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Escapade culture : Jenny Holzer invitée du Guggenheim Bilbao

Le Musée Guggenheim de Bilbao présente une exposition consacrée à Jenny Holzer, l’une des artistes les plus remarquables de notre époque. Et fait un focus sur plusieurs pièces récentes, dont une série de projections de lumière sur la façade du Musée qui peuvent être contemplées tous les soirs jusqu'au 30 mars.

40 années de carrière présentées au public

Les réflexions, les idées, les arguments et les afflictions que Jenny Holzer a exprimés tout le long de ses plus de 40 années de carrière sont présentées au public au travers d’un large éventail d’installations, dont chacune est porteuse d’une forte dimension sociale.

L’œuvre de Holzer est présente au Musée depuis l’ouverture de celui-ci grâce à l’imposante Installation pour Bilbao (1997). La pièce — installée dans l’Atrium et commandée pour l’inauguration du bâtiment — est constituée de neuf colonnes lumineuses, de plus de douze mètres de hauteur chacune. Depuis l’année dernière, cette installation, expressément conçue pour son actuel emplacement, est complétée par Arno Pair (2010), une paire de bancs de pierre couverts d’inscriptions donnée au Musée par l’artiste. 

Son médium, que ce soit sur des tee-shirts, des plaques, des peintures ou des diodes électroluminescentes (LED), est le langage. La diffusion de textes dans l’espace public constitue un aspect essentiel de son œuvre, qu’il s’agisse, à ses débuts dans les années 1970, d’affiches collées en cachette dans toute la ville de New York ou de ses récentes projections de lumière sur des paysages et des architectures. 

Les visiteurs de l’exposition sont témoins de l’évolution expérimentée dans la pratique de l’artiste, qui traite de thèmes fondamentaux de l’existence humaine, comme le pouvoir, la violence, les croyances, la mémoire, l’amour, le sexe et la mort. Son art s’adresse à un public large et diversifié au moyen d’un langage direct, concis et tranchant. Le but d’Holzer est d’impliquer le spectateur par la création d’espaces suggestifs qui provoquent une réaction, une pensée ou l’adoption d’une prise de position, laissant l’artiste, souvent anonyme, à l’arrière-plan. 

jenny holzer oeuvre
© Jenny Holzer. “Purple” (Pourpre), 2008. 20 panneaux DEL à diodes bleues, vertes, rouges et blancs.

L’exposition présente plusieurs œuvres récentes, dont des panneaux électroniques robotisés, des peintures et des projections de lumière.
A Bilbao, les visiteurs découvrent réflexions et idées qui ont irrigué le travail de Jenny Holzer durant toute sa carrière, présentées au travers d’un large éventail d’installations expressément créées pour le Musée Guggenheim Bilbao.
La démarche de l’artiste vise à impliquer le public au moyen de la création d’espaces suggestifs qui invitent les spectateurs à réfléchir, voire à se définir face à des questions polémiques, telles que la crise mondiale des réfugiés, la violence faite aux femmes ou les abus systématiques de pouvoir. 

Du 21 au 30 mars, les textes de poètes basques, espagnols et internationaux seront projetés en soirée sur la façade du Musée dans le cadre d’une série d’événements nocturnes publics.

jenny holez bilbao
© Jenny Holzer.

Salle 205 : Truismes, Essais inflammatoires et Lamentations 

La série Truisms (Truismes), constituée d’une liste de plus de 250 déclarations composées d’une unique phrase, a été créée par Holzer entre 1977 et 1979. Ces affirmations, qui évoquent les aphorismes, les maximes et les clichés existants, portent sur une large palette de propositions théoriques, philosophiques et politiques contradictoires. Disposés par ordre alphabétique, les Truismes sont d’abord apparus sur des affiches de rue anonymes collés dans le centre de Manhattan et, depuis, ont envahis tee-shirts, casquettes, panneaux électroniques, sols de pierre et bancs. Chaque phrase réduit une idée, en principe difficile et controversée, à une affirmation apparemment simple. Les Truismes analysent la construction sociale de croyances, de coutumes et de vérités sans adopter un point de vue précis.

Également présents dans cette salle, les messages de la série des Inflammatory Essays (Essais inflammatoires, 1979–82) ont été, au départ, imprimés sur un papier de couleur puis, comme les Truismes, collés dans divers espaces publics de la ville de New York. 

Avec cette série, Holzer invite le lecteur à réfléchir sur la nécessité d’un changement social, le potentiel de la propagande pour manipuler l’opinion publique et les conditions qui conduisent à la révolution. 

Salle 206 : dessins, bancs, panneaux peints et panneaux électroniques 

Dans cette salle sont exposés six bancs de pierre, une sélection d’esquisses sur papier-calque, une série de signaux métalliques peints à la main et trois panneaux électroniques. Ce choix témoigne parfaitement de la grande diversité de supports qu’utilise Holzer pour présenter et divulguer ses textes, du coûteux à l’éphémère, de l’intellectuel au populaire, et même quelques-uns qu’en principe les spectateurs n’associent pas à “l’art”, mais qui peuvent leur rappeler plutôt des objets tirés de la vie quotidienne. 

Salle 207 : les promesses fracassées du Printemps arabe 

Cette salle expose un nouveau panneau électronique lumineux robotisée, There was a war (Il y a eu une guerre). Une installation de bancs de pierre — certains renversés — spécialement créée pour cet emplacement entoure les LEDs dans une mise en scène du chaos et de la destruction. Les bancs incurvés de la collection permanente du Musée apparaissent recouverts de vers d’un texte écrit par Holzer en 2001, Arno, une réflexion parfois élégiaque sur la douleur, l’intimité et l’absence. L’installation incorpore des bancs gravés de fragments d’Erlauf (1995), un ensemble de textes commandés comme monument à la paix en Autriche, qui considère la guerre comme un recueil anonyme de souvenirs, évènements, interruptions et interrogations fragmentaires, et d’autres avec des textes de Sous un rocher, En vie et Survie. 

Salle 209 : la violence sexuelle 

Cette salle accueille une autre installation électronique, nouvellement créée, à base de LED, I Woke up naked (Je me suis réveillée nue), qui offre une série de témoignages à la première personne de survivantes d’agressions sexuelles et de viols. Les histoires, présentées en anglais, en espagnol et en basque, proviennent d’entretiens avec des travailleurs humanitaires et des organisations à but non lucratif, dont Human Rights Watch, Save the Children, Protect our Defenders ou le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, et des textes en basque de “Voces para ver-Ikusteko ahotsak”, un livre de témoignages publié par le Département de l’emploi, l’inclusion sociale et la parité du Conseil provincial de Biscaye. Le panneau électronique parcourt toute la salle sur un système de rails doté d’un mouvement alternativement linéaire et incontrôlé ou imprévisible. 

Salle 208 : les abus de la guerre 

Suspendue au plafond de cette salle, Sworn statement (Déclaration sous serment) est une nouvelle œuvre électronique qui dénonce l’impunité dont ont parfois bénéficié le personnel militaire et les sous-traitants de l’armée américaine face aux plaintes pour abus systématiques à l’encontre les détenus de la guerre d’Afghanistan. En 2004, le Criminal Investigation Command -CID- de l’armée américaine a ouvert une enquête après la révélation, par les médias américains, d’informations crédibles sur les exactions commises à la base de Gardez. Sworn statement comprend des entretiens avec les enquêteurs. 

Salle 203 : peintures 

Jenny Holzer. L’indescriptible rassemble un ensemble d’œuvres picturales appartenant à la série Redaction Paintings (Peintures de censure) en cours de production actuellement. Quelques tableaux de la série sont accrochés en rangées ordonnées le long des murs en contraste avec d’autres tableaux installés sur le sol dans des configurations apparemment aléatoires. 

Salle 204 : aquarelles 

Dans cette salle, les aquarelles exposées ont été réalisées à partir des croquis sur papier-calque utilisés pour transférer sur lin les documents déclassifiés des Peintures de censure. Comme le dit l’artiste, « Je brouille certains dessins choisis pour les rendre plus vifs, puis je les tache et en peins d’autres. L’aquarelle exige des décisions rapides et des actions rapides pour obtenir un bon effet “mouillé sur mouillé”, et c’est plus excitant que d’écrire des mails, ce qui est une activité typique pour moi. Il n’est pas clair pour moi qu’elles soient liées à l’expressionnisme abstrait en termes d’apparence et de matériau, dans la mesure où la peinture est plus diluée que dans les coups de pinceau gestuels, par exemple, mais j’espère que le résultat final est expressif. On pourrait parler d’égouttement expressionniste, cela me rendrait heureuse ». L’aquarelle offre une rencontre tactile avec le contenu qui est souvent caché derrière la censure du gouvernement américain. 

Salle 202 : salle d’inspiration 

Jenny Holzer a décrit le processus du dessin comme une forme de “penser et connaître”. Dans cette salle apparaissent quelques artistes qui ont inspiré Holzer ou qui ont retenu son attention au fil des années, comme Louise Bourgeois, Paul Thek, Alice Neel et George Grosz, dont certains ont été amis d’Holzer. La plupart des pièces présentées proviennent de la modeste collection de dessins de l’artiste, mais aussi d’autres collections, comme celles du Paul Thek Estate de New York et du Louise Bourgeois Studio. La salle révèle des affinités, des précédents et toute une gamme de modèles pour traiter le même groupe de questions : violence, justice, beauté, amour, pouvoir et abus de pouvoir, des sujets qui préoccupent Holzer depuis des décennies. 

Espace pédagogique

Le Musée offre une gamme de supports et d’activités pédagogiques pour aider les visiteurs à se familiariser avec le contenu et les concepts des expositions. 

Pour cette exposition, l’espace pédagogique explique l’importance de l’artiste Jenny Holzer dans la culture des années 1980 et jusqu’à nos jours en présentant une sélection de réalisations parmi les plus représentatives créées tout au long de sa carrière, de ses premières esquisses aux objets du quotidien tels que bijoux gravés, vaisselle, bas, T-shirts et préservatifs. On y trouve également du matériel audiovisuel provenant des archives de l’artiste, qui montre ses premiers projets de collaboration et d’art de rue, ainsi que de la documentation sur des projets plus récents dans la sphère publique. 

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De gauche à droite : Juan Ignacio Vidarte, directeur Général du Musée Guggenheim Bilbao, Jenny Holzer, artiste, Petra Joos, commissaire et Rafael Pardo, directeur de la Fundación BBVA. ©FMGB, Guggenheim Bilbao Museoa, Bilbao 2019. Photo : Erika Ede.

CV express de Jenny Holzer

Depuis plus de quarante ans, Jenny Holzer présente ses idées subversives, ses prises de position et ses chagrins dans des lieux publics et des expositions internationales, dont le 7 World Trade Center, la Biennale de Venise, les musées Guggenheim de New York et Bilbao, le Whitney Museum of American Art et le Louvre Abu Dhabi. Holzer a reçu le Lion d’or à la Biennale de Venise en 1990, le prix Crystal du Forum économique mondial en 1996 et la Médaille internationale des arts du département d’État des États-Unis en 2017. Elle est également titulaire de doctorats honorifiques du Williams College, de la Rhode Island School of Design, de The New School et du Smith College. Elle vit et travaille actuellement à New York.


Plus d’informations sur l’exposition

Exposition

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Billets

 


Informations pratiques

Musée Guggenheim Bilbao
 

Horaire des projections :

Mardi 26 mars, 20h30–22h30 ;
Mercredi 27 mars, 20h30–22h30 ;
Jeudi 28 mars, 20h30–22h30 ;
Vendredi 29 mars, 20h30–23h30 ;
Samedi 30 mars, 21h30–23h30 (à l’occasion de la mobilisation mondiale Earth Hour les lumières seront coupées pour une durée d’une heure, de 20h30 à 21h30. Les projections commenceront à 21h30.


 

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