E-media Concept, l'association qui veut construire des tiny houses pour les sans-abri

Yannick Pirod a un parcours atypique. Originaire de Grenoble, il commence à travailler dans les secours en montagne avant de devenir chef de projet multimédia dans la fonction publique. Plus tard, il décide de partir aux Antilles et, à force de rencontres, devient skipper à Sainte Lucie au début des années 2000. C’est pendant cette partie de sa carrière qu’il est formé au travail du bois par un maître charpentier. De retour en France, il ouvre un magasin de vélo en Isère avant que le confinement ne mette un frein à ses projets.

En 2020, il s’installe à Montpellier et découvre la Menuiserie Collaborative, un atelier partagé où professionnels et particuliers se rencontrent et échangent autour du travail du bois. Yannick Pirod avait au départ un projet de foodtruck et d’aménagement de van mais il a aussi accompagné une cliente dans la construction de sa tiny house. Ils sont aujourd’hui associés. “On a été approché par des gens de la Métropole de Montpellier et du Département pour faire des tiny houses qui serviraient à héberger des personnes sans-abris”, explique-t-il. C’est ainsi qu’est né le projet porté par son association, E-media Concept.

Le 19 juin dernier, Yannick Pirod et E-media Concept ont été récompensés par l’Adie Occitanie, association qui finance et accompagne les créateurs d’entreprise. Il a reçu le prix de la Transition Ecologique Inclusive de la Fondation Biocoop pour son projet de tiny houses pour les sans-abris. Une entreprise est également en projet pour construire des tiny houses pour les agriculteurs qui veulent un complément de revenant en proposant du logement insolite.

Hérault Tribune : Avant de recevoir ce prix, vous étiez accompagné par Alter’Incub. Qu’est-ce que cela apporte à un porteur de projet comme vous ?

Yannick Pirod : J’ai en effet eu cette chance. J’ai passé un premier jury pour une pré-incubation d’octobre 2023 à mars 2024 et un second jury. Je suis donc incubé depuis avril 2024. Ca apporte énormément. Il y a par exemple des cours collectifs avec d’autres porteurs de projets. C’est aussi une opportunité de rencontrer des consultants spécialisés en gestion d’entreprises, en marketing ou encore en communication numérique. Personnellement, ça m’a beaucoup apporté sur l’aspect modèle économique.

Votre projet de tiny house à une forte vocation sociale. Quel est son état d’avancement ?

Je recherche actuellement des partenaires sociaux, des collectivités ou associations. J’ai commencé à discuter avec l’association Gestare de Port-Marianne qui a déjà géré un projet de petit village de tiny houses et les retours sont très bons. Pour faire du logement social, on me demande de travailler avec des tarifs bas. J’ai donc dû travailler avec des matériaux européens pour réduire les coûts en gardant la qualité des matériaux classés par des label reconnus en France. A termes, ces tiny houses pourront servir à des personnes SDF mais aussi à des seniors ou à des saisonniers en recherche de logement de courte durée. En tous cas pour l’instant, je suis ouvert aux rencontres avec des acteurs de l’ESS et avec les collectivités qui recherchent des solutions de logements pour les plus démunis.

Vous allez également monter une entreprise pour diversifier votre activité…

Oui, je propose aussi des tiny houses d’agri-tourisme, c’est-à-dire pour les agriculteurs ou viticulteurs qui ont besoin d’un complément de revenus et veulent proposer un logement insolite, au milieu des vignes ou à la ferme, par exemple. J’ai déjà un prototype dans le secteur de Bédarieux et la demande sur ce secteur est de plus en plus forte. Le challenge maintenant va être de faire baisser les coûts et pour cela je vais devoir industrialiser une partie de ma production. Donc je ferai une partie en usine et pour le reste, je vais rester à la Menuiserie Collaborative, c’est aussi grâce à eux que mon projet avance si bien.