Faits divers

Eoliennes offshore : nouveau souffle ou vent de prestige ?
Seconde partie

 Nous avons eu vent, dans la presse quotidienne régionale, d'un nouveau projet d'éoliennes offshore.…

 
Nous avons eu vent, dans la presse quotidienne régionale, d’un nouveau projet d’éoliennes offshore. Compte tenu de l’importance du rédactionnel sur ce sujet, nous avons décidé de le diffuser en deux parties.
La première est visible à cette adresse : VOIR
Vous trouverez ci-dessous la seconde pârtie.  Surfant sur la vague du Grenelle de l’Environnement, EDF, société anonyme à capitaux publics, utilise le nerf de la guerre pour :

Implanter une zone industrielle de 20 km2 en mer, à 5 km de notre bord littoral, entre le Cap d’Agde et Leucate !

EDF, un groupe dans le vent

Bien vital et stratégique, l’électricité, comme chacun le sait, ne se stocke pas. De plus, EDF n’est pas une entreprise comme les autres. Elle gère le plus grand parc nucléaire du monde et doit remplir ses missions de service public auquel nous sommes tous très attachés. Le Président d’EDF affirme que son Groupe, « en tant que leader mondial, doit être présent sur tous les créneaux ». Selon lui, les fonds levés par l’emprunt serviront à « investir massivement ». EDF est « reparti pour 10 à 15 ans d’investissements importants ». Mais elle doit aussi faire face à l’explosion de son endettement. Celui-ci a augmenté de 50% rien qu’en 2008 (24,5 Md€ en fin d’année). Le Groupe a acheté l’exploitant britannique de centrales nucléaires British Energy pour plus de 13,5 Md€, ainsi que la moitié des activités nucléaires de l’américain Constellation Energy pour 3,5 Md€. Il a acquis récemment une part majoritaire dans le capital du deuxième producteur d’électricité belge, SPE, pour 1,3 Md€. Avec sa partenaire britannique Centrica, EDF va construire quatre EPR au Royaume-Uni. Lequel est un pays prioritaire dans sa stratégie de développement du nucléaire à l’international, au même titre que les USA, l’Afrique du Sud et la Chine. Le bon plein, vous dis-je !

Surprenante, imprudente, EDF

Cependant, un paragraphe du dernier ” HYPERLINK “http://investisseurs.edf.com/fichiers/fckeditor/File/Finance/common/doc-ref/DDR_2008d_VF.pdf” Document de Référence” d’EDF, semble être passé inaperçu. Il indique, en termes technocratiques, que « pour sécuriser le financement des obligations de long terme, dans le cadre de l’ouverture progressive des marchés de l’électricité, EDF a mis en place progressivement un portefeuille d’actifs financiers réservés au financement des engagements nucléaires de long terme. Et, plus précisément, à la déconstruction des centrales actuellement en activité et à la gestion à long terme des déchets radioactifs. À fin décembre 2008, la juste valeur de ce portefeuille s’élève à 8 658 M€ (8 604 millions d’euros fin 2007). Il intègre 1 206 M€ de pertes latentes nettes liées au contexte de crise des marchés financiers enregistrées en capitaux propres ». En termes clairs : EDF a perdu 1 206 millions dans ses placements financiers, réservés à la déconstruction des centrales nucléaires. Cela, du fait de la baisse des marchés financiers en actions. Excusez du peu. Certes, les textes réglementaires permettent à EDF de placer, en bourse, les montants correspondants aux charges futures de démantèlement. Mais il est pour le moins imprudent de placer pour environ la moitié des montants concernés sous forme d’actions. Alors qu’il eut été plus judicieux de les placer en ‘’bon père de famille” sur le marché obligataire. Et ce, en calculant de manière à obtenir les fonds nécessaires à la date du démantèlement. Surprenant qu’EDF ait choisi des placements en actions, nettement plus risqués, non ?

La course au leadership

Principal acteur du marché français de l’électricité et en forte position sur les trois autres principaux marchés européens (Allemagne, Royaume-Uni, Italie), qui en font l’un des électriciens leader en Europe, EDF est aussi un acteur gazier reconnu. Leader européen en matière d’EnR grâce à l’hydraulique, le Groupe EDF a pour ambition de développer toutes les formes d’EnR. Il entend aussi favoriser l’émergence de nouvelles technologies et développer sa production dans les filières « Eolien », « Hydraulique », « Solaire », « Biomasse », « Biocarburants » et « Géothermie ». Excusez du peu ! Ainsi, alors que la lutte contre le réchauffement climatique a relancé l’intérêt des énergies marines, EDF effectue des recherches sur l’énergie des vagues qui peut être transformée grâce à des convertisseurs (houlogénérateurs). Un pilote fonctionne depuis 2005 sur l’île de Pico au large du Portugal. Enfin, à Soultz-sous-Forêts (Bas-Rhin), une centrale unique au monde, fruit d’une recherche européenne associant EDF, Electricité de Strasbourg, EnBW et des laboratoires, ouvre depuis juin 2008 la voie encore peu explorée de la « géothermie des roches profondes et fracturées ».Questions. Cette volonté de courir après le leadership des marchés de l’énergie, toutes filières confondues, est-elle un bon plan pour les citoyens que nous sommes ? Autrement dit, va-t-elle induire une électricité à meilleur coût pour lesdits consommateurs ?

Constats

La France a choisi le nucléaire qu’elle a toujours subventionné au détriment du solaire qu’elle a abandonné (cf.supra). Ce choix stratégique pose toujours question. L’Etat est l’actionnaire majoritaire d’EDF (cf.supra). Le prix de l’électricité dépend donc du gouvernement qui le fixe par décret, après avis de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE). En l’occurrence, c’est le Président d’EDF, Pierre Gadonneix, qui annonce, par presse interposée, une hausse de 20% sur trois ans. Et ce, au lendemain de la clôture d’un emprunt qui a ramené plus de 3 milliards dans les caisses de son Groupe. Avec en contrepartie le paiement annuel des coupons aux souscripteurs (ce qui va augmenter sa dette). Voilà une entreprise qui investit à l’étranger, qui propose des prix domestiques attractifs, conséquence d’une politique tournée vers le nucléaire, mais qui en veut plus. Toujours plus. Pour EDF, il s’agit de couvrir son expansion internationale et surtout de diminuer le montant de sa dette. Dès lors, le contribuable est la cible désignée, au même titre que le consommateur (exemple : la CSPE, cf.infra), sorte d’éternelle vache à lait ou d’éternel pigeon à plumer. Le citoyen a le choix ! Entre la vache et le pigeon, s’entend.

Conclusion

Cette stratégie conquérante d’EDF sur les marchés de l’énergie, toutes filières confondues, est-elle une bonne perspective pour les citoyens consommateurs d’énergie que nous sommes ? Créatrice d’emplois, elle s’inscrit dans le développement durable, mais … Et c’est précisément ce mais qui est rédhibitoire ! Notre propos, ici, n’est pas dirigé contre EDF. Cependant, notre expérience nous dicte de rester vigilant en regard des effets d’annonce des multinationales. Nous avions déjà dénoncé, en 2004, le scandale de la CSPE (Contribution au Service Public d’Electricité). En effet, par décret ministériel (n° 2000 410 du 10 mai 2001), le gouvernement  fait obligation à EDF d’acheter le courant éolien à un prix deux fois supérieur à son coût de revient. Et ce sont les usagers d’EDF qui assument le différentiel par le paiement de ladite CSPE. « Un vrai business », dixit André Antolini, Président du Syndicat Mixte des EnR. Qui plus est, encouragé par l’Etat ! Est-ce ainsi que ce dernier défend ‘l’intérêt général” ? D’autant que pour faire passer ‘’la pilule”, EDF dans son élan généreux autant que prestigieux, prévoit dans son projet de ventiler 900 000 € aux communes littorales et 900 000 € à un fonds départemental dédié aux activités de pêche et de plaisance. Sérieusement, entre nous, ne vaut-il pas mieux compter sur nous-mêmes pour défendre ”l’intérêt général” ? C’est-à-dire faire plutôt confiance à Didier, Jean-Paul, Claude, Gérard, Christian, Michel, Denis et les autres, restés depuis en alerte et en contact, pour développer de façon durable l’économie de proximité tout en améliorant la qualité de vie de nos populations locales ?

Christian Joviado
Ecocitoyen engagé

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