Economie circulaire : les régions sont en première ligne
Mettre en réseau les acteurs du territoire, simplifier leur accès au financement et montrer l’exemple : les régions ont un rôle moteur à jouer en matière d’économie circulaire. Exemples de collectivités qui se sont engagées, lors des Assises de l’économie circulaire organisées par l’Ademe.
Les régions, chefs de file de l’économie circulaire
L’intitulé de la conférence a fait tiquer certaines personnes, mais la salle était comble. Le 27 juin dernier, à Paris, lors de la troisième édition des Assises de l’économie circulaire organisées par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’atelier « Les Régions, chefs de file de l’économie circulaire », présentait le témoignage de plusieurs intervenants. En préambule, a rappelé Benoît Faucheux, vice-président délégué à l’environnement et la transition énergétique au Conseil régional du Centre-Val de Loire et président de la commission développement durable de l’Association des Régions de France (ARF), la loi donne aux régions le rôle de chefs de file en matière économique, mais ce n’est pas spécifiquement le cas en matière d’économie circulaire. Reste que les régions sont compétentes pour le développement économique, la formation, l’aménagement et le développement durable. Or, « l’économie circulaire est à la croisée de toutes ces politiques », note Benoît Faucheux. Les régions y travaillent : déjà, en 2014, l’ARF avait réalisé un guide sur le sujet, en collaboration avec l’Ademe. Et sur le terrain, « il existe des partenariats féconds entre les régions et les Ademe régionales », poursuit Benoît Faucheux. Plusieurs régions ont ainsi signé des contrats d’objectifs déchets et économie circulaire (Codrec) qui permettent à la région de bénéficier de l’expertise et du soutien financier de l’organisme.
Un guichet unique des financements
C’est notamment le cas de la Région Bourgogne-Franche-Comté, très active. Et plus globalement, pour Pierre Grosset, conseiller régional délégué à l’habitat, l’efficacité énergétique et l’économie circulaire, une stratégie en matière d’économie circulaire comporte nécessairement deux volets, externe et interne. Car la région se doit d’être exemplaire, notamment via la commande publique, « pour être crédible et convaincre », argumente Pierre Grosset. Pour le volet externe, la Région se doit d’être « animatrice, stimulatrice d’expériences qui existent déjà. (…) On ne part pas de rien », poursuit Pierre Grosset. A ce titre, la région soutient des projets déployés par des entreprises classiques et de l’ESS (économie sociale et solidaire). Exemples de projets aidés : le développement d’un isolant à base de carton d’emballage par le groupe ID’EES, à Chalon-sur-Saône. Autre exemple, l’aide au développement d’une filière chanvre, via le soutien à la coopérative Geochanvre, ou encore celle apportée à la start-up AFULudine, qui a mis au point un lubrifiant non huileux, ou encore au groupe Seb, qui, avec la société d’insertion Envie, a lancé un service de location d’appareils culinaires partagés… Mais attention, « cela ne peut fonctionner que si un groupe d’acteurs travaille ensemble et finance ensemble », met en garde Pierre Grosset. Et dans le domaine du financement, en particulier, la région a un rôle particulier à jouer : celui de « guichet unique », réunissant ceux de l’Etat, de l’Ademe ou de l’Europe, ajoute Pierre Grosset.
Cartographier les acteurs du territoire
Autre exemple, la Normandie. L’an dernier, celle-ci a mis sur pied un Comité régional d’économie circulaire. « Pour une région très industrialisée, l’économie circulaire pose des questions génératrices d’activité économique (…) Nous nous sommes dit que cela pouvait être un outil de développement pour le territoire », explique Hubert Dejean de la Batie, vice-président en charge de l’environnement pour la Région. Alors, l’objectif de cette instance réside dans « la création d’un véritable écosystème qui va permettre à chacun de construire sa stratégie », poursuit Eric Prud’homme, directeur régional délégué de l’Ademe Normandie. Concrètement, le Comité régional fédère les acteurs du territoire, représentants des collectivités, des industries, des associations… au sein de 17 clubs consacrés à des sujets comme l’approvisionnement durable, le bois, l’écoconception ou encore le gaspillage alimentaire. Des espaces collaboratifs en ligne, un laboratoires d’idées transversal, ainsi qu’une cartographie interactive qui recense 400 acteurs du territoire, complètent ce dispositif.
Anne DAUBREE