Castelnau-le-Lez : glissement de terrain dans le projet de Maison du numérique
Le projet de Maison du numérique portée par le maire de Castelnau-le-Lez Frédéric Lafforgue se transforme-t-il en nouveau point noir du mandat ? Alors que plusieurs recours gracieux ont été adressés à l'édile, des opposants au projet vont saisir le tribunal administratif.
Après l’abandon du projet des trois tours et de celui de déplacement de la clinique à Sablassou, avortés, la Maison du numérique serait-elle le prochain bug du mandat ? “Notre recours a mis en lumière les différentes aberrations de ce projet, explique Julien Miro, conseiller municipal d’opposition et président de l’Observatoire de Castelnau-le-Lez. On attendait une réponse du maire, mais sur chacun des points soulevés, il se contente d’un “circulez, y’a rien à voir”.” Depuis deux mois, les 300 adhérents de l’Observatoire et les 65 familles riveraines du projet de Maison du numérique attendaient en effet une réaction du maire, Frédéric Lafforgue, à leur recours gracieux au permis de construire.
Un projet à 5,2 millions d’euros
Devenu “Pole’N” le projet prévoit, sur le terrain qui jouxte le collège Frédéric-Bazille, une Maison du numérique avec un espace de co-working, des formations au digital ou encore l’accès à certains équipements spécifiques, pour un montant prévu aujourd’hui à 5,2 millions d’euros. “Et cette somme n’inclut pas les équipements ni le coût de fonctionnement”, précise Julien Miro qui ajoute : “Nous nous opposons à ce projet car il ne répond à aucun besoin. Ce sont des missions qui sont déjà assurées par les maisons de proximité.”
L’élu de droite soulève aussi différents problèmes avec le permis de construire. Le stationnement, d’abord, puisque 15 places sont prévues pour un établissement pouvant recevoir jusqu’à 200 personnes. “Avoir autant de monde sur ce lieu va donc créer aussi des nuisances, poursuit l’opposant. Et il y a en plus un risque d’inondation puisque tout le haut du quartier est artificialisé et il était prévu d’y faire un bassin de rétention.” Il dénonce aussi un manque d’honnêteté et de visibilité dans l’affichage obligatoire : “L’affichage actuel sur le terrain est trompeur. Le panneau annonçant la Maison du numérique mesure 1,2 m sur 0,8 m et se situe à l’extrémité du terrain. Deux panneaux annonçant une crèche (qui est un autre projet sur un terrain contigu, plus loin) sont installés sur le mauvais terrain – celui de la Maison du numérique – et mesurent chacun 3 m sur 1,40 m”.
Quatre recours, dont un émane de la majorité
En effet, en 2020, l’actuel maire prévoyait de faire de ce lieu un parc, un “espace partagé en coeur de ville dédié aux usages de chacun” comme le promettait son flyer de campagne. Une situation que dénonce également Carine Barbier, conseillère municipale du groupe “Ensemble pour Castelnau”. “Cette zone devait être un parc, c’est maintenant un non-sens et un gouffre financier. Il faut préserver ce terrain, explique-t-elle, en faire un parc arboré. Il sert aux collégiens d’à côté pour faire des activités sportives. De plus en plus d’habitants s’opposent à l’artificialisation des sols à Castelnau“.
En tout, quatre recours gracieux contestent ce permis de construire. L’un d’eux émane du sein même de la majorité, celui de Jean Koechlin, septième adjoint de Frédéric Lafforgue à la ville durable et riverain du terrain en question. “Je reste dans la majorité car j’essaie de faire modifier le permis. Il faut selon moi faire deux permis, un pour le parc sans construction, comme nous l’avions promis aux habitants, et un autre pour le bâtiment proprement dit. Pour le second, il faudrait attendre les prochaines élections et soumettre le projet au vote des citoyens.” Très attaché à ce projet de parc, l’élu précise : “là-dessus, je quitte la majorité sans problème.”
Le recours gracieux va devenir un recours contentieux
Contacté, le maire Frédéric Lafforgue répond, par écrit, que “dans le contexte juridique actuel et au vu des délais de recours juridiques, [il] ne peut pas apporter d’éléments de réponse”. Prochaine étape, donc, pour cette Maison qui prend l’eau : le recours gracieux de l’Observatoire et des riverains, porté par Julien Miro, va devenir un recours contentieux dans quelques semaines. “Suite à la réponse du maire, on a deux mois pour introduire un recours administratif. Nous allons aller au bout du délai légal avant le dépôt formel du dossier pour laisser à ceux qui le souhaitent le temps de signer”.