Bessan - Fête de l'Ane - Sén dé Bessan, s'én fasén gloria ...par Olivier goudou
Ici, la côte des valeurs " jeunesse " et "fête " est toujours à…
Ici, la côte des valeurs ” jeunesse ” et “fête ” est toujours à la hausse. En témoignent le constant attachement à ce rendez-vous annuel presque sacré, l’affection pour l’âne totem, l’éclat des festivités qui rassemblent les bessanais et attirent les estivants.
Voir le reportage photo : http://web.mac.com/herault.tribune/iWeb/herault.tribune/6CB85736-3CAB-42D5-BFCF-DCC05719AB4C.html
Ecoutons les paroles d’Emmanuel Ville, compositeur de la “causoù dé Bessan ”
Bessan joli, pays de joie
Tes habitants sont toujours gais
Tu as eu vu courir “la Joie”, “le Chevalet”
et “l’Ane enrubanné “
Notre cité si joliette
Célèbre par ses amusements
Et l’étranger qui la visite
Ne s’en va plus tant il est content
La générosité de dame Nature par son ensoleillement généreux,la fertilité des sols, la richesse, l’abondance et l’élixir sont aussi exaltés :
Placé au milieu de la plaine
Notre terrain vaut un trésor
Rien de plus joli que la campagne
Qui de l’Hérault occupe le grand bord.
Qu’on ait son terrain à la Barque,
Moulin, Sauzède ou au Grabas,
On a des vins de grande marque
Et des raisins à pleins paniers.
Et bien avant l’assemblage à la mûre, le rosé est bien réellement ” bessanais ” :
C’est ici qu’une douanière
Eut l’idée du vin rosé
Il y a 70 ans que, la première,
Elle fit connaître ce vin si renommé.
Nous avons eu beaucoup d’imitateurs
Mais jamais aucun n’a égalé
La finesse, le goût parfait
De ce vin fameux qui fuse à la tête
Cigale, “le bessanais est aussi dépensier”, épicurien, insouciant et affectionne les plaisirs de la vie au présent :
Nous n’avons rien de la fourmi
Le bessanais est dépensier
Il aime plaisirs, bonne cuisine,
L’amour, le jeu et la galanterie.
Si nous avons une bonne vendange
Et qu’il y ait de l’argent partout,
Nous savons dépenser large
Et pour la fête on mange tout.
Et dimanche comme tous les ans c’est avec le même enthousiasme que M.Guichou et les bessanais à l’unisson reprennent le refrain :
Nous sommes de Bessan, on s’en fait gloire
Nous sommes des Cougourliés dessalés.
On ne s’en fait pas, vive la joie,
Comme au Bordigue, on ne se frapp‘jamais.
La danse de l’âne est nettement plus ancienne que la “cansoù dé Bessan”. Lisons en la description de M.Cellier :
“L’Ane tient sans conteste la vedette du folklore bessanais.
Il apparaît une sorte d’animal énorme en bois et cerceaux de châtaignier dont la charpente est recouverte d’une toile fleurie.
Des rubans et grelots ornent et agrémentent la tête sur le devant de la carcasse.
Au son du tambour et du hautbois, excitée par les clic-clac retentissants du fouet conducteur, la bête portée par quatre hommes invisibles du dehors, danse au rythme capricieux. Elle saute, avance, recule, se cabre et retombe dans sa position antérieure. Telle est la “danse de l’Ane”, orgueil des Bessanais”.
Certains détails de confection changent avec le temps.
Dimanche, c’est un âne relooké de la tête qui a reçu les honneurs. Sa nouvelle frimousse vient d’être conçue par un gars des ” Guignols de l’info” : comme quoi, on peut être un âne et avoir de la tête sans pour autant se la prendre grosse.
Mais, qu’il est bon de savourer le privilège de s’être fait arranger le portrait par les Guignols!
Les hommes politiques peuvent dire cela mais dans un sens si différent
…eux, qui ne sont pas des ânes.
De tradition orale, les origines de l’âne totem sont multiples.
” Les anciens parlent d’un marché aux ânes, d’une coutume qui veut que l’on décore le plus beau et qu’on le promène dans les rues du village “
D’autres font référence à un âne qui ce serait échappé pour entrer dans l’église.
Des ânes étaient probablement vendus lors des foires de St Laurent décidées par François Ier en 1533.
Une rumeur raconte que l’âne de Bessan serait en fait celui de Gignac, lequel pour avoir prévenu les Gignacois de l’arrivée des Sarrasins aurait été précipité dans l’Hérault. Le valeureux âne aurait alors nagé jusqu’à Bessan,
sa terre d’adoption.
Le livre “Bessan au fil du temps ” ajoute une symétrie en référence aux Romains : “dans le culte de Vesta (déesse du foyer domestique) l’âne apparaît couronné de fleurs, de pains et de farines de blé”.
Les auteurs de cet ouvrage y voient un lien avec notre âne totem habillé de fleurs et la distribution des ” gâteaux de l’âne” par la jeunesse à la population.
Comme le rappelle la “cansoù dé Bessan” les références aux plaisirs, à la nourriture, à l’alcool sont fortes. Il est aussi question de rapport avec l’autorité religieuse passant de sa dérision à la reconnaissance de sa notabilité.
Ainsi ” au Moyen-âge, une fois l’an, les populations élisent en Agde, Bessan et ailleurs le plus fou du village”.
Ce ” prince des fous ” est promené sur un âne avant de pénétrer dans l’église.
Il s’agit alors d’une fête où le fou prend la place du prêtre, soutenu par les braiments du peuple imitant l’animal.
Dans le chœur, les “Cougourliés” se disputent vins et nourritures avant d’entonner des chansons paillardes en guise de cantiques.
Depuis, les relations sont améliorées puisque la jeunesse offre le bouquet au curé, comme elle le fait ensuite auprès des élus, honorés du charme des demoiselles d’honneur (cette année elles s’appellent Audrey, Géraldine et Lucie)
Ces filles sont choisies par les chefs de jeunesse, garçons eux-mêmes élus par leurs pairs (cette année Anthony et Morgan)
Dimanche, le prêtre ne s’est pas offusqué des délires moyenâgeux puisqu’il est spécialement revenu de deux baptêmes à Florensac pour partager l’apéritif avec les Cougourliés.
Le Maire, pour son discours s’est inspiré du quatrième couplet de la ” cansoù dé Bessan” sur ” le bessanais est dépensier” ce qui dans la bouche d’un banquier fait autorité.
Nombreux sont les Bessanais honorés pour des citations personnalisées :
Mme Bec pour son action caritative, M.Breuron pour ses quarante ans d’activité musicale et sa présidence de l’Harmonie départementale des sapeurs-pompiers, M.Pedro Lopez pour sa vie consacrée à la musique et sa participation à la Philharmonie bessanaise, à travers Claude Rogues et Jean Sauvagnac (piliers de la Philharmonique) est honorée l’Harmonie municipale de Sète, M.Kohut pour l’organisation du prix cycliste, Sylvain Roques pour sa carrière de porteur de l’âne, les époux Ponghellini pour leur engagement en résistance.
M le Maire précise que Mme Ponghellini sera prochainement élevée dans l’ordre de la Légion d’Honneur.
Cette année, la reconnaissance s’avère innovante à la faveur d’un coup de jeune : Julie Garcia est distinguée au titre de l’exemple qu’elle donne par sa participation régulière aux commémorations.
Cette distinction appelle la génération Julie à observer le devoir de mémoire.
Ensuite, c’est Florian Giustiniani qui est encouragé pour son talent et l’image positive qu’il donne de la Ville. Une perspective internationale s’ouvrant
pour ce jeune virtuose, on devrait reparler de lui dans le futur.
Le talent et l’image n’en seront que multipliés et fructifiés.
Ainsi s’achève la partie traditionnelle et folklorique de cette fête confirmant une certitude : à Bessan, la légende est ancienne mais la tradition est jeune.
Olivier Goudou
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