Emploi des cadres : l'Apec optimiste pour 2017
Avec un bon bilan 2016, le marché des cadres s’annonce porteur pour l’année en cours. L’Agence pour l’emploi des cadres (Apec) révèle l’amélioration du moral des entreprises, en France. Ces dernières anticipent une hausse du recrutement des cadres pour cette année.
Au travers de son enquête annuelle, menée auprès de 11 000 entreprises, et publiée le 21 février dernier, l’Apec souligne le dynamisme du marché de l’emploi des cadres. Malgré une croissance du produit intérieur brut (PIB) hexagonal qui stagne autour de + 1,1 % depuis 2015, le nombre de recrutements a maintenu son accélération avec 204 100 cadres embauchés en 2016, soit une croissance annuelle de 12 % par rapport à l’année précédente. De même, les promotions internes au statut de cadre ont augmenté de 10 %. Autre signe de la bonne santé de ce marché, le nombre de créations nettes de postes a connu une hausse de 57 %, avec 45 300 créations. Pour expliquer cette dynamique, l’Apec interprète la baisse du prix du pétrole, les faibles taux d’intérêt, ainsi que l’impact du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et du Pacte de responsabilité, comme de possibles facteurs.
Pour 2017, plusieurs signaux sont aussi au vert. L’OCDE prévoit, en effet, une croissance d’au moins + 1,3 % pour la France, grâce à une accélération des exportations ainsi que la bonne tenue des investissements. Sont aussi attendus un rebond de la consommation des ménages ainsi que la poursuite de l’amélioration des activités de construction, tirée par des grands chantiers, notamment dans le cadre du Grand Paris. Résultat, de 208 000 à 225 000 recrutements de cadres pourraient être réalisés cette année, soit une hausse comprise entre 2 et 10 % par rapport à 2016, tirée par les secteurs des services et de l’industrie.
Recherche informaticien ayant un à dix ans d’expérience
C’est de cette manière que l’on pourrait décrire le profil type du cadre qui sera recruté en 2017. La fonction informatique devrait représenter 23 % des recrutements, devant les fonctions de commercial-marketing et d’études-R&D. Ces activités, et le conseil aux entreprises, se positionnent notamment sur les thématiques du big data et de la cybersécurité, qui sont de plus en plus demandeuses d’effectifs. Ainsi, « la poursuite des investissements des entreprises, notamment en recherche et développement, et leurs besoins d’encadrement et d’expertise pour accompagner les grandes transformations numérique et énergétique, devraient entretenir ce cercle vertueux », affirme Jean-Marie Marx, directeur général de l’Apec, à propos du marché des cadres. Logiquement, c’est dans le secteur des services que se concentreront les recrutements en grande majorité, avec 71 % des embauches de cadres (de 149 500 à 160 600 postes).
Au niveau de l’expérience souhaitée, les profils bénéficiant d’un à dix ans d’expérience devraient, comme en 2016, être les plus démarchés et représenter plus de la moitié des embauches. A une échelle moindre, le recrutement des jeunes diplômés devrait également s’améliorer (45 000 postes), alors que celui des cadres ayant plus de 20 ans d’expérience serait le seul à régresser (5 % du total des recrutements). Cependant, comme l’explique la déléguée territoriale Hauts-de-France à l’Apec, Valérie Fenaux, « les seniors peuvent constituer une voie de secours pour les recruteurs qui ne trouvent pas le profil souhaité ».
Au niveau régional, l’Ile-de-France et l’Auvergne-Rhône Alpes resteraient encore leaders, suivies des Hauts-de-France, de la région Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur) et de l’Occitanie, avec pour chacune de ces trois régions entre 13 000 et 14 000 recrutements anticipés.
Une évolution positive jusqu’en 2019 en cas de « croissance pérenne »
C’est en tout cas ce que prévoit le modèle économétrique du département Etudes et Recherche de l’Apec. Il mesure l’évolution du recrutement des cadres en fonction de l’investissement et du niveau du PIB. D’après les prévisions des différents instituts (Insee, OCDE et FMI…), la France devrait connaître « une croissance pérenne » avec des hypothèses de variation du PIB de + 1,3 % en 2017, + 1,6 % en 2018 et + 1,8 % en 2019. Celle-ci sera notamment soutenue par l’investissement des entreprises, qui devrait atteindre une hausse de 3,3 % en 2019. Ce scénario de croissance permettrait donc de maintenir la dynamique du recrutement des cadres avec une évolution annuelle d’environ + 5 %, jusqu’en 2019.
Enfin, c’est avec un bon moral que les entreprises de l’ensemble des régions ont débuté l’année 2017. Pour le mesurer, l’Apec calcule l’écart entre la part des sociétés qui anticipent une augmentation de leur effectif cadre et celles qui envisagent de le réduire. Ainsi, 10 % des entreprises ont annoncé, au moment de l’enquête (au dernier trimestre 2016), leur volonté d’augmenter cet effectif, contre 5 % qui ont prévu de le diminuer. En grande majorité, les entreprises envisagent une stabilité de leur effectif de cadres. Restent aussi les incertitudes liées aux échéances politiques en Europe, et à l’impact réel du Brexit et de la présidence Trump.
Raphaël AUDEMA et B.L.
Créations d’emplois : une amélioration en 2016. 187 200 emplois ont été créés sur l’ensemble de l’année 2016 dans les secteurs marchands non agricoles, selon les chiffres définitifs de l’Insee (légèrement revus à la baisse). Soit une hausse de 1,2 %. Il s’agit d’une performance inédite depuis 2007, selon l’institut de statistique. De fait, le dernier trimestre de 2016 s’est bien terminé : 64 400 créations nettes de postes ont été enregistrées (+ 0,4 % par rapport aux trois mois précédents), soit le septième trimestre consécutif de hausse, précise l’Insee. Cette légère accélération de fin d’année est principalement portée par le secteur tertiaire, en particulier l’intérim, qui a progressé de 6,1 % sur les trois derniers mois et bondi de 12 % sur l’ensemble de l’année 2016 (+ 70 200 postes). En revanche, l’industrie et la construction restent à la traîne : ces deux secteurs continuent de détruire plus d’emplois qu’ils n’en créent, note l’Insee : 24 900 emplois ont été perdus dans le premier l’an dernier, et 10 800 ont été supprimés dans la construction (- 0,8 % pour chacun).