour que tout le monde contribue à l’enrichissement des collections du musée, ce qui lui a aussi permis de se renouveler. Aujourd'hui, les pièces qu'il renferme sont régulièrement prêtées dans des expositions internationales».
Enfin, Xavier Fernbach, Conseiller des musées pour la DRAC, a rappelé l’importance que revêt le Musée de l'Ephèbe aux yeux de l’Etat «puisqu'il a placé à sa tête un conservateur et l’a classé, montrant par là-même l’importance de ses collections, que bien des musées lui envient. Maintenant il va falloir le faire évoluer, avoir une équipe qui soit à la hauteur des ambitions que ce musée doit avoir, notamment au travers de la mise en réseau des musées régionaux, comme ceux de Nîmes ou Narbonne, afin de faire de notre nouvelle région la mieux dotée en musées archéologiques».
Remerciant l'ensemble des intervenants pour leurs propos, Odile Bérard-Azzouz a conclu les prises de parole par quelques mots. «Je n’ai fait que mon devoir de conservateur. Je me souviens de mon arrivée ici avec le Maire, Pierre Leroy-Beaulieu, mais aussi son Adjoint, le Dr Antoine, et de leur gentillesse. Je n’ai rien fait toute seule… J’ai eu des assises grâce à beaucoup de gens, beaucoup de passionnés…
Lorsque je regarde ces 31 ans de carrière, je vois une sorte de triptyque avec tout d’abord une part importante consacrée au retour de l’Ephèbe. Il a fallu pour cela se battre, mettre en place des programmes d’animation et des programmes scientifiques avec des actions un peu chaotiques et difficiles mais couronnées de succès avec son retour. Par la suite nous avons mis en place des actions pour donner une visibilité internationale à ce musée au travers des grandes expositions afin de montrer la richesse des civilisations méditerranéennes et la position privilégiée de la Ville d’Agde au cœur du Golfe du Lion. Enfin, je me suis attachée aux collections pour proposer une muséographie cohérente. J’ai pu aussi, durant cette dernière période, travailler sur le Musée Agathois et participer à sa rénovation et à sa modernisation, de manière à transmettre ce patrimoine aux générations suivantes. J’ai aussi eu en charge les collections d’art cultuel, tels que les tableaux de la Cathédrale et pour lesquels il m’a fallu acquérir de nouvelles connaissances, preuve qu'on n'a jamais fini d’apprendre…
J’ai travaillé avec de nombreuses personnes que je voudrais ici remercier. Je suis contente de partir, mais aussi triste de quitter des collaborateurs qui sont aussi devenus des amis. Je vais continuer dans d’autres domaines, pourquoi pas sur les collections de mon père».
Pour conclure, Sébastien Frey lui a remis, au nom du Maire Gilles D’Ettore et de son Conseil Municipal, la Médaille de la Ville, en reconnaissance de l’action menée pour le rayonnement de notre cité, et en cadeau de départ, une représentation en bronze du «Césarion».
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