Combaillaux : un moulin pour transformer ses olives en huile bio, la solution "anti-gaspi"
Pour éviter de perdre leurs olives qui tombent par terre et pourrissent, les particuliers ont la possibilité de les amener à un moulin pour les transformer en huile, le nouvel or jaune qui subit une forte inflation depuis l’année dernière. Une solution locale et écologique qui soulage le portefeuille.
Sous le soleil d’automne, les voitures défilent devant le moulin du domaine de l’Oulivie de Combaillaux. Les particuliers de tout âge, seuls ou en famille, sortent de leurs coffres des sacs remplis d’olives qu’ils viennent de cueillir dans leurs jardins, et les jettent dans de grandes caisses où elles sont pesées. Contre 10 kilos de fruits apportés, ils repartent directement avec un litre d’huile primeur, qui vient de sortir du moulin.
“C’est idiot d’avoir des olives qui pourrissent, je préfère les apporter ici. J’ai sensibilisé tous les habitants de mon lotissement”, explique Véronique Paillan, qui vient de déposer 27 kilos récoltés sur l’olivier de son jardin. Un grand sourire sur le visage, elle glisse dans sa voiture un bidon avec 2,7 litres d’huile produite cette année par le domaine de l’Oulivie, avec les olives déposées par les petits apporteurs particuliers. Les seules conditions ? Que la cueillette des fruits ait été effectuée sur l’arbre, et non par terre, 48 heures avant le dépôt au moulin.
Depuis cinq ans, le domaine propose ce système afin “d’éviter le gaspillage”, explique Hélène Vialla, responsable de la communication du lieu. Une opération appelée les Olivades qui se déroule du 25 novembre au 21 décembre, quand la teneur en huile des olives atteint son maximum. “Les olives des arbres d’ornement tombent parce que les gens ne les ramassent pas, ils n’ont pas l’habitude. Pourtant, ces fruits font de la très bonne huile, c’est dommage de les perdre”, explique-t-elle.
Une alternative contre l’inflation
Dans les rayons des supermarchés, la bouteille d’un litre d’huile d’olive dépasse 10 euros et grimpe parfois jusqu’à 15 euros. Alors que l’indice des prix à la consommation harmonisé de l’huile d’olive dans l’Union européenne a augmenté de 51% en avril 2024 par rapport à l’année dernière, la France est le pays qui a enregistré la plus forte hausse, selon le conseil oléicole international. Les consommateurs sont alors à la recherche d’alternatives qui soulagent leur portefeuille, tout en consommant de la bonne qualité.
Dans l’Hérault où les oliviers poussent facilement, les particuliers peuvent alors se rendre dans n’importe quel moulin pour transformer leurs olives en huile. Les gros apporteurs qui ont une grande oliveraie, ou les particuliers qui se regroupent avec leurs voisins, paient alors des frais de trituration. Avec la contrainte de venir avec un poids minimum – de 2500 kilos par exemple au domaine de l’Oulivie.
Pas de frais ni d’attente
Mais l’opération des Olivades permet justement de ne pas être obligé de venir avec de grosses quantités, de ne pas avoir à payer de frais de trituration et ni d’attendre pour récupérer son huile.
“Ce système me permet de ne pas sortir d’argent”, se réjouit Michel Barbera qui est venu de la commune voisine de Saint-Gély avec 50 kilos d’olives. “Je ne vends rien, c’est juste pour consommer mon huile, bio, locale et moins chère… Comme ça je n’en achète pas, et si j’en ai beaucoup, je peux partager avec la famille”, continue-t-il.
En moyenne, il faut environ 6 à 8 kilos d’olives pour faire un litre d’huile. Le domaine de l’Oulivie demande aux particuliers de déposer 10 kilos pour un litre. De quoi amortir les frais de trituration et l’utilisation du moulin, gourmand en électricité.
“C’est sûr qu’il ne faut pas qu’il ait trop plu avant les olivades, sinon les olives pèsent plus lourd mais sont gorgées d’eau donc c’est moins intéressant pour nous”, concède Hélène Vialla. “Mais notre objectif est d’abord de sensibiliser pour faire découvrir les huiles d’olive primeur qui sont particulières”, assure-t-elle. Il n’y a plus qu’à goûter.