Au CRAC de Sète, la toute-puissance de la nature vue par Jean-Michel Othoniel
Au CRAC Occitanie, à Sète, sont exposées les œuvres les plus récentes, inédites et monumentales de Jean-Michel Othoniel, et une impressionnante installation in situ intitulée "La Grande Vague", qui pourrait quasiment engloutir le public. L’artiste a été invité par Noëlle Tissier à réaliser des créations pour et en fonction du lieu, en écho à la résidence que l’artiste avait effectuée à la Villa Saint-Clair de Sète en 1988. A l’étage du CRAC sont présentées 112 aquarelles préparatoires aux œuvres exposées à Sainte-Anne et d’œuvres jamais réalisées. La boucle est ainsi bouclée avec l’exposition du Carré Sainte-Anne.
Loin des tons chauds de l’exposition rétrospective qui se tient actuellement au Carré Sainte-Anne (lire l’article sur ce site), « Les différentes couleurs du noir et l’épure des formes inspirées de la nature sont la ligne directrice de l’exposition du Crac. Tous les éléments convoqués, tels le verre, le miroir, le métal, l’encre ou l’obsidienne des volcans arméniens, participent de ce désir d’enchantement violent, minimal et tellurique », assure Jean-Michel Othoniel.
Au Centre régional d’art de Sète, le public découvre une nouvelle variation autour des briques de verre par Jean-Michel Othoniel. Cette fois-ci, des briques vert-noir chatoyant de mille reflets composent une monumentale vague menaçant de submerger les visiteurs. “La Grande Vague”, c’est son nom, prend sa source dans le goût de l’artiste pour le surf, qui lui a permis de prendre la mesure de la violence des vagues, notamment à Hawaï. Et dans le tsunami de 2011, qui a ravagé une partie du Japon. C’est aussi un hommage à la première photographie de “La Grande Vague” réalisée par Gustave Le Gray à Sète en 1857, explique Jean-Michel Othoniel.
Diverses œuvres représentant des tornades complètent la thématique des catastrophes naturelles. Suspendues comme des mobiles, ces tornades en aluminium de couleur argentée ou noires, reflètent indéfiniment les mêmes images. Plus loin, d’étranges météorites en obsidienne, verre noir des volcans d’Arménie, reposent sur des socles en bois de marronnier. Le noir de l’obsidienne contraste avec le ton chaud du bois. Présentées comme des autoportraits, ces œuvres symbolisent la fascination de Jean-Michel Othoniel pour cette matière noire et pour le reflet.
Et des peintures Black Lotus, accompagnées des sculptures éponymes, représentent le noircissement du monde par l’homme.
En fin de parcours, une Wild Pansey (pensée sauvage) multicolore et une tornade violette en verre incitent à la contemplation.
Les œuvres plus récentes de Jean-Michel Othoniel – parfois plus sombres et torturées que celles, plus anciennes, présentées au Carré Sainte-Anne à Montpellier – sont dotées d’une grande beauté qui fascine les visiteurs.
Un brillant parcours. A sa sortie de l’Ecole des Beaux-Arts de Pontoise en 1988, Jean-Michel Othoniel a réalisé des œuvres en cire et en soufre, avant de trouver véritablement sa voie dans le verre. Tout a débuté lorsqu’une vulcanologue lui a expliqué que l’on pourrait obtenir de l’obsidienne noire en faisant fondre de la pierre ponce blanche. Aux frontières de l’art, de la science et de l’alchimie, en collaboration avec les chercheurs du CIRVA, il a réussi le tour de force de transformer de la pierre ponce en obsidienne, matière jusqu’alors disparue. Le Contrepet, exposé au Carré Sainte-Anne, est l’une des trois œuvres résultant de ce travail. Ayant apprécié ce travail en équipe, Othoniel a ensuite enchaîné les collaborations avec des verriers, au gré de ses voyages, à Murano, Hawaï… et le verre est devenu sa signature. Pensionnaire à la Villa Médicis, à Rome, il a d’abord fait résonner ses œuvres en verre en relation avec les paysages, puis avec des lieux historiques, et enfin avec l’architecture. Son œuvre, aux formes organiques, reflète les blessures, l’érotisme et la poésie de la vie. Sa notoriété devenue internationale, les commandes publiques ont afflué. Il a notamment ornementé l’entrée de la station de métro parisienne Palais Royal – Musée du Louvre, la transformant en un onirique Kiosque des Noctambules paré de verre. Il a également conçu trois fontaines pour les jardins du château de Versailles, intitulées Les Belles Danses. Et a exposé dans les plus grands musées du monde : Fondation Cartier, Collection Peggy Guggenheim, MOCA de Miami, Musée du Louvre… Certains, comme le Musée d’art moderne de la ville de Paris, ont intégré ses œuvres dans leurs collections. Jean-Michel Othoniel a aussi bénéficié d’une rétrospective à Beaubourg (Centre Pompidou) en 2011…
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com
Informations pratiques
Centre régional d’art contemporain (CRAC)
26, quai Aspirant Herber
34200 Sète
www.crac.languedocroussillon.fr
Ouvert en semaine (sauf le mardi) de 12h30 à 19h, et le samedi et le dimanche de 15h à 20h.
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