Boom des besoins de main-d’œuvre annoncés par les entreprises

Les entreprises prévoient des besoins en main-d’œuvre en forte croissance, d’après l’enquête annuelle de Pôle Emploi. Les petites et moyennes entreprises sont particulièrement concernées, mais elles se heurtent à des difficultés de recrutement.

En 2016, les entreprises ont affiché des intentions d’embauches en forte augmentation par rapport à 2015. Le 19 avril dernier, à Paris, Pôle Emploi a présenté son enquête BMO 2017 sur les besoins en main-d’œuvre des entreprises. Réalisée avec le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) depuis 2012 auprès de 2,3 millions d’établissements, cette étude décrit les besoins de main-d’œuvre déclarés par les entreprises, ainsi que leurs difficultés de recrutement, détaillés par métier, secteur d’activité, type d’entreprise et bassin d’emploi.

Une progression de 8,2 %

« Cette année, nous avons une hausse très importante des projets de recrutement », débute Stéphane Ducatez, directeur des statistiques, des études et de l’évaluation chez Pôle Emploi. Au total, les entreprises ont déclaré près de 149 000 projets de recrutement de plus que l’an dernier, soit une progression de 8,2 %. Avec près de 2 millions d’intentions d’embauches, il s’agit d’un « niveau record », commente Stéphane Ducatez. Un record qui repose sur l’augmentation du nombre d’entreprises souhaitant embaucher : sur le plus long terme, 17,7 % des entreprises envisageaient de recruter en 2002, contre 22,4 % cette année. Les motivations également ont évolué  : dans près de la moitié des cas, il s’agit de faire face à un surcroît d’activité et dans 15,6 % des cas, de développer une nouvelle activité. Ces motivations sont croissantes, alors que celles liées à un remplacement définitif (22,5 % des cas), ou temporaire (12,4%) d’un salarié sont en diminution. Par ailleurs, près de 58 % des projets d’embauches annoncés par les entreprises concernent des emplois durables, contrats à durée déterminée ou contrats de plus de six mois. Cette proportion est en légère hausse par rapport à l’an dernier. Prudence toutefois, sur le plan statistique, les années précédentes, les intentions d’embauche des entreprises ne se sont pas traduites par des augmentations nettes de l’emploi dans les mois qui ont suivi, précise Pôle Emploi.

Des projets plus nombreux dans les PME

Spécificité, cette année, « ces intentions émanent principalement de petites entreprises. Or les demandeurs d’emploi n’ont pas forcément le réflexe de prospecter ces entreprises », poursuit Stéphane Ducatez. Du fait de leur poids dans l’économie, les établissements de moins de 10 salariés représentent 46 % des embauches potentielles de 2017. En particulier, les sociétés qui comptent entre un et quatre salariés sont celles qui voient leurs intentions d’embauches progresser le plus (13,9 %), pour atteindre 387 300 projets. Pour autant, plus les entreprises sont grandes, plus elles déclarent vouloir embaucher : près des trois quarts des entreprises de plus de 200 salariés annoncent ce type de projet, alors que, pour les sociétés sous le seuil des 50 salariés, cette proportion chute à moins de la moitié. Les entreprises ayant entre 5 et 10 salariés sont moins du quart à vouloir embaucher. Cette proportion descend encore pour celles employant de 1 à 4 salariés (14,8%), et remonte ensuite à 27,4 % pour les entreprises qui ne comptent aucun salarié.

Tous les secteurs d’activité sont concernés

Autre tendance, « on a une hausse des intentions d’embauches dans tous les secteurs d’activité », annonce Stéphane Ducatez. Les besoins de main-d’œuvre annoncés dans les services, qui représentent 64 % du total, ont progressé de 7 %, portés par une croissance particulièrement vive dans les services aux entreprises. Mais les pics d’intentions d’embauches se concentrent dans la construction (22,5 %), le commerce (10,2 %) et l’industrie manufacturière (9,6 %). Certains sous-secteurs spécifiques connaissent une augmentation encore plus importante de leurs projets de recrutements, à l’image de l’hôtellerie-restauration (34,9 %), du secteur sanitaire et social (27,3 %), des activités informatiques (25,8 %), de la fabrication de matériel de transport (40,9 %) ou encore de la filière chimie-pharmacie (34,6%).

La métropolisation de l’emploi se confirme

En revanche, si tous les secteurs, bien que de manière inégale, bénéficient d’intentions d’embauches, ces dernières ne sont pas également réparties sur le territoire : « les intentions d’embauches se situent d’abord dans les grandes métropoles et dans les zones touristiques », synthétise Stéphane Ducatez. A elle seule, l’Ile-de-France concentre 17,5 % des projets, suivie des régions Auvergne-Rhône-Alpes (12,9 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur (10,9 %) et Hauts-de-France (6,8 %). Parmi les zones qui concentrent le moins de projets d’embauches figurent le Centre-Val-de-Loire et la Normandie (3,7 %). Pour autant, en métropole, cette dernière région est en tête des zones les plus dynamiques en ce qui concerne l’augmentation du nombre de projets depuis l’an dernier, avec un taux de 28,1 %. Elle est suivie des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (12,5 %) et Bourgogne-Franche-Comté (11,5 %).

Des difficultés à recruter

En corrélation avec ce boom des intentions d’embauches, l’étude de Pôle Emploi pointe également une très nette augmentation des difficultés de recrutement. 37,5% de ces projets sont jugés difficiles à mettre en œuvre par les entreprises, contre 32,5 % l’an dernier, soit une hausse de 5 %. En particulier, ces difficultés « sont plus nombreuses dans les petites entreprises qui ne disposent pas de service RH [ressources humaines] et dont les chefs d’entreprise n’ont pas forcément d’expérience dans ce domaine », souligne Stéphane Ducatez. Si, dans les entreprises de plus de 200 salariés, 28,5 % des projets sont jugés difficiles, ce taux grimpe à 40 % dans les entreprises employant entre un et 50 salariés qui déclarent rencontrer « des difficultés », et à 44,6% dans celles de 5 à 10 salariés. Les soucis peuvent être de natures diverses : « les employeurs mettent en avant les candidatures », explique Stéphane Ducatez. Cela peut aller de l’inadéquation des profils (manque d’expérience, de diplôme ou de motivation dans 81,3 % des cas) à la pénurie de candidats. De nombreuses entreprises évoquent également des difficultés liées au manque d’attractivité du poste, à sa pénibilité ou à la faible rémunération proposée, ainsi qu’à l’image du secteur.

Anne DAUBREE

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