Etang de THAU - Les arroseurs arrosés ..par Roger Vivier
L' étang de THAU est , depuis quelques années , de plus en plus…
L’ étang de THAU est , depuis quelques années , de plus en plus souvent l’objet de fermetures administratives pour cause d’insalubrité de ses eaux , provoquant une catastrophe économique pour les
familles qui vivent de l’ostréiculture et un frein au développement commercial des produits de l’étang .
Les causes sont diverses.
Elles peuvent être naturelles , et passagères , comme en temps de malaîgue ou d’invasion d’algues de mer néfastes , mais sont le plus souvent provoquées par l’homme et ses pollutions directes ou indirectes .
J’ai connu le temps pas lointain où les ostréiculteurs rejetaient dans l’étang , devant la porte de leur atelier, entre MEZE et MARSEILLAN , le produit du nettoyage des huîtres avant leur recollement sur les perches en bois utilisées pour le grossissement . Je ne suis pas sur que cela soit abandonné actuellement .
J’ai connu professionnellement les rejets des caves viticoles, ou encore le ruissellement d’eaux de pluie sur des terres traitées abusivement qui aboutissent à l’étang , car j’ai représenté pendant trois ans en France une société suisse spécialisée en épurations d’eaux usées urbaines ou industrielles et de fluides réutilisables après traitements dans l’industrie mécanique ou cinématographique .
Mais parlons de l’étang de THAU , de son environnement urbain et de ses stations d’épuration.
Il faut savoir que les matières organiques en suspension dans les eaux usées des agglomérations sont absorbées et détruites par des bactéries naturelles qui se développent et prolifèrent en fonction directe de l’oxygène et de la nourriture dont elles disposent .
En FRANCE , par suite de l’hégémonie d’une ou deux sociétés de traitement des eaux , implantées à l’origine essentiellement a GRENOBLE , et imperméables aux techniques concurrentes , on fournit l’oxygène nécessaire a un bassin horizontal en béton de capacité déterminée à l’aide d’ un simple barbotage vertical fixe placé au centre du bassin .
Mais quand ce brassage air/oxygéne/eau également pré-déterminé devient insuffisant par suite de l’augmentation des apports à la station ,(saison) le nombre de bactéries n’augmente plus par manque d’oxygéne et le temps d’épuration s’allonge en conséquence .
Et comme on ne peut retenir les effluents arrivants en stockage d’attente , le temps de traitement se réduit et on rejette alors des eaux qui ne sont débarrassées de leurs matières qu’à 60 ou 70 %, quelque fois beaucoup moins .
Et où les rejettent-on ? En mer , en rivière , ou en terrain plat dans un” lagunage”.
Entendez par là une surface de terrain , plus ou moins grande , de faible hauteur d’eau pour que le soleil puisse intervenir et surtout plantée de roseaux dont les rhizomes sont gros consommateurs de matières restantes . Mais eux aussi ont leur capacité maximum d’absorption et l’épuration est loin d’êtresatisfaisante . Il reste souvent 15 à 20% de matières dans l’eau traitée au final .
Un de ces lagunages est limitrophe de l’Etang , et le ramassage des coquillages a cet endroit est révélateur comme l’est l’odeur que l’on respire sur la route des plages avant SETE .
Il est donc indispensable que les schémas d’épuration des pollutions humaines autour de l’Etang soient revus et corrigés de toute urgence , l’ouverture du lido ,pratiquée hier , permettant à la mer d’apporter un peu d’eau fraîche à notre malheureux étang en état actuel de malaîgue ne pouvant qu’être limitée en temps et en importance .
Mais au fait n’est ce pas aux communes riveraines de se concerter sur ce sujet sans toujours compter sur l’Etat , maintenant qu’elles ont leur agglomération de communes ? Et un prêt sur 30 ans pour améliorer les stations d’épuration est parfaitement envisageable avec l’augmentation prévisible des populations ?
L’arroseur ne serait-il pas l’arrosé aujourd’hui ?
ROGER VIVIER
Qui est-ce ? – Fiche TrominosCap : https://www.herault-tribune.com/?p=p04&action=view&Tr_Id=171
PS / Les SUISSES qui sont pauvres en surfaces planes dans leurs montagnes ont imaginé de traiter leurs eaux usées dans un bassin conique a la base duquel est fixé un ventilateur extérieur réglable qui envoie autant d’air que nécessaire en fonction des besoins , ce qui évite le lagunage car les rejets sont épurés complètement .
Enfin on peut éviter le lagunage en poursuivant le traitement de base par divers traitements chimiques complémentaires comme en AGDE depuis quelques années .