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Et si le peuple s’éveillait

Et si le peuple s’éveillait « Rigueur et austérité » sont les nouveaux mots…

Et si le peuple s’éveillait

« Rigueur et austérité » sont les nouveaux mots à rayer du vocabulaire, désormais il faudra dire « lutte contre les déficits ».

Alors soit. Mais de quels déficits parle-t-on ? : Au-delà des déficits budgétaires,  nous vivons à l’ère des déficits de crédibilité, de volonté politique et de démocratie.

            Celui  qui se disait « à la tête d’un pays en faillite » en 2007, affirmait deux ans plus tard qu’il n’y aurait « pas de plan d’austérité, pas de hausse d’impôts ». Il vient aujourd’hui nous reprédire l’apocalypse.

L’actuelle patronne du FMI qui veut mettre au pas les pays « défaillants », annonçait, alors qu’elle était en charge de l’économie du pays, la fin de la crise dès 2008.

Le président du pouvoir d’achat, de la baisse des impôts et des prélèvements obligatoires, de l’éradication du chômage, de la France des propriétaires, de la croissance qu’il irait « chercher avec les dents » laisse désormais au premier nommé le soin d’annoncer les mauvaises nouvelles nationales, – une façon de fuir ses propres responsabilités et de se dédouaner en vue des prochaines présidentielles où il voudra se présenter à nouveau comme l’homme de la rupture.

Le président de « tous les Français » est désormais celui qui tutoie les maîtres du monde mais à quel prix : Obama le moque – gentiment ( ?) – tout heureux d’avoir trouvé un partenaire aussi atlantiste, les Chinois le roulent dans la farine de riz et Merkel lui impose ses conceptions en matière économiques… Mais qu’importe, il se donne l’illusion d’avoir, à lui tout seul, mis la Grèce au pas et fait entrer Berlusconi dans le rang.

Alors ils nous promettent quoi nos gentils gouvernants ? Du sang et des larmes.

Du sang et  des larmes pourquoi ? Parce que…

Parce que les règles européennes, parce que les agences de notation, parce que les marchés, parce que, parce que…

Parce que, soit ce sont des idiots (ce dont je doute fort),  soit ils agissent consciemment en nous sacrifiant à d’autres intérêts.

 Parce que le traité de Lisbonne, auquel ils donnent de sérieux coups de canif quand cela les arrange, ce sont eux (avec l’appui d’une bonne partie de la gauche) qui nous l’ont imposé; parce que les agences de notation n’ont d’autre légitimité (elles qui ont camouflé la crise financière en 2008)  que celle que nos gouvernants veulent leur accorder; parce que la loi des marchés, c’est une formidable bouffonnerie quand les bourses qui devraient être le miroir de l’économie réelle jouent du yoyo au gré des chroniques de chiens écrasés.

Parce que connaissant les solutions, ils ne les appliquent pas.

Parce qu’ils affirment dur comme fer que la croissance indispensable à notre redressement repose sur la consommation. Et qu’au même moment, ils ordonnent aux Italiens d’appliquer rapidement des mesures d’austérité, de celles qui ont accéléré la mise en bière de la Grèce et que, chez nous, alors que la croissance baisse de 1,75 à 1%, ils prônent la rigueur qui engendrera nécessairement chômage et moindre consommation …

Pendant ce temps là, Obama, lui,  joue la relance.

Parce qu’après s’être gaussé pendant des décennies de la taxe Tobin, voilà nos héros du jour prêts à taxer les transactions financières. Mais ce sera fait pour… les calendes grecques.

            Parce qu’ils disent vouloir procéder à la mise au pas des banques…en les renflouant une énième fois sans se donner les moyens d’une politique en entrant dans leur capital avec voix délibérative.

Parce qu’ils ne parlent plus des paradis fiscaux : ils n’existent pas sauf,… mais chut, c’est secret défense.

Certes le candidat président n’a pas menti sur tout : Il avait promis de baisser les impôts et sa première loi a été pour établir le bouclier fiscal; il avait dit vouloir développer le pouvoir d’achat, il a donc aussitôt augmenté son salaire de 170 % ; pour lutter contre le chômage il a fait mettre en chantier un Airbus et deux Falcons, et, pour agir sur les courbes de la croissance, il a engagé un demi-milliard en communication… Mais voilà, patatras, la crise est venue mettre à bas tous ces efforts vertueux : sans elle il aurait bien multiplié le déficit budgétaire par deux en quatre ans, mais pas plus, promis, juré.

La dramatisation des situations (Irlande, Portugal, Espagne et plus récemment Grèce et Italie), en créant un climat de crainte, permet d’imposer des politiques de rigueur dans tous les pays. Ce qui fait qu’en face, il ne se passe rien, ou si peu :

Quelques futurs licenciés qui brûlent quatre pneus ici ou là, de temps en temps une manif bien encadrée qui évite soigneusement les beaux quartiers, une poignée d’indignés à Nice ou à la Défense, et une opposition inaudible si ce n’est le temps d’une campagne…

Signe d’un renoncement, espoir d’un changement ou attente de la goutte qui fera déborder le vase ?

En France, l’apparente apathie actuelle est due à la proximité de l’élection présidentielle : tous les sondages indiquent un rejet massif du président actuel. On peut donc penser que tous ceux que sa politique indispose rongent patiemment leur frein en attendant la suite.

Le candidat du parti socialiste parait avoir le vent en poupe et, avec lui, on peut s’attendre à plus de justice sociale et une moins mauvaise répartition des richesses.

Mais, si cela peut suffire à gagner une élection, cela ne suffira pas à sortir du bourbier dans lequel nous sommes. La pire des choses serait que la « gauche » gagne sans volonté de rupture avec la finance et l’Europe libérale.

Sans remise en cause du capitalisme sauvage ambiant (interdiction des produits financiers purement spéculatifs, taxation des transactions financières, refonte de la loi bancaire), sans remise en cause des règles de fonctionnement de l’Europe (remise en cause du rôle de la BCE, réforme du parlement européen, protection de la zone euro), sans volonté de proposer une politique nouvelle d’investissements et sans désir de prioriser la lutte contre le chômage  par rapport à une politique monétariste, rien ne sera réglé.  Il faut oser rompre avec la rigueur préprogrammée, proposer un new deal à la Française.

Le grand mérite que l’on reconnait à Sarkozy,  c’est le volontarisme. Mais le volontarisme, cela consiste aussi à avoir raison, même tout seul, plutôt que de se faire une raison de tout.

 

                                                                                                          Antoine Allemand

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