Céret, Musée d’art moderne : Najia Mehadji, la transe du mouvement
Le Musée d’art moderne de Céret accueille jusqu'au 4 novembre 2018 une exposition « habitée » de la franco-marocaine Najia Mehadji. Les visiteurs peuvent y découvrir une cinquantaine de toiles issues de collections publiques et privées et une centaine d’œuvres graphiques de cette artiste à la gestuelle empreinte de spiritualité, ainsi que des œuvres historiques qui l’ont inspirée dans sa création.
C’est sous l’intitulé La trace et le souffle qu’est placée cette rétrospective par Nathalie Gallissot, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée de Céret depuis 2012. La trace parce que les œuvres de Najia Mehadji portent la trace d’une gestuelle particulière, comme un témoignage ; le souffle car l’artiste explique créer en accord et en rythme avec le va-et-vient de sa respiration, qui est un mouvement ininterrompu. Le tout étant en lien avec la philosophie orientale du soufisme et permettant, selon elle, d’atteindre l’universel, l’infini, l’absolu, dans une sorte de mouvement perpétuel.
L’exposition est articulée en six sections. Tout d’abord, une partie consacrée à l’architecture et au cosmos permet aux visiteurs de découvrir des œuvres de jeunesse de l’artiste dédiées à la construction et à l’espace : coupole, voûte céleste et leurs représentations symboliques y sont déclinées. Une deuxième section aborde la série des fleurs de grenade et de pivoine, sur lesquelles Najia Mehadji s’est longtemps penchée, pour leur caractère éphémère et leur universalité.
Dans une troisième partie sont exposés ses grands triptyques dédiés aux drapés et volutes. Vient ensuite le temps du recueillement. La salle suivante est en effet conçue comme un hommage aux maîtres et aux œuvres qui inspirent Najia Mehadji. Ainsi, après avoir vu dans la salle précédente un Drapé de 2012 d’après El Espolio du Greco, les visiteurs peuvent admirer dans cette salle El Espolio (Le partage de la tunique du Christ) réalisé entre 1577 et 1579 par Le Greco. Voilà qui remet les choses en perspective.
La suite du parcours donne à voir le motif de la vague, qui poursuit Najia Mehadji depuis l’enfance, en tant qu’onde, flux et reflux, perpétuel mouvement, explique la commissaire de l’exposition. Comme la Blue Wave datant de 2016.
Enfin, thème majeur chez elle, la danse clôt le parcours, que ce soit celle de Loïe Fuller, la Valse de Camille Claudel, celle des derviches tourneurs ou des gnaouas…
La sublimation et l’extase se rejoignent dans la gestuelle de l’artiste, qui n’hésite pas à utiliser diverses techniques pour s’exprimer, comme le dessin, la peinture, le collage, « faisant danser sa main, son poignet, son bras, son corps entier, se contorsionnant et tourbillonnant », selon Mohamed Rachdi, artiste plasticien et commissaire d’expositions. Selon les thématiques qu’elle aborde, Najia Mehadji utilise la sanguine, la craie, la gouache, l’aquarelle, le graphite, la peinture acrylique, le stick à l’huile et même de larges brosses coréennes servant habituellement à maroufler…
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com
Notons qu’un film diffusé sur place et un catalogue accompagnent cette exposition.
Informations pratiques
Musée d’art moderne de Céret – 8, boulevard du Maréchal Joffre – 66403 Céret – Tel. : 04 68 87 27 76 – www.musee-ceret.com
> Du 1er juillet au 30 septembre : ouvert tous les jours de 10 h à 19 h. Le reste de l’année, ouvert de 10 h à 17 h, fermé le lundi. Fermé le 1er novembre.
> Tarifs : Collection permanente + expo. temporaire : 8 euros / Réduit : 6 euros / Gratuit jusqu’à 12 ans.