Election au CROEC région Occitanie : le point de vue de Pascal Castanet (syndicat IFEC)
Jusqu'au dimanche 22 novembre 2020, les experts-comptables à jour de leurs cotisations peuvent voter en ligne 7j/7 et 24h/24. Le dépouillement du scrutin et la proclamation des résultats auront lieu le lundi 23 novembre 2020 à 14h30. Interview de Pascal Castanet (syndicat IFEC), qui figure parmi les candidats.
Quelle est l’importance de cette élection dans le contexte de la fusion avec l’Ordre des experts-comptables de Midi-Pyrénées ?
Pascal CASTANET (syndicat IFEC)
Tout d’abord, je souhaite apporter une précision juridique : ce n’est pas une fusion des régions, mais la création d’un nouvel Ordre (disparition des deux anciens Ordres).
Philippe LAMOUROUX (le président du Conseil Régional de l’Ordre de Montpellier) s’est battu pour que cette réunion n’ait pas lieu, mais maintenant elle est actée. C’est une très grande région de 13 départements et nous devenons le quatrième conseil régional de France.
Le conseil de l’Ordre m’a nommé pour préparer cette réunion depuis plus d’un an. Des chartes ont déjà été signées sur le futur fonctionnement du nouveau conseil de l’Ordre d’Occitanie. Notre priorité a été de préserver les emplois des deux côtés et de répartir les pouvoirs entre les deux anciennes régions de façon équitable ; cela s’est passé en bon entendement avec Midi-Pyrénées, qui était exactement sur la même longueur d’onde que nous.
La charte prévoit déjà que le siège de cette institution sera situé à Toulouse, mais il est créé sur Montpellier une RTO (Représentation Territoriale Ordinale). Les personnels des deux institutions restent sur leur lieu de travail. Il est prévu également une parité entre Montpellier et Midi-Pyrénées au niveau des instances dirigeantes. Le président de la nouvelle région sera à tour de rôle de Montpellier et de Midi-Pyrénées (deux ans Montpellier et deux ans Midi-Pyrénées).
Cette élection est très importante car il va falloir un grand travail d’uniformisation des pratiques entre les deux anciennes régions, afin que cela soit le plus transparent possible pour nos confrères. Dans les faits, cela ne changera pas grand-chose pour un expert-comptable, puisqu’il s’adressera toujours aux mêmes permanents et aux mêmes endroits en cas de questionnement.
Concernant l’institut de formation, la charte qui a été signée prévoit que le siège social sera situé sur Montpellier avec une représentation territoriale sur Toulouse. Là encore, cela ne changera rien pour les confrères.
L’essentiel sera de conserver la proximité avec les experts-comptables. Nous comptons continuer les bureaux délocalisés dans les différents départements et nous avons acté des conseils de l’Ordre en alternance dans les deux régions.
Concernant la formation, le contexte du confinement nous a montré qu’il fallait encore plus développer le e-learning et les « intras » (formation dans les chambres départementales ou dans les cabinets).
Nous avons réorganisé récemment les chambres locales en chambres départementales des experts-comptables afin qu’elles soient un relais des actions du conseil régional. Leur rôle va être important pour ancrer la proximité au plus près des territoires.
Cette élection est donc très importante, il faut des gens et une équipe d’expérience et très investis pour gérer cette réunion des deux institutions en douceur. Les jeunes seront là également pour nous apporter un point de vue nouveau.
Quelles sont vos priorités en tant que candidat ?
Pascal CASTANET (syndicat IFEC)
Mon engagement a toujours été d’aider l’institution et les confrères, et je souhaite continuer cela aux travers de quatre axes :
- Réussir cette réunion des deux ordres comme nous avons déjà commencé. Cela fait plus d’un an que nous travaillons dessus comme je vous l’ai expliqué plus haut, mais il reste encore du travail. Nous passons de 24 élus dans chaque région à 36 élus au total, il faudra donc revoir notre organisation en faisant appel à des confrères non élus pour venir travailler dans certaines commissions qui ne sont pas régaliennes. Cette région est grande avec ses 13 départements et nous devenons la quatrième région ordinale de France, il faudra inventer de nouveaux modes de travail (visio-conférence par exemple, dématérialisation de tous les processus, …), mais le confinement nous a permis de tester déjà certains d’entre eux avec leurs avantages et leurs limites. Le gros avantage, c’est que cela fait déjà plus d’un an que nous nous réunissons avec Midi-Pyrénées pour faire un état des lieux, donc la transition n’en sera que plus facile.
- Continuer d’accompagner les confrères dans les changements à venir. Nous avons déjà pas mal travaillé sur ce point dans les quatre ans qui viennent de passer. Nous avons mis en place des formations sur le conseil avec une formation sur l’accompagnement patrimonial du chef d’entreprise, des journées du numérique, une formation sur le coaching d’entreprise et enfin tout un accompagnement des cabinets sur la RSE. Comme vous pouvez le voir, nous n’avons pas attendu cette réunion des régions pour lancer ces formations, qui ont un grand succès. Nous allons profiter justement de ce rassemblement pour aller chercher ce qu’il y a de mieux dans chacune des anciennes régions. Nous avons la chance d’avoir un organisme de formation très structuré avec des coûts de formation les plus bas de France ; nous allons continuer dans cette voie. Il va falloir entre autres mettre en place des solutions pour que nos confrères puissent accompagner leurs clients dans la transition numérique.
- Amplifier l’attractivité de la profession vis-à-vis des jeunes et de nos stagiaires et collaborateurs. Les recrutements dans notre filière sont difficiles du fait d’un manque de candidats. Une réforme du diplôme (licence et maîtrise) a déjà eu lieu pour les adapter au plus près du marché, mais il faut du temps avant de voir sortir ces promotions. Il va falloir continuer les réunions avec les enseignants pour leur expliquer comment cela se passe réellement dans nos cabinets. Ils sont sortis depuis quelques années de leurs stages d’étudiants, et depuis, les cabinets ont connu une révolution informatique. Les rencontres dans les écoles sont primordiales et les afterworks avec les étudiants que nous avons réalisés portent leurs fruits. Il va falloir amplifier nos efforts. Nous avions prévu en 2020 de sortir un concept pour mettre les étudiants dans la peau d’un expert-comptable (c’est un peu “vis ma vie”). Malheureusement, le confinement ne nous a pas permis de le mettre en place ; nous profiterons donc de cette future mandature pour le faire. Il ne faut pas négliger non plus nos collaborateurs et nos stagiaires et bien leur montrer que la profession est une famille avec des actions dans leur direction (accueil des stagiaires, formations au travers de parcours pour que les collaborateurs puissent évoluer en même temps que leur poste…).
- Le dernier axe sera de défendre notre diplôme et la marque expert-comptable. C’est un diplôme difficile à avoir, et il est normal que nous défendions notre prérogative d’exercice. Nos conseils régionaux ont été les précurseurs dans ce domaine, et nous pouvons noter des condamnations à de la prison ferme pour des illégaux. Nous avons noué des liens avec les magistrats et les officiers de police judiciaire pour leur expliquer en quoi consiste notre prérogative, et maintenant, ils font régulièrement appel à nous dans des affaires d’exercice illégal. Nous voulons mettre en place une cellule de lobbying au niveau régional afin que les institutionnels fassent de plus en plus appel à nous. Cette crise a montré le rôle essentiel de l’expert-comptable au sein du tissu économique (réunions chaque semaine avec la région et le préfet de chaque président de l’Ordre régional, réunions régulières avec des députés de certaines chambres pour évaluer l’efficacité de certains décrets…).
Que pensez-vous des aides actuelles aux entreprises ?
Pascal CASTANET (syndicat IFEC)
Pour les entreprises, c’est vraiment bien. Nous sommes le pays où l’Etat a le plus soutenu les entreprises. Par contre, c’est plus compliqué pour les cabinets d’expertise comptable. Il y a une multitude de dispositifs qui évoluent en permanence. Nos collaborateurs sont à saturation. Nous avons les aides de l’Etat, les aides de la Région, auxquelles viennent se rajouter les aides des agglomérations. Chaque matin, nous regardons les nouveaux décrets ou les FAQ que sortent l’URSSAF ou la DGFIP. Le plus dur est de synthétiser toutes ces aides d’en faire bénéficier chacun de nos clients sans rien oublier.
Concrètement, l’activité partielle et le nouveau dispositif de l’activité partielle de longue durée sont une bonne chose pour nos entreprises, car cela va permettre de limiter les licenciements chez nos clients. Tous les autres dispositifs (PGE, fonds national de solidarité, décalage de remboursement des cotisations, prêt rebond BPI…) sont très importants pour nos entreprises, mais il faut faire attention, car certains sont des subventions et d’autres vont être à rembourser.
En tout état de cause, ces aides permettent de passer une période de crise, et nous verrons après comment nos entreprises vont pouvoir s’en sortir, en sachant que les dispositifs évoluent au fur et à mesure de la crise sanitaire et économique.
L’essentiel, c’est d’avoir de la trésorerie. Je conseille à mes clients d’aller rechercher le maximum de PGE possible pour tenir jusqu’au printemps. Nous réalisons des prévisionnels pour les guider, mais le plus compliqué, c’est cette incertitude. Nous passons beaucoup de temps à soutenir moralement nos chefs d’entreprise ; c’est une facette du métier que peu de personnes imaginent, mais qui prend toute son ampleur dans cette période.
Les entreprises créées en 2019 ou 2020 ont plus de mal avec les aides, car leur chiffre d’affaires est faible et le comparatif avec 2020 est en leur défaveur.
Heureusement, le conseil de l’Ordre nous envoie régulièrement des liens directs qui sont des résumés de l’actualité (nouvelles mesures, nouveaux dispositifs) et nous réalisons également des webinaires qui permettent aux collaborateurs et aux confrères, sur une heure, d’avoir un résumé sur un thème et de pouvoir poser les questions qu’ils souhaitent. Le Conseil supérieur de l’Ordre a également rendu accessible gratuitement INFODOC EXPERT à tous les confrères, pour qu’ils puissent poser des questions à des spécialistes.
L’essentiel pour nos clients, c’est de tenir. Nous sommes à leur côté.
La notion d’expert-comptable citoyen, que le CROEC a défendue et valorisée durant cette dernière mandature, prend tout son sens par les temps qui courent.
Propos recueillis par Virginie MOREAU
vmoreau.hje@gmail.com