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BEZIERS - AGDE - PEZENAS - L'enquête publique sur le SCOT DU BITEROIS vinet de s'achever

L'enquête publique sur le SCOT du grand Biterrois vient de s'achever. Dans la plus…

L’enquête publique sur le SCOT du grand Biterrois vient de s’achever.

Dans la plus grande discrétion
. Aucun débat sur la place publique. Et pourtant ce document, qui planifie pour longtemps l’avenir de 87 communes, méritait assurément débat public.

Pourquoi par exemple les mairies d’Agde et de Pézenas, très critiques envers le projet de SCOT, ont-elles choisi la discrétion? Tout se passe comme si une “élite” autoproclamée voulait en petit comité décider du sort des citoyens sans qu’ils le sachent.

On trouvera en fichier joint les observations sur le SCOT que le comité biterrois du M.N.L.E. a adressées aux commissaires-enquêteurs.
 

Pour le comité biterrois du MNLE (Mouvement National de Lutte pour l’Environnement)

Robert CLAVIJO  tél: 04 67 76 28 56


A la commission d’enquête  SCOT du Biterrois                                                             Béziers le  24/10/12
Béziers le  24/10/12

Messieurs

Jusque vers 1970, le littoral de l’Hérault, marécageux et infesté de moustiques, est resté assez désertique. Il n’attirait que les botanistes, les ornithologues et les chasseurs. La démoustication et la mission Racine ont renversé la tendance. Notre littoral et toute la plaine littorale, de la mer au piémont, sont devenus le territoire le plus attractif de France. La population de Sauvian depuis 1950 a été multipliée par 12 ! Bien que Magalas soit à 25 km de la mer, sa population en 4 ans a presque doublé !
Pour la plupart des élus cette attractivité de la plaine littorale est une chance inespérée à saisir par les cheveux et ils s’évertuent à attirer toujours plus de touristes, de résidents permanents et d’entreprises. Malheureusement aucun territoire ne peut accueillir un tel afflux de population et d’activités économiques sans que l’environnement se dégrade. C’est ce qui est arrivé en divers points du littoral espagnol. D’attractifs qu’ils étaient ces territoires, surexploités, bétonnés, défigurés, pollués, sont devenus répulsifs. On a tué la poule aux œufs d’or.  On recommence aujourd’hui la même erreur stratégique dans la plaine littorale héraultaise. Et le SCOT, au lieu de s’y opposer, autorise la plupart des dérives. Voyons de plus près : 

LES  3  PLAIES  DU  LITTORAL

1ère plaie : l’étalement urbain
Même quand la démographie est stable, l’engouement actuel pour l’habitat pavillonnaire et dispersé en périphérie urbaine provoque l’étalement sans fin  des villes et villages. La ville de Béziers en 1930, malgré ses 70.000 habitants, ne couvrait que cent dix hectares. Actuellement, avec 75.000 habitants, Béziers couvre deux mille hectares !!!
Pour étaler villes et villages, on a urbanisé des zones inondables, au détriment de la sécurité, on a détruit des zones naturelles au détriment de la biodiversité et on a fait disparaître la ceinture maraîchère qui autrefois nourrissait chaque agglomération. On importe aujourd’hui de loin, moyennant des transports coûteux et énergivores, ce qu’on produisait naguère sur place. La SAFER dénonce le gaspillage des terres agricoles : en 15 ans notre région a urbanisé
7,5 % de sa surface agricole, une ressource non renouvelable. Quand on fait un parking pour une grande surface commerciale, on devrait l’aménager sous le magasin ou au-dessus, pas à côté. Le SCOT est muet sur ce point. 
L’urbanisation illimitée des espaces naturels et leur morcellement par les routes cloisonne les zones naturelles, empêche le brassage génétique, érode la biodiversité.
L’étalement urbain a aussi des effets désastreux à l’intérieur de chaque agglomération :
Allongement par habitant de tous les réseaux (voirie, adduction d’eau potable, égout, gaz, électricité, etc) dont le coût par habitant devient insupportable et endette les collectivités. Elles ne peuvent plus entretenir notamment le réseau d’eau potable, qui souffre de nombreuses fuites, alors que nous manquerons bientôt d’eau potable.
La dispersion de l’habitat périphérique entraîne un recours accru à l’automobile alors qu’il est urgent de le réduire.
A fortiori villes et villages s’étalent-ils quand la population explose comme c’est le cas dans notre plaine littorale. Il est urgent d’arrêter le bétonnage mais le SCOT autorise sa poursuite au rythme de 175 ha par an. Scandaleux.

2ème plaie : pollutions et nuisances
Quand la démographie s’envole, augmentent aussi les quantité de déchets solides, liquides et gazeux produits par les activités humaines. Une petite partie de ces déchets est recyclée par l’homme ou digérée par la nature. Le reste pollue et dégrade l’environnement. Si un homme urine au pied d’un arbre, c’est pour ce végétal un double bienfait : arrosage et apport d’azote. Mais si beaucoup d’hommes urinent au pied du même arbre, l’arbre meurt.
Notre plaine littorale ne sait plus que faire de ses ordures ménagères et en exporte une bonne partie pour incinération ou enfouissement dans d’autres départements. Illégales, ces exportations peuvent être interdites du jour au lendemain. Que ferions-nous alors de nos montagnes d’ordures ?
Les eaux d’égout sont épurées avant rejet en rivière ou en mer.  Comme cette épuration n’est que partielle, plus nous sommes nombreux, plus nous déversons de liquides polluants en rivière ou en mer.  Ainsi les eaux d’égout mal épurées jetées dans l’étang de Thau par les agglomérations riveraines dépassent parfois la capacité de digestion de l’étang. La fermentation de ces déchets consomme tout l’oxygène de l’étang. Privés d’oxygène, poissons et coquillages meurent et pourrissent, aggravant la quantité de matière organique en putréfaction. Une odeur pestilentielle  révèle la catastrophe écologique. Les mairies riveraines, malgré les limites que la nature nous impose, n’en persistent pas moins à vouloir attirer toujours plus de touristes et de nouveaux habitants autour de tous les étangs …
Officiellement reconnus comme des milieux très riches en espèces animales et végétales, les étangs et autres zones humides littorales ne peuvent continuer à accueillir la biodiversité que si on respecte leur intégrité ce qui est incompatible avec la volonté du SCOT de développer le tourisme y compris dans les espaces proches du rivage.
On appelle « boues » les polluants que les stations d’épuration extraient des eaux d’égout avant déversement en mer, en rivière ou en étang. Riches en matière organique, ces boues sont épandues sur les champs comme matière fertilisante. Comme elles contiennent des polluants, la réglementation impose des limites strictes à ces épandages. On commence à manquer de terrains d’épandage. Où en trouverons-nous si la population, le nombre des touristes et donc le volume des boues continuent à augmenter ?

3ème plaie : la pénurie d’eau potable
Le grand Biterrois ne dispose que de 3 grandes ressources en eau potable : nappe astienne, Hérault et Orb.
Alimentée par les pluies tombées sur les hauts cantons, l’eau de la nappe astienne met de longues années à parvenir jusqu’au littoral et ne se renouvelle donc que très lentement. Surexploitée, elle ne peut plus se renouveler et son niveau baisse depuis une trentaine d’années…Or cette nappe est la ressource principale ou unique de nombreuses communes depuis  Mèze jusqu’à Valras. Dans ces conditions faut-il attirer toujours plus de nouveaux habitants et de nouveaux touristes ?
L’eau du fleuve Hérault, polluée par les pesticides, est elle aussi surexploitée et ne peut fournir davantage. Le SCOT reconnaît que le fleuve Hérault ne pourra atteindre en 2015 le « bon état des eaux » exigé par la directive européenne et atteindrait encore moins cet état si on y aggravait le prélèvement d’eau pour alimenter les touristes.
L’Orb, plus petit que l’Hérault, donne pourtant encore plus d’eau que lui : environ quarante millions de m3 contre une trentaine pour l’Hérault. Il serait déraisonnable de vouloir exploiter davantage la nappe de l’Orb et pourtant, vu la baisse du niveau de la nappe astienne, certaines communes littorales (Valras, Sauvian, Sérignan) ont commencé à utiliser l’eau de l’Orb. Si la population et l’afflux touristique continuent à augmenter, la pénurie d’eau est inévitable. Mais loin d’y remédier, le SCOT se donne pour objectif d’attirer 58.300 habitants supplémentaires d’ici 2025. C’est inacceptable
UN  SCOT  INADAPTE
Elaboré à l’échelle des 87 communes du grand Biterrois, le SCOT a pour ambition déclarée de mettre fin aux dérives des communes et de planifier sagement d’ici 2025 l’usage qui doit être fait de ce vaste territoire.

Les techniciens qui ont travaillé à l’élaboration du SCOT ont fait souvent des constats lucides mais les élus qui ont décidé les orientations du D.O.G. (document d’orientations générales) n’ont pas tiré les conséquences des constats faits par les techniciens. Au lieu de stabiliser la démographie et d’arrêter le bétonnage, le SCOT  veut accueillir 58.300 habitants de plus et urbaniser 2.250 ha supplémentaires. Prenons quelques exemples des contradictions entre constats et orientations du D.O.G.:

  • 1- Le SCOT (Diagnostic « Regard transversal sur le littoral ») reconnaît que dans les 6 communes situées en bord de mer (d’Agde à Valras) plus du tiers de la surface déjà urbanisée est en zone inondable. La montée du niveau de la mer consécutive au réchauffement climatique et l’urbanisation ne peuvent qu’aggraver les inondations. Pourtant le SCOT autorise la poursuite de l’urbanisation dans les espaces proches du rivage.
  • 2- Le SCOT reconnaît aussi (« Regard transversal sur le littoral »)que, au rythme actuel, ces 6 communes auront urbanisé toutes leurs réserves foncières dans seulement 7 ans ! Au lieu d’y interdire tout nouveau bétonnage, le SCOT se contente de diviser par 2 la vitesse actuelle de l’urbanisation. Au lieu de 7 ans, ce sera 14 ! Cela nous fait une belle jambe.
  • 3- Dans ces 6 communes le SCOT recense tous les projets de bétonnage
    A Agde 50 ha de plus seront urbanisés sur les sites de Malfato et Batipaume.
  • Vias plage projette de s’étendre sur 17 ha.
  • Port Sérignan consommerait 15 ha de plus pour des équipements portuaires.
  • Le village de Sérignan projette de s’étaler sur 47 ha de plus.
  • Vendres page consommerait 14 ha supplémentaires pour accueillir davantage de touristes.
  • Même Valras dont le territoire est totalement bétonné, voudrait s’étendre encore sur 15 ha. Ce qui ne serait possible qu’en zone rouge interdite.
  • A tous ces projets le SCOT donne le feu vert (D.O.G. 233)
  • 4- Le SCOT reconnaît que les projets de nouvelles zones commerciales sont excessifs puisque les moyennes et grandes surfaces commerciales  croîtraient 2 fois plus vite que la démographie. Pourtant le SCOT ne s’oppose à aucun de ces projets (D.O.G  412 et 42).
  • 5- Enfin en ce qui concerne la fréquentation des espaces naturels le SCOT (dans la partie du diagnostic intitulée « Regard transversal sur le littoral ») reconnaît avec une grande lucidité (merci aux techniciens) que même quand cette fréquentation se veut respectueuse des sites, elle entraîne, au-delà d’un certain seuil de fréquentation, la dégradation de ces espaces par piétinement et recul du couvert végétal, érosion des dunes, recul de la biodiversité. Pourtant le SCOT souhaite et programme le développement du tourisme. Mais en condamnant ainsi les espaces naturels à la dégradation, le SCOT scie la branche sur laquelle le tourisme est assis.
  • Enfin un SCOT devrait respecter la loi et veiller au respect de la loi par les communes. La loi littoral a pour but notamment de protéger le littoral contre le bétonnage à outrance. Cette loi n’autorise l’urbanisation dans les espaces proches du rivage que si elle se fait en continuité avec le tissu urbain existant ou en hameaux intégrés à l’environnement. Un hameau est un groupe d’habitations trop petit pour être un village. Mais il est des mairies qui sur ce point tentent de violer la loi en faisant passer pour « hameau » des opérations bien plus lourdes. Ainsi dans le D.O.G 233  il est question de bâtir à Vias un « hameau » nouveau non pas de 8 maisons mais de 8 hectares et à  Vendres plage de construire un « hameau » de 14 hectares. Excusez du peu. Au lieu de s’opposer à ces évidentes violations de la loi littoral, le D.O.G. leur accorde sa bénédiction. A quoi bon soumettre les PLU à un SCOT si le SCOT ratifie toutes les dérives des PLU ?

SCOT  ET  BIODIVERSITE

Une des obligations légales du SCOT est de contribuer au maintien de la biodiversité. Or les 87 communes couvertes par le SCOT totalisent pas moins de 62 espaces reconnus officiellement comme ZNIEFF (zones naturelles d’intérêt écologique floristique et faunistique). Il s’agit de zones dignes d’intérêt et de protection par leur richesse en faune et en flore. Sur ces 62 ZNIEFF 2 sont des réserves naturelles nationales : le Bagnas et Roque-Haute. On pouvait donc espérer des mesures fortes du SCOT pour protéger et valoriser cette biodiversité, ne serait-ce qu’en raison de l’atout touristique qu’elle constitue et des agréments qu’elle procure aux résidents permanents.
Or le SCOT reconnaît que tous les espaces remarquables ne sont pas protégés par les PLU communaux mais n’exige pas leur protection. La réserve naturelle de Roque-Haute est aussi une des 35 réserves biogénétiques déclarées par l’Etat français. Elle n’en est pas moins à l’abandon, à la dérive, sans aucun plan de gestion. Le SCOT ne contient aucune mesure pour sauver ce qui peut l’être dans cette réserve
Pour savoir si le SCOT a rempli son obligation légale de maintien de la biodiversité, il faudrait un recensement de cette biodiversité en début et en fin d’exercice donc en 2012 et en 2025. Ce recensement n’est ni fait ni envisagé.
D’autre part un SCOT doit légalement contenir une évaluation environnementale. Le meilleur critère pour évaluer un environnement, c’est le niveau de sa biodiversité. Si l’environnement s’améliore, la biodiversité progresse. Si l’environnement se dégrade, la biodiversité s’effondre. Ainsi les truites, qui exigent une eau pure et bien oxygénée, sont les meilleures sentinelles de la qualité d’un cours d’eau. Que vaut l’évaluation environnementale du SCOT puisqu’elle ne comporte aucun recensement des espèces animales et végétales ?
Il est vrai que recenser la biodiversité, c’est s’exposer à trouver des espèces protégées sur un espace qu’on voulait bétonner. Voilà peut-être pourquoi on a jugé prudent d’éviter tout recensement.   

 

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