Immobilier

Christophe Demerson, président de l’UNPI « Les propriétaires veulent une stabilité fiscale et réglementaire »

Le permis de louer, la hausse de la taxe sur l’assurance emprunteur lors d’un prêt immobilier en passant par l’encadrement des loyers et une fiscalité jugée contraignante, le tout avec un sentiment de stigmatisation toujours croissant… Sale temps pour les propriétaires immobiliers ! Même si quelques éclaircies sont présentes, à l’image du récent dispositif Denormandie en matière d’accompagnement à la rénovation de logements, le constat établi par Christophe Demerson, le nouveau président de l’UNPI (Union nationale des propriétaires immobiliers), est loin d’être positif. Le successeur de Jean Perrin n’hésite pas à employer le terme de « climat anxiogène ». Pourtant, des solutions existent…

L’environnement législatif et réglementaire paraît loin d’être favorable aux propriétaires immobiliers, avec notamment l’extension du permis de louer à plusieurs villes ou encore la hausse de la taxation de l’assurance emprunteur lors d’un prêt immobilier. Pas facile d’être propriétaire aujourd’hui ?

« Les propriétaires immobiliers sont sans cesse stigmatisés, et j’ai l’impression que cela ne cesse d’augmenter. La rengaine de la rente immobilière, des marchands de sommeil et des passoires thermiques est dangereuse et contre-productive. Tout cela donne une fausse et mauvaise image de ce que sont réellement les propriétaires immobiliers. »

Comment vous considérez-vous ?

« La propriété privée est un vecteur puissant de stabilité économique, sociale et sociétale. Nos investissements ne sont pas délocalisables et favorisent l’activité économique sur tous les territoires. Nous logeons aujourd’hui près de 15 millions de personnes. Le parc locatif privé est le premier bailleur social en France. La grande majorité des membres de l’UNPI sont des petits propriétaires, des gens qui se construisent un complément de retraite. L’investissement immobilier est le fruit d’efforts longuement consentis pour envisager une retraite plus confortable, des compléments de revenus ou tout simplement pour transmettre un patrimoine. »

Christophe Demerson, président 4.0

Élu à la fin de l’année dernière pour trois ans, Christophe Demerson succède à Jean Perrin, qui aura passé quinze ans à la tête de l’Union. Président de la Chambre des propriétaires UNPI-Auvergne, ce jeune retraité enseignant chargé de cours, détaché auprès du ministère de la Justice, était déjà membre du bureau. Il est le gérant et le directeur de la publication de la revue 25 millions de propriétaires. En plus de la défense de la propriété privée, face aux enjeux juridiques et fiscaux, la question de la place des outils numériques pour les propriétaires sera un axe central de sa mandature.

Une chose qui devient de plus en plus difficile ?

« D’une façon générale, il devient de plus en plus délicat d’être propriétaire ! La récente hausse sur la taxe de l’assurance emprunteur, le permis de louer qui gagne de plus en plus de villes – heureusement, toutes ne franchissent pas le pas –, le recentrage de la fiscalité locale et nationale sur les seuls propriétaires sont autant de nuages noirs, de mauvais signaux envoyés par l’État sur la propriété privée. Il faut aujourd’hui un retour de la confiance entre les propriétaires et l’État. Nous avons besoin de stabilité fiscale et législative. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est de la souplesse. »

Plusieurs choses ont tout de même été faites par le gouvernement actuel, à l’image du dispositif Denormandie élargissant les dispositions de la loi Pinel à l’investissement dans l’ancien avec un quota de travaux, mais sans contraintes énergétiques inatteignables, et des réductions d’impôt non négligeables. Est-ce un bon signal ?

« C’est le premier ! Le ministre en charge du Logement, Julien Denormandie, est à l’écoute et comprend nos positions et notre situation. C’est un bon signal à l’égard des investisseurs et des bailleurs en général, mais tout cela intervient après des séries de mesures, de déconvenues et de mauvaises nouvelles. Il n’en demeure pas moins que bon nombre de propriétaires, face à ce climat que je qualifie d’anxiogène pour la propriété privée, ont tendance à être tout simplement découragés et à baisser les bras. »

Comment les remotiver ?

« C’est l’un des rôles de l’UNPI, c’est du moins un de mes vœux depuis que j’ai pris sa présidence [à la fin de l’année dernière, Christophe Demerson a succédé à Jean Perrin pour un mandat de trois ans : ndlr] ! Malgré ce climat, le propriétaire se doit d’être en mode projets d’une façon continuelle. Il est nécessaire d’engager des travaux et d’entretenir ses biens. Un bien non entretenu n’a plus de sens. Aujourd’hui, il m’arrive de dire à certains propriétaires que s’ils ne croient plus en leurs biens, il est peut-être plus simple d’arbitrer et de passer à autre chose. »

L’UNPI à la loupe

Avec pas moins de 250.000 adhérents et sympathisants propriétaires et copropriétaires, un réseau de 120 chambres locales, l’UNPI affiche une histoire riche de défis relevés et de propositions ambitieuses pour la défense des propriétaires privés « pour une grande solidarité et pour un développement du parc locatif privé », assure l’Union. Son réseau permet à tous les propriétaires d’accéder à de nombreux services, de faire valoir leurs droits et de défendre leurs intérêts. L’UNPI est également au service des primo-accédants et des primo-investisseurs pour préparer et définir leur projet.

Les propriétaires entretiennent-ils réellement leurs biens, surtout dans cette période où la transition énergétique est reine ?

« Le climat, l’incertitude actuelle entraînent les propriétaires privés à ne plus investir. Un chiffre résume bien le climat. Dans la dernière livraison de l’Observatoire Clameur (Connaître les loyers et analyser les marchés sur les espaces urbains et ruraux), il est mentionné qu’à peine 14 % des propriétaires engagent aujourd’hui des travaux après le départ d’un locataire. Jamais cet indicateur n’a été aussi bas. C’est plus que préoccupant. »

L’UNPI vient de signer un partenariat avec Action Logement (acteur de référence du logement social dont la mission est de faciliter l’accès au logement pour favoriser l’emploi) sur la mobilité professionnelle et l’accès au parc privé des salariés. Qu’en attendez-vous ?

« Nous souhaitons matérialiser par ce partenariat notre engagement en faveur de l’accès au logement. Les propriétaires ont un rôle central dans la promotion d’une offre locative adaptée aux jeunes et aux salariés en mobilité ou entrant dans l’emploi. L’ancrage territorial de nos chambres de propriétaires va permettre de démultiplier l’accès aux dispositifs d’Action Logement et d’intensifier notre action sur tout le territoire pour dynamiser le marché du logement, ancien notamment. »

Propos recueillis par Emmanuel VARRIER
pour Réso Hebdo Éco
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