Cinéma : un Hollywood-sur-Orb en projet à Béziers
Le Toulousain Bruno Ganja porte un projet de complexe dédié aux industries culturelles et médiatiques au Domaine de Bayssan, à Béziers.
Par Hubert VIALATTE
Bientôt un Hollywood-sur-Orb ? C’est le rêve fou de Bruno Ganja. Ce Toulousain atypique, architecte de formation, a identifié le Domaine de Bayssan (Département de l’Hérault) pour y développer, à l’horizon 2024, un complexe dédié aux industries culturelles et médiatiques. Un projet aux dimensions XXL (voir les chiffres ci-dessous) porté par sa SAS Studios Occitanie Méditerranée (Pézenas).
L’objectif est de proposer « sur un seul site l’ensemble des outils pour une production, en allant de l’idée jusqu’à l’avant-première », a déclaré Bruno Ganja le 7 septembre, sur le site même où le projet élirait domicile. L’entrepreneur n’en est pas à son coup d’essai. Ces dernières années, il a en effet déjà annoncé plusieurs projets analogues autour de Toulouse, qui n’ont pas abouti.
Pourquoi, cette fois-ci, l’essai serait-il transformé ? « J’avais peut-être besoin de mûrir l’idée, admet-il. Le secteur de Bayssan est porteur : deux autoroutes (A9 et A75), bord de mer, aéroport, une LGV en projet [à l’horizon 2030, NDLR], 16 millions d’habitants à moins de 2h30 de voiture, 12 millions de touristes annuels en Occitanie », détaille-t-il. Motif d’espoir, l’émergence de nouveaux médias (HBO, Netflix, Amazon…), générant « des demandes de productions internationales, assure-t-il. La France propose des crédits d’impôts mais manque d’infrastructures de tournage. Notre projet comprendra des espaces de tournage extérieurs, des plateaux, des décors, des ateliers… et bénéficiera de l’ensoleillement du Biterrois ».
De Los Angeles à Béziers
À terme, l’investisseur, qui se dit connecté à…
… plusieurs studios américains, projette des retombées sur le territoire, par exemple pour les entreprises de menuiserie amenées à fabriquer les éléments de décor. Le complexe développerait 19 hectares de décors extérieurs, ateliers, bureaux et services techniques, 20 hectares de voiries et stationnement, 5 hectares d’équipements d’hébergement et de restauration et 20 hectares ouverts au public : animations autour de séries télé et jeux vidéo (super héros, animaux…), Studio Tour pour comprendre la fabrication des films, nouvelles technologies de projection…
Bruno Ganja affirme avoir identifié des investisseurs. « Des contrats de licence ont été signés avec des grands groupes audiovisuels. Des concessionnaires et des partenaires investiront sur l’assainissement, les parkings, le solaire photovoltaïque, le traitement des déchets… » Puis, un exploitant récupérera la propriété du site. L’équipe bénéficie du concours du groupe créatif ThinkWell, basé à Los Angeles. L’équipe de maîtrise d’oeuvre est composée d’acteurs locaux. Comme Laurence Marty, architecte-urbaniste associée au sein d’OMLB (Boujan-sur-Libron).
Le projet en chiffres
• 371 M€ d’investissements.
• Emprise foncière : 78 hectares, ce qui ferait de ce parc thématique le deuxième plus important du genre en Europe, après les studios Cinecittà à Rome.
• 300 M€ de retombées annuelles espérées.
• 2 millions de visiteurs par an.
« Je suis convaincue que ce projet, lancé il y a déjà plus de deux ans, peut transformer notre territoire, qui se trouve à la croisée des chemins, estime-t-elle. Une telle opportunité à Béziers, il n’y en aura pas deux. On est déjà allés aux États-Unis avec Bruno Ganja pour tester la faisabilité du projet. » « Nous avons fait une visite technique des studios Universal, pour évaluer leurs besoins », renchérit André Bonnet, directeur général de Gaxieu Béziers (infrastructures).
Côté élus, Robert Ménard, maire de Béziers et président de l’agglomération, se positionne favorablement. « Je soutiens le projet, en restant vigilant pour que les engagements soient respectés », lance-t-il. Avant d’ajouter : « J’espère que la Région Occitanie le soutiendra aussi », alors que Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, a indiqué en début d’année avoir abandonné l’idée de création d’un parc à thème.
« On ne risque rien, observe Philippe Vidal, président du syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion du domaine de Bayssan. C’est un projet sur lequel on ne mettra pas un euro. On y aura juste passé beaucoup de temps ! » Le site, convoité, reçoit « d’autres demandes, mais la priorité est donnée à Studios Occitanie Méditerranée, car il répond à la vocation culturelle globale du site », conclut l’élu, maire de Cazouls-lès-Béziers. Si tout se passe bien, une première pierre pourrait être posée au cours du second semestre 2022.
Concertation : une réunion publique et 5 ateliers thématiques
La commission nationale du débat public a décidé en 2019 de soumettre le projet à concertation préalable. Le projet est présenté ce jeudi 10 septembre à 18h au Palais des congrès de Béziers. 5 ateliers suivront, au Domaine de Bayssan : dimension économique du projet et son exploitation (16/9 à 17h30), impacts environnementaux (22/9 à 17h30), opportunité des projets culturels pour le territoire (6/10 à 17h30), regard de la jeunesse sur l’audiovisuel (14/10 à 14h), et enfin site au quotidien (21/10 à 17h30).