Faits divers

BEZIERS - Discours de Robert MENARD POUR LA CÉRÉMONIE COMMÉMORATIVE DU MASSACRE D'ORAN

Discours de Robert MENARD prononcé ce jour pour la cérémonie commémorative du massacre d'Oran…

Discours de Robert MENARD prononcé ce jour pour la cérémonie commémorative du massacre d'Oran du 5 juillet 1962.

Mesdames et Messieurs les élus municipaux,

Mesdames et Messieurs les présidents d'associations,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Notre pays est parmi les mieux classés au championnat du monde des commémorations. Notre calendrier est plein de dates qui, presque chaque semaine, amènent des officiels à se rassembler devant une plaque ou face à un monument. La France célèbre, la France commémore, la France fête.

Si certaines de ces cérémonies se justifient, bien d'autres ne sont que des tributs payés par nos gouvernants au politiquement correct, à l'historiquement correct.

La France de notre siècle est très forte pour demander pardon. Pardon pour le colonialisme, pardon pour l'impérialisme, pardon pour l'esclavage, pardon de ne pas avoir demandé pardon.

Mais il est des gens auxquels la France, la France de ceux qui nous dirigent, ne demande jamais pardon : ce sont les Français. Et tout particulièrement les Français d'Algérie. Et plus encore les Français victimes des massacres du 5 juillet 1962 à Oran.

Nous Pieds-noirs, nous Oranais, nous n'avons pas droit à ces délicatesses. Elles sont réservées aux morts de Charonne ou du FLN.

Il y a le souvenir, il y a la mémoire, il y a l'histoire, et puis, plus fort que tout, il y a l'indifférence. L'indifférence qui fait que l'on est seul avec son souvenir, seul avec sa mémoire, seul avec son histoire. Nous, Pieds-noirs d'Oran, voilà 54 ans que chaque 5 juillet, nous sommes seuls, 54 ans que l'Etat nous abandonne à la solitude.

Comme si nos morts étaient coupables. Comme si nos deuils étaient indécents. Comme si nous n'existions pas.

Où est le représentant de l'Etat aujourd’hui ? Où est-il ? Les massacres du 5 juillet constituent pourtant le plus grand massacre de civils français depuis plus de 50 ans.

Mais il est vrai que cette absence de l'Etat se justifie : l'assassin veut oublier son crime. Car c’est bien là la vérité : si les égorgeurs étaient bien du FLN, le massacre du 5 juillet n'a pu avoir lieu que parce que le gouvernement français d'alors a laissé faire et ce en toute connaissance de cause.

Voici deux semaines environ, nous commémorions l'appel du 18 juin. J'ai prononcé un discours que certains membres d'associations pieds-noirs m'ont reproché. J’avais salué le rôle unique du général de Gaulle en cette journée où l'honneur de la France fût sauvé. J'avais pris soin de distinguer cet épisode glorieux de celui que ce même général de Gaulle joua en Algérie.

Il paraît que j'ai eu tort. Il paraît qu'il est interdit de dire quoi que ce soit de positif sur le général de Gaulle, même au titre du 18 juin. J'eusse aimé que ceux qui me font ce reproche aient eu le courage et la cohérence depuis des années d'interdire à ceux qui se prétendent les héritiers politiques du général de Gaulle de participer à leurs cérémonies. Que je sache, ils ne l’ont jamais fait…

Alors, voici ce que je veux dire, pour que ce soit clair pour tout le monde, pour que ce soit clair entre nous. La cause de l'Algérie française est trop chère à nos cœurs, à mon cœur, mais aussi trop importante en ce qu'elle dit de notre avenir si demain, nous étions minoritaires chez nous, la cause de l’Algérie française est trop importante pour que nous puissions nous offrir le luxe de la division et de la querelle.

Je le redis ici : le général de Gaulle fut grand le 18 juin 1940. Mais le 5 juillet 1962, il fut ignoble. En ce jour, comme en d'autres jours terribles de la guerre d'Algérie, il fut un menteur, un manipulateur et un traître. Il a sacrifié les Pieds-noirs à son ambition. Tous ceux, militaires et civils, hommes, femmes et enfants, tombés après les accords d'Evian sont ses victimes.

Il voulait éviter, paraît-il – c'est l'excuse de ses partisans – que « Colombey-les-deux-églises ne devienne Colombey-les-deux-mosquées ». Il n'aura rien évité ! Lâcher l'Algérie française, c'était, certes, gagner quelques décennies de vil soulagement mais, à terme, c'était lâcher la France. Nous le voyons tous les jours un peu plus depuis le début de ce siècle.

De Gaulle, c'est le grand reflux français, c'est la fin de la volonté française, la fin du grand rêve français. De Gaulle peut sembler aujourd'hui un géant à nos contemporains car ceux qui lui succédèrent furent de plus en plus petits. Mais il est l'homme du renoncement. Il préfigure les imposteurs à venir. Il annonce la décadence qui est la nôtre.

Mais assez parlé des coupables et des traîtres ! Songeons aux victimes. Aux morts d'Oran comme à tous ceux de l'agonie de l'Algérie française et notamment aux harkis et à leurs familles, trahis, eux, à deux reprises !

Songeons à ces vies tranchées, au martyr de certains tués dans des conditions abominables, abjectes. Oui, songeons à eux, un moment, en silence. Je vous demande cet instant de silence. Pensez à eux. (silence)

Oui, vous les morts du 5 juillet, si nous sommes là, c’est pour vous. Pour que votre sang n'ait pas coulé en vain. Votre sang est le nôtre et notre sang est votre éternité.

Nous n'oublions pas. Nous ne vous oublions pas. Nous ne pardonnons pas. À un demi-siècle de distance, nous continuons le combat. Dans l’honneur. Dans la fidélité !

Chers amis, vive l'Algérie française ! Vive ses combattants ! Vive la France ! 

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