CENTRE AQUATIQUE: L’ADDITION !
Voilà bientôt neuf ans que le projet de centre aquatique a été lancé. Son…
Voilà bientôt neuf ans que le projet de centre aquatique a été lancé. Son ouverture étant envisagée dans quelques mois, il est temps de réaliser un nouveau point sur ce dossier. Tout d’abord son coût. Il est de 15,5 millions d’euros HT, plus 3,5 millions d’euros HT pour l’aménagement des abords, soit un total de 19 millions d’euros HT, soit 23 millions d’euros TTC environ (hors foncier). C’est le prix à payer par notre communauté d’agglomération. La ville d’Agde participe sous forme d’une subvention d’investissement de 6,5 millions d’euros versés à l’agglomération en 17 annualités de 382 000 euros (montage parfaitement illégal au demeurant).
Notons au passage que cette dépense prohibitive n’est pas sans effet sur les autres investissements communaux. Elle aurait même tendance à les vampiriser. Sans chercher bien loin, l’autorisation de programme du complexe sportif voisin vient d’être soldée sans que les tribunes définitives du stade de rugby soient construites. Ainsi, celui-ci reste inachevé et en outre cela prive le club de certains matchs d’un niveau générant animations et recettes.
Pour être complet sur le financement, rappelons qu’il est prévu que l’Etat et l’Europe y participent, certes de façon modique, et que la Région et le Département mettent la main à la poche de manière plus conséquente. Il faut toutefois relativiser l’impact de ces deux derniers apports sur les finances communautaires quand on sait que les enveloppes globales des contrats annuels Agglo-Région et Agglo-Département ne varient guère. Elles sont d’ailleurs plutôt à la baisse. Ainsi le contrat de territoire avec le Département a baissé de 10% en 2010. Ce qui va au centre aquatique ne va pas à d’autres actions dans l’Agglo.
Voilà donc un énorme investissement pour nos collectivités, disproportionné par rapport au contenu de la réalisation, comme tous les observateurs raisonnables s’accordent à le reconnaître. Il ne suffit pas de dépenser beaucoup d’argent pour réaliser de grandes choses. Encore fallut-il en avoir bien mesuré les conséquences. Ce projet se veut grandiose, mais il va s’avérer particulièrement improductif. En effet, au-delà du prix de construction déjà salé, c’est pourtant son fonctionnement qui coûtera le plus cher. Ces charges sont évaluées à plus d’un million d’euros par an (hors balnéothérapie). La ville d’Agde, qui va abonder de 120 000 euros annuels, aura droit à 750 heures par an pour l’ensemble de ses associations sportives. Bien entendu, la réalisation étant communautaire, les autres communes de l’Agglo l’utiliseront.
Mais ce n’est pas tout. L’espace balnéothérapie de 800 m2, qui devait être concédé à un opérateur privé en échange d’un loyer, reste vacant. La gestion de la balnéo n’a pas trouvé preneur auprès des neuf opérateurs spécialisés consultés. C’est dire sa viabilité commerciale réelle ! Une nouvelle fois, une décision, du fait du prince, prise à l’aveuglette (ici inclure de la balnéothérapie dans une structure où elle n’était pas prévue) s’avère d’une légèreté navrante. Normalement, ce genre de décision s’évalue au préalable, en particulier à partir d’une étude de marché. Résultat, on tente de nous présenter aujourd’hui le passage du secteur balnéo sous régie municipale comme une volonté de créer de l’emploi, alors que ce n’est que la conséquence d’un échec. Ainsi, il va falloir recruter un « spa manager » et constituer une équipe de 10 personnes supplémentaires pour faire fonctionner ce secteur. Est-ce bien la vocation municipale ?
Dans ces conditions, pour faire rentrer un peu de monnaie ils ont prévu de nous faire payer les soins balnéo de 35 à 90 euros, et le coaching de groupe de 30 à 40 euros l’heure. Autant dire pas tout à fait à la portée de toutes les bourses agathoises ! Nous pourrons tout de même accéder à l’espace libre service pour 15 à 20 euros l’entrée. Très généreux ! Pourra-t-on alors véritablement parler d’un service municipal ?
Le centre aquatique, réalisation fourre-tout, se veut à la fois en direction de tous les scolaires de l’Agglo, mais aussi de ses clubs sportifs, en même temps que du public, des touristes mais aussi de ceux en recherche de soins de balnéothérapie. Cette confusion des genres va générer une confusion de fonctionnement. Un centre aquatique au bout du compte ni vraiment sportif, ni tout à fait ludique, ni véritablement commercial. En outre, il est permis de douter du véritable attrait touristique d’une telle structure. Toutefois, dans un premier temps, elle aura probablement un succès de curiosité. Ensuite les ennuis commenceront. Au total, en plus des remboursements par l’Agglo et la ville d’Agde des lourds emprunts contractés pour réaliser les travaux, quelles seront les conséquences de ces décisions hasardeuses ? Dans tous les cas, la recette restera bien inférieure aux dépenses. Il faudra régler la différence. Dans le cas de la balnéothérapie, la régie étant municipale, ce sera à la ville d’Agde de payer, donc au contribuable agathois.
Rappelons-nous que si le choix fait par le jury au moment de l’attribution du marché de construction avait été respecté, à prestations identiques, le centre aquatique fonctionnerait déjà sans engendrer des coûts excessifs. Il est vrai que nous n’aurions pas les ailes mobiles et la balnéo. Pour autant, le jeu de hasard en valait-il la chandelle ? Certes, face à l’addition salée, il restera aux agathois la consolation d’aller se faire masser (ou gommer) par des employés municipaux … effectivement on peut dire que cela est vraiment impayable !
Henri COUQUET, conseiller municipal indépendant, « Agde Pays d’Agde ».