Culture & Loisirs

BEZIERS - SUR LES QUATRE CORRIDAS DE 2016

Vendredi 12 Août - NI DIEU(X), NI MAITRE(S) - 2 toros de Bohorquez pour Mendoza -…

Vendredi 12 Août – NI DIEU(X), NI MAITRE(S) – 2 toros de Bohorquez pour Mendoza – 4 Garcigrande pour Castella et Lopez Simon

Seul le torero à cheval aura tiré son épingle du jeu, sa réputation n’étant plus à faire on va juste se réjouir qu’à l’inverse de l’année dernière ses deux adversaires de Fermin Bohorquez n’ont pas joué le rôle de « Comtoises » déposées au centre du ruedo autour desquelles il faut tourner à cheval, mais ont donné du jeu et permis au torero de s’exprimer. Notez qu’au rejon, lorsque le toro à du mal à tomber après un rejon de mort, le cheval en passant lui met un coup de tête et provoque sa chute sous les applaudissements. Que d’oreilles perdues après de grosses faenas nos toreros à pied auraient coupées si les cuadrillas avaient le droit de pousser un peu ces toros morts debout qui nous font parfois râler… Ce cheval (le gris sorti au second toro), par ailleurs très applaudi pour ses quiebros larges et ses circulaires templées autour du toro. Sinon, des farpas, des quiebros, des banderilles, le tout très appliqué, entraineront une oreille méritée au deuxième pour Pablo Hermoso de Mendoza.

Passons aux 4 toros de Garcigrande : le premier, n° 12, petit toro, bien fait, bien présenté sera pour moi le seul intéressant de la tarde. Il pousse au cheval et s’emploie sur une rencontre suivie d’un picotazo, remate bien lors d’un bon tercio de banderilles où Chacon très en verve pose deux bonnes paires, et est brindé au public par Sébastien. Va suivre une faena de muleta intéressante avec notamment une série à gauche sans l’ayuda pour de très belles naturelles, le toro s’avère noble, il vient de loin même sans le cite, Castella conclut d’une épée un peu tendue mais efficace ; et tombe la première (et la dernière) oreille de la tarde.

Au cinquième, toro castaño lourd et bisco de cornes, un peu sifflé dès sa sortie, Sébastien ne pourra pas mener une faena jusqu’au bout. Pourtant peu piqué le toro va aller à menos et montrera à la muleta un comportement soso et sans aucune classe. Le toro ne s’étant employé à aucun tercio, Castella aura du mal avec l’épée : tiers de lame, deux avis, un descabello.

Le premier toro pour Lopez Simon aurait pu lui aussi provoquer un succès. Bon toro qui prend deux petits puyazos en s’employant, réalise un bon tercio de banderilles et permet une faena. Notons que d’entrée, le public avait vibré sur un beau récital de cape.A la muleta il va se révéler très noble quoiqu’un peu faible, Alberto fait trois séries à gauche magnifiques, la dernière conclue par trois belles passes de poitrine, mais ensuite se fait désarmer. De bons adornos pour conclure et aller chercher un trophée mais hélas cela ne se passera pas bien avec l’épée, un pinchazo et une épée tombée ne lui octroient que des applaudissements.

Après la Coupo Santo, sort le plus gros de la tarde (540kg), qui va faire illusion jusqu’au dernier tiers, il pousse bien au cheval, prends trois bonnes paires de banderilles, puis arrive la muleta. Là, le toro se décompose, et commence à s’avérer parado, la faena va de suite aller à menos avec un toro qui refuse même les passes de pecho. Les six et septièmes séries seront un calvaire pour le Alberto Lopez Simon qui n’arrive plus à faire imbestir ce toro et conclut la corrida par un couac, comme rien de bien étincelant n’avait précédé cette défection, le public sort assez déconfit d’une tarde « regular ».

Samedi 13 Août – CORRIDON 6 toros de Joachim Nuñez pour : Castella, Talavante, Roca Rey.

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas fort heureusement, et les trois toreros, au dessus du lot de Cuvillo, ont réussi à redonner la banane à un public tout de même un peu frileux devant une course éclectique, riche, et pleine de competencia.

Le premier toro, au nom de Farfinillo 540kg, pour Sébastien Castella sort « abanto », pousse peu au cheval sur une pique et demie, ne rémate pas aux banderilles, bref tout va mal. De muleta cela ne va pas s’arranger malgré les efforts de Sébastien qui tente tout pour construire une faena sur les deux cornes, il va même écouter la musique sur une série à gauche, mais il se fait désarmer et le toro ne s’arrange pas. Epée non concluante et deux descabellos.

En quatre sort « Volandero », toro negro mulato de 535kg, peu piqué (il sort seul du cheval sur la deuxième) il permet à Talavante un grand quite avec trois véroniques profondes et suaves. Piqué par la prestation de Roca Rey, Sebastien Castella va montrer au public que lui aussi sait soulever les tendidos. Il débute au centre par des passes cambiadas terminées par une excellente série, c’est un début de faena époustouflant que nous sert Sébastien. Après trois séries à droite avec la musique, il prend la main gauche mais va se faire désarmer, il se reprend mais à partir de là, la faena baisse d’intensité et le torero part sur des adornos habituels aves des circulaires devant la tête du toro. Tout ça va un peu à menos, heureusement l’estoconazo sous la présidence suivi d’une mort rapide vont faire tomber deux oreilles du palco.

Deuxième toro : Talavante sert de très bons capotazos à « Campanito » toro negro mulato de 516kg, puis le fait peu piquer (comme ses copains) mais le toro est très bien banderillé par deux peones qui auraient mérité de saluer en piste. Après une bonne entame au centre par statuaires, Talavante va distiller de très agréables passes, d’abord à gauche, puis à droite pour revenir sur de très belles naturelles à gauche, tout cela sans jamais se faire toucher la muleta, en templant, et va terminer ce petit chef d’œuvre par de très beaux adornos de la main gauche. Epée un peu tombée, le toro est long à mourir, mais les connaisseurs et le président ne s’y trompent pas : Une oreille méritée malgré une pétition un peu juste. A noter l’excellent quite de Roca Rey qui montre déjà le bout de son nez.

En cinquième sort « Perdicero » cataño chorreado qui prend une pique la deuxième étant en faux, et trois bonnes paires de banderilles. Entame spectaculaire à genoux, en toréant, avec beaucoup de temple. S’ensuivront 7 séries en alternant main gauche et main droite, comme au premier, avec une fin de faena conclue par des naturelles à gauche sans l’ayuda frisant la perfection. Une épée entière, concluante, mais le public reste froid et peu de mouchoirs s’agitent. Ni musique, ni pétition, c’est à n’y rien comprendre…

Au troisième toro arrive l’ovni Roca Rey, on le connaissait de novillero, beaucoup l’ont vu de torero su Canal Digital, il était attendu, il triomphe partout depuis son alternative et on va comprendre pourquoi… Le troisième toro « Lanolo » n°35 est lourd, 535kg, il tombe d’entrée mais va un peu s’employer au cheval. Après un très beau quite au centre il prend deux belles paires et Roca le brinde au public. Le torero débute par trois passes cambiadas au centre du ruedo et envoie de l’émotion, c’est gonflé sur les terres de Castella ! S’ensuivent deux séries une à droite puis il prend la main gauche et le palco envoie les « Armagnacs ». Le toro bon jusqu’ici va perdre de la force et devient dangereux, ainsi sur les dernières séries, Roca Rey est obligé de faire preuve d’une extrême aguante pour terminer les passes. Re séquence émotion à chaque série. Le torero fait preuve de dominio, il montre qu’il possède un sitio extraordinaire, et il termine la faena par d’excellentes manoletinas. Un tiers de lame pour conclure, le toro tombe puis se relève, mais cela n’empêche pas une grosse pétition, le public veut les deux oreilles mais n’en obtient qu’une.

Au sixième toro, « Lamenito » un negro mulato de 520kg, Roca Rey est au pied du mur, le chef de lidia a coupé deux oreilles et s’est assuré la grande porte mais lui n’en a qu’une… Alors le répertoire débute par une très bonne entame au capote avec des passes de cape à la perfection. Ensuite une très belle mise en suerte au cheval, andarin (en marchant), pour, là aussi une pique et demie. Très bon tercio de banderilles qui aurait du appeler les peones à saluer en piste et arrive la muleta. Roca Rey entame sa faena à genoux, répondant ainsi à Talavante, entame extraordinaire, en toréant, avec changement de main, si bien que les « Armagnacs » sont sollicités d’entrée. Une série à droite, puis six passes extraordinaires à gauche, ensuite c’est difficile à expliquer, il fait de tout, à gauche à droite dans la même série, et comme le toro en a un peu marre, il termine par des passes dans les cornes, des circulaires inversées ou non, des desplantes en pleine série, il y a du Cordobes, du Paco Ojeda, du José Tomas dans ce garçon qui conclue la course par un estoconazo sous le palco. Hélas le toro est long à tomber et Roca ne coupe qu’une oreille, cela lui en fait deux mais à Béziers il faut couper au moins deux sur un toro pour sortir par la grande porte donc, seul Sébastien sort à hombros, mais quelle course..! Public ravi consolé de la veille.

Dimanche 14 Août : « RENDEZ NOUS LES MARGÉ ! » pour D. Urdiales, Juan Bautista, David Mora

Ils sont passé où, ces toros des Monteilles qui sortaient du feu de Dieu, qui mettaient les reins au cheval, et qui faisaient l’avion pendant des secondes interminables dans des faenas de muleta où les figuras se seraient bouffé les ongles pour pas avoir signé le contrat ? Comment un cartel aussi bien monté, peut-il finir en sucette ? On m’aurait demandé, cette année, quelle corrida aller voir, j’aurai conseillé celle-là, et bien ça l’a pas fait, méconnaissables ces toros pourtant de présentation irréprochable mais avec tant de défauts…

On change le premier toro, « Gamberro » N°158 negro bragado par le 114 nommé « Campero », negro, joli toro veleto et très bien fait, hélas Diego Urdiales se confie peu, il fait le strict minimun devant un des rares bichos qui pouvaient sauver cette course. A son second, « Decidor », colorado de 500kg, grand toro qui demandait a être toréé, Urdiales ne trouve pas les clés et abrège la faena. Pitos et applausos.

Juan Bautista connait bien les toros de Margé et quand sort « Zingaro » toro negro de 500 kg, il délivre une très bonne série au capote avant de le faire piquer une fois et demie. Très bon tercio de banderilles, puis arrive la faena de muleta où JB va tout essayer, le toro s’avère bon à droite mais se confie peu sur sa corne gauche, qu’importe, on a une faena et pour conclure Juan tente le recibir. Il y parvient à son second essai et coupe la seule oreille de cette course.

Le Margé qui sort en cinquième pour JB se nomme « Tramposo », toro mulato chorreado de 550kg, il va montrer des signes de querencia dès le premier tercio. Pourtant, ce toro va et s’emploie même au cheval par deux fois, et après un bon quite de David Mora, fait un bon tercio de banderilles où brille particulièrement Rafael Viotti qui était lidiando au premier de Juan bautista et qui s’est investi sur tous les toros de cette course. J B sort ce toro de sa querencia pour le toréer au centre, mais durant toute la faena ce sera une obsession pour le bicho de retrouver son refuge aux planches, lorsque le torero prends l’épée de mort, le toro tombe et JB est obligé de descabeller deux fois. Silence .

Troisième toro pour David Mora, « Artesano », 530 kg, colorado. Prend deux petits picotazos sans pousser, tombe au quite d’Urdiales et se laisse banderiller. Ce toro va s’éteindre à la faena de muleta, David le tue d’un pinchazo suivi d’un vilain bajonazo.

Le sixième va un peu s’employer au cheval pour deux piques bien données de loin (la seconde sans prendre de fer). Tercio de banderilles épique, et interminable, et dès que la faena de muleta démarre, il se réfugie aux planches, Mora le suit, va le toréer dans sa querencia, se retrouve aux planches côté tendidos sol, ce qui donne un accent pamplonico à cette faena, et le tue au soleil d’une bonne épée. Une oreille entre dérision et mérite.

Ce ne fut pas un aburrimiento, mais trop de défauts, de lacunes, et un manque de force du bétail n’ont pas permis qu’il y ait corrida.

Lundi 15 Août : HAY MIURADA ! pour Rafaelillo, Medhi Savalli et Alberto Lamelas

Cela commence bien pour Rafaelillo qui aura bien sortéé cette miurada en tombant sur les deux meilleurs du lot. D’entrée le N° 41, 5 ans, « Higuerito » 661kg, qui semait la terreur dans les corrales au point qu’on dut le mettre à part, est applaudi de salida, s’emploie par deux fois au cheval et prends trois paires de banderilles sans remater. Rafaelillo le torée par des séries à droite, il tente la gauche de façon courageuse car ce n’est de toute évidence pas sa corne, donnes des adornos et deux desplantes pour la photo puis envoie l’épée pour une entière efficace, le toro tombe « sin puntilla » et déclanche une nuée de mouchoirs majoritaires : une oreille.

En quatrième sort « Aldeano » toro càrdeno de 589 kg marqué du 2. Il va prendre deux bonnes piques dont une depuis le centre de la piste. Rapide tercio de banderilles et arrive le chiffon rouge. Rafaelillo à vu son toro et lui sert deux séries à droite qui déclanchent la musique. Il va se faire désarmer sur la gauche mais se reprend et sort une grande faena à ce toro qui nous fait tous nous demander depuis quand on n’a pas vu un miura aussi bon ? C’est aussi le grand mérite du torero de n’être pas passé à côté et de se permettre sur la fin de la faena des passes improbables qu’on ne donne d’habitude qu’aux toros d’un autre sang…Grande épée, concluante et quand Aldeano tombe c’est la pétition absolue pour deux oreilles qu’accorde la présidence ainsi qu’une vuelta pour le toro. Grand moment !

En deuxième Medhi Savalli va attendre « Volandero » à porta gayola. Le N° 80 càrdeno mulato sort comme une fusée et s’engouffre dans le capote de Medhi donnant des frissons à tout le monde. Ce toro ne s’emploie pas au cheval, il prend deux petites piques et sort seul. Le tercio de banderilles exécuté par le torero lui-même, sous un ciel de 15 août et accompagné par les armagnacs enflamme le public. Ensuite, Medhi attaque sa faena à l’estribo. Le miura s’avère faible, et lorsque Medhi l’amène au centre on comprend qu’il n’y aura pas de faena. Deux vilaines épées pour conclure : salut au torero et pitos pour le toro.

Le quinto de la tarde est « Rosalino » un càrdeno mulato de 584kg, il prend deux bonnes piques en poussant, puis Medhi réédite le scénario du second aux banderilles avec une excellente troisième paire « al violin ». Public debout ! De muleta, ce toro s’avère intéressant et noble, après trois séries à droite Medhi va se faire désarmer sur la corne gauche, et la faena ira un peu à menos. Le toro reste un miura et s’avère un peu trop compliqué pour le torero qui sort d’une saison blanche. Vaillant jusqu’au bout, celui-ci conclut par une belle épée efficace et obtient la reconnaissance du public : une oreille.

Alberto Lamelas aussi montre qu’il est un guerrier et va attendre « Luminoso » toro negro de 546kg à porta gayola. Troisième toro de l’après-midi compliqué et qui prend un trop grand nombre de capotazos avant d’aller au cheval. Il accepte tout de même 3  bonnes piques avant un tercio rapide de banderilles. Alberto brinde et se montre vaillant devant un miura compliqué, bonne faena de courage et une épée qui ne suffit pas, deux descablellos feront tomber le toro, le terero est applaudi.

Au sixième toro, « Ventano », miura de 600kg, càrdeno salpicado, Lamelas se fait avertir d’entrée au capote. Le toro prend deux bonnes piques et trois bonnes paires de banderilles, puis accepte trois séries de derechazos. Une série à gauche plus tard, Alberto se bat comme un beau diable, avec ses moyens, dans une tauromachie qu’il faut adapter au toro de miura. Très belle estocade, le dernier toro de la féria tombe sous les applaudissements d’un public ravi d’avoir revu de vrais « Miuras ». Alberto Lamelas applaudi.

A noter pour cette édition de la féria 2016 : un discours émouvant et prenant d’un Richard Pascal dans un grand jour (voir plus bas : « On veut éradiquer votre mémoire ancestrale ! »).
Le retour de David Mora qui a fait plaisir à tous.
Une excellente musique des Armagnacs d’Eauze.
Le bon comportement des cuadrillas dans l’ensemble de la féria. 
A l’année prochaine.

Tierry GIRARD de la PEÑA EL CAMPO pour Lo Taure Roge

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