Aqua Domitia : l’eau du Rhône coulera dans le Biterrois avant fin 2021 (vidéo)
A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, le chantier d’Aqua Domitia a été visité par une représentante de la Région Occitanie. Aqua Domitia est un enjeu stratégique pour la Région dans la gestion et de préservation de la ressource en eau.
Agnès Langevine, vice-présidente de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, en charge de la transition écologique et énergétique, de la biodiversité, de l’économie circulaire et des déchets, représentant la présidente Carole Delga, accompagnée de Jean-François Blanchet, directeur général du groupe BRL, ont présenté les avancées du chantier.
Le projet porté par la Région, dont BRL est l’opérateur technique, a commencé en 2004/2005 autour d’une réflexion sur les ressources et leur durabilité, alimentée de nombreux débats et concertations avec les différents acteurs des territoires.
Les 3 piliers du projet : l’économie, la préservation et la sécurisation des ressources
La quantité d’eau transférée sera limitée à un débit de 2,5 m3/seconde. Chaque territoire devra se poser la question de ses besoins et de son développement en fonction de cet impératif.
Saviez-vous que 140 km de canalisations raccordent Montpellier à Béziers, avec une optimisation des ressources entre les fleuves des monts descendants et l’eau du Rhône, qui viendra s’ajouter en période estivale, en se connectant aux infrastructures existantes ?
“Ce projet est aussi un laboratoire de l’excellence environnementale, de l’exemplarité. Nous nous sommes fait appuyer par des écologues qui nous ont expliqué comment notre démarche pouvait être encore mieux intégrée et respecter encore plus la biodiversité”
Jean-François Blanchet, directeur général BRL
Agnès Langevine ajoute : « Il faut s’interroger sur la valeur donnée à l’eau, pas seulement économique mais aussi patrimoniale, éthique, philosophique. Aqua Domitia est un formidable outil d’adaptation au changement climatique dont l’impact est préoccupant, notamment en Occitanie. Le Green New Deal adopté en décembre, au-delà d’un plan de relance économique, veut croiser les différents enjeux pour basculer notre modèle de développement, de consommation, de production, et d’aménagement du territoire. »
Vincent Gaudy, vice-président du conseil départemental, vice-président de l’agglomération en charge de l’eau et de l’assainissement et maire de Florensac, est intervenu pour rappeler que la viticulture est le 2e poste en termes d’économie sur le département, avec 800 millions d’euros générés. Les changements climatiques la menacent.
Selon lui, « Si l’on subit une crise agricole, il y aura plus de chômage sur un secteur déjà carencé dans le département de l’Hérault. Moins d’activité, moins d’attractivité pour le territoire en matière de tourisme, tout ça est lié. Un département qui s’assèche, c’est moins de personnes qui y viennent, plus de risque d’incendies majeurs, comme ont pu le connaître l’Australie ou les États-Unis cet été”.
Il indique : “Un réseau comme Aqua Domitia va nous permettre de lisser les besoins en eau potable en quantité raisonnable et raisonnée, et les viticulteurs pourront aussi continuer leur activité, avec des cépages résilients et de l’agriculture raisonnée. »
Le maire de Florensac a saisi l’opportunité de demander au directeur de BRL des moyens à mettre pour la réfection des chemins abîmés dans le cadre du passage des réseaux sur le département.
Le directeur général de BRL a pour sa part salué le travail des entreprises dont l’enjeu était de tenir le calendrier dans un contexte sanitaire compliqué afin que « l’eau du Rhône puisse couler dans le Biterrois avant fin 2021, conformément à l’engagement ».
Un bijou d’innovation et d’ingénierie
Avec des variations de vitesse générant une économie 10 à 15% d’énergie, une approche digitale, des configurations étudiées avec la création de modèles hydrauliques, la détection de la surpression pour limiter les ruptures d’ouvrage… L’ouvrage à vocation durable dispose d’un arsenal d’outils de supervision et de suivi pour gérer le maximum de paramètres.
La qualité de l’eau est vérifiée à l’origine de la prise d’eau du Rhône et des prélèvements sont effectués le long des canaux, mesures suivies en permanence, auxquelles s’ajoute l’injection d’oxygène au départ du système à Mauguio pour éviter à l’eau de s’altérer afin de servir à 40 % l’agriculture et à 40% la consommation d’eau potable. 20% sont réservés pour se substituer à des ressources locales et réduire la pression de prélèvement, notamment au niveau de l’Astien.
Avant de clôturer la rencontre par une visite technique, le directeur de BRL a annoncé qu’une visite virtuelle était à l’étude pour rendre compréhensible le cheminement de l’eau, afin qu’il y ait une appropriation de ce projet complexe par les citoyens et les jeunes.