Expositions

Alice de Miramon, peintre d’atmosphères et poétesse de l’image

Son mur de tableaux sur fond vert avait fait sensation au "Christmas Pop Up Store" de Cubik, à Montpellier, en fin d’année dernière. Ses dessins peints célèbrent des moments de grâce, des liens indéfectibles, des unions heureuses, le rapport avec la nature et les animaux… Dans ses œuvres, les cernes noirs dessinent en douceur les contours de silhouettes tout en rondeur. La rédaction, qui suit son travail depuis un bon moment, a souhaité rencontrer l’artiste peintre Alice de Miramon pour en savoir plus sur ses sources d’inspiration, les supports très particuliers sur lesquels elle peint, son rapport à la couleur et sa philosophie de vie. Interview…

Vos dessins mettent à l’honneur la femme, le couple et les amitiés féminines…

« J’y livre un point de vue féminin sur le corps et la vie. Mes dessins sont des projections d’états dans lesquels je me sens bien. J’y représente mon idéal de quiétude, l’amour, l’amitié, le rapport au corps… La nudité n’y est pas purement érotisante, mais montre aussi comment l’on s’assume. Ce sont des moments de lâcher-prise. D’ailleurs, mes personnages ont souvent les yeux fermés. Mes émerveillements se reportent en peinture… »

Vous dépeignez aussi le rapport à la nature.

« Oui, je place mes personnages dans des sortes de cocons pouvant rappeler le paradis perdu. J’ai grandi dans les bois, en pleine nature, au milieu d’un îlot de verdure en Picardie. Dans mes créations, la jungle représente une nature qui reprend ses droits, l’incontrôlable. L’humain pense toujours être indis­pensable, mais la végétation n’a pas besoin de l’Homme. Mes personnages côtoient souvent des animaux. Notamment des chats, qui symbolisent pour moi la chaleur et l’autonomie. Dans mon enfance, comme nous avions de l’espace, je ramenais beaucoup d’animaux perdus ou blessés à la maison. On les retrouve dans mes dessins… »

Vous travaillez par séries…

« J’ai commencé par une série sur les expressions des visages, puis je suis passée au corps, à la jungle, devenue un motif récurrent, et au Kama Sutra. Ensuite sont venues les séries sur les arbres, la couleur, les gitanes, la rivière, la sieste… »

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Vos dessins sont réalisés sur des papiers anciens et présentés dans de vieux cadres…

« Il se trouve que, durant mon enfance, j’étais environnée de vieux ouvrages, de vieux papiers et d’objets anciens. Pour moi, les livres anciens, soulignés par de précédents lecteurs,  étaient des mystères. J’aimais y découvrir des traces de vie. Depuis, il m’est impossible de peindre sur de la matière sans vie. J’aime les défauts, les accidents des papiers qui ont déjà eu une première vie. C’est la même chose pour les cadres. Les objets actuels ne nécessitent aucun savoir-faire ; ils sont fabriqués en usine et sont sans âme. Je préfère largement remettre en valeur de vieux cadres, par exemple dorés, que j’ai chinés. Ces cadres sont le prolongement de ma peinture. C’est comme ajouter un supplément d’âme et de poésie à mes créations. Mais bien sûr, je ne suis pas hostile au fait que mes collectionneurs préfèrent les changer pour des cadres plus contemporains. Ma démarche s’inscrit dans l’intemporel et la transformation. »

Pour vous, le dessin est aussi une expérience…

« J’apprécie l’idée d’avoir un laboratoire à la maison, où je peux faire mes expérimentations. J’accumule les supports dans l’idée de peindre dessus un jour. Parfois je les ressors et je m’y mets. Par exemple, j’ai déjà peint sur un stock de dessins, sur un livre japonais, sur des rouleaux de papier, sur du cuir, sur un éventail géant… J’aime détourner les supports. Mes placards sont remplis de dessins, car je suis engagée dans un cycle sans fin de création. C’est comme si j’étais dans une recherche permanente de la pièce ultime. Je suis animée par une flamme, un besoin incessant, un rituel de peinture. »

Vous dissimulez des poèmes sous vos dessins…

« C’est vrai. Par pudeur, je recouvre de peinture des poèmes que j’ai écrits à même le papier. Dans ces poèmes, je me dévoile beaucoup ; les montrer serait comme une mise à nu. Pour l’instant je n’y parviens pas. J’aime la poésie de Baudelaire, notamment. L’invitation au voyage est son poème qui décrit le mieux l’atmosphère de mes tableaux. J’apprécie également les surréalistes, Prévert, Cocteau, Vian… »

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Dans vos œuvres, les couleurs sont exaltées…

« C’est aussi quelque chose qui me vient de mon enfance : on m’obligeait à aller à la messe. J’étais fascinée par les vitraux, leurs reflets changeants, leurs couleurs, si lumineuses, les bleus, les rouges… Plus tard, je me suis passionnée pour les enluminures, les estampes japonaises, qui font aussi un bel usage de la couleur. Cela m’a plus touchée que la peinture classique. »

On vous dit touche-à-tout. Comment cela s’exprime-t-il concrètement dans votre vie ?

« La peinture fait partie de mon quotidien, donc chaque matin, comme si je faisais mes gammes au piano, je me mets devant
une feuille de papier, et je donne libre cours à ma liberté de créer. La peinture fait partie de moi, elle m’accompagne. Et comme je suis hyperactive, en parallèle, je fais ce que les gens pourraient appeler des ‘ choses sérieuses ’ : je suis directrice artistique et créatrice de sites Internet. »

Que vous apporte le fait de dessiner et de peindre ?

« Une déconnexion de la réalité ; c’est une pratique contemplative. Dessiner me donne la possibilité de me lâcher, d’exprimer ma spontanéité, puis de travailler de façon plus sophistiquée. C’est un cheminement heureux, mon mode de vie, un art de vivre. Je suis touchée par l’approche orientale, qui valorise la maîtrise du geste par la répétition. Dessiner, c’est me traverser moi-même. Lorsque je crée, je pars de questionnements sur moi-même et les autres, sur mon environnement. Ça me permet de me poser, d’être dans la sérénité, alors que, par nature, je suis une nomade toujours dans l’action. Par la peinture, je crée un monde sans tristesse. C’est une échappatoire contre les problèmes existentiels… Je peins aussi pour partager, pour entrer en interaction avec les gens. On me dit souvent que ma peinture fait du bien. C’est un beau compliment. »

Vous avez un projet d’exposition très prochainement…

« Je m’apprête à exposer une trentaine d’œuvres sur l’amour et la contemplation du 13 février au 4 mars, à la Galerie Jean-Louis Cléret, à Paimpol, en Bretagne »

Propos recueillis par Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com

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Informations pratiques

Les œuvres d’Alice de Miramon sont en vente en permanence sur le site Internet My Cubik Market : http://mycubikmarket.com

• Pour suivre l’artiste : consultez sa page Facebook : https://www.facebook.com/miramonart

• Pour la contacter : alice@alicedesign.fr

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