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Experts-comptables : Pascal Castanet, "le congrès de Montpellier, vecteur important d'attractivité"

Pascal Castanet est le nouveau président du Conseil régional de l'ordre des experts-comptables d'Occitanie depuis le 15 décembre 2022. Il fait le bilan de la réunion des deux régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées en une grande région Occitanie, réalisée ces deux dernières années avec son prédécesseur Freddy Nicolas, livre ses axes d'intervention pour ce mandat, les grandes dates de 2023 et dresse les perspectives économiques des chefs d'entreprise en ce début d'année…

Pascal Castanet, président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables d’Occitanie © Virginie Moreau.

La nouvelle organisation régionale

Quels enseignements avez-vous tirés de vos deux années en tant que premier vice-président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables d’Occitanie ?

Pascal Castanet : « Avec le président de 2020-2022 Freddy Nicolas, nous avons géré une réunion de régions, la mise en place de procédures communes, l’uniformisation de nos process. Cela a représenté un gros travail. Nous nous sommes concentrés là-dessus tout en continuant le service aux professionnels. Nous avons constaté que ce nouveau territoire est très grand et que les confrères ont d’autant plus besoin de proximité. Donc nous allons nous axer sur la proximité durant les deux ans de mon mandat.
En ce mois de janvier, je me rends dans tous les départements d’Occitanie pour rencontrer les confrères et leur expliquer la vision du Conseil régional sur les deux ans, les nouveaux axes, et leur dire que nous sommes là pour les accompagner. Nous avons d’ores et déjà de très bons retours sur nos déplacements. Il y a plus de 1 970 confrères en Occitanie, répartis sur les 13 départements. Certains sont loin, qu’ils soient installés à Tarbes, Mende, Rodez ou Perpignan… Il leur est difficile de se déplacer lors des grosses manifestations qui rassemblent la profession. Donc ces visites à domicile permettent de prendre le pouls, d’avoir des remontées du terrain et de leur expliquer les services qui sont à leur disposition. »

Deux ans après, la réunion des deux Ordres vous semble-t-elle réussie ?

Pascal Castanet : « Oui tout à fait. Ça a pris du temps, ça a été compliqué, il a fallu surmonter certains obstacles, ainsi que la crainte du personnel, qui était réparti sur 2 sites. Je suis très reconnaissant à Freddy Nicolas d’avoir réussi cela en moins de deux ans. Lors de la dernière assemblée générale qui s’est tenue à Montpellier le 2 décembre 2022, nous avons constaté que le personnel était en harmonie, et les bénévoles qui font tourner la machine aussi. »

Les grandes priorités du mandat

Votre première priorité est de préparer la révolution de la facture électronique. Par quoi cela passe-t-il ?

Pascal Castanet : « La profession sait depuis quelque temps que la facture électronique va se généraliser au 1er juillet 2024. Il y a eu des formations de confrères en 2022, elles seront accentuées en 2023 pour qu’ils anticipent cette mise en place à la fois dans l’organisation de leur cabinet et dans celle de leurs clients. Voilà pourquoi le point d’orgue du congrès sera la facture électronique. »

Le deuxième axe est de faire de l’expert-comptable un partenaire augmenté du chef d’entreprise. De quelle façon ?

Pascal Castanet : « Les experts-comptables sont reconnus sur la partie traditionnelle du métier, sur quelques missions de conseil (évaluation, restructuration juridique, optimisation d’organisation), mais sont moins attendus sur la RSE – dont ils doivent pourtant être l’acteur principal – la facture électronique, la gestion de patrimoine ou le DAF externalisé pour les petites structures. Tous les cabinets ne feront pas toutes ces missions de conseil, mais notre rôle est de former les experts-comptables à ces nouvelles missions. Nous avons une marque expert-comptable à marteler vis-à-vis du monde économique. La crise sanitaire nous a permis de la mettre en évidence, il faut donc continuer et montrer que nous sommes le tiers de confiance du chef d’entreprise et du monde économique. »

Votre troisième ambition est d’accroître l’attractivité des cabinets pour éviter les problèmes de recrutement. Comment ?

Pascal Castanet : « Comme toutes les entreprises, les cabinets d’expertise comptable n’échappent pas aux problèmes de recrutement. C’est très compliqué car il y a beaucoup plus d’offres d’emplois que de candidats. Mon objectif est de faire savoir qu’il y a un vrai intérêt à exercer ce métier. Pour cela, il faut se battre contre les stéréotypes erronés sur la profession par la communication, les interventions dans des lycées, post-bac, et parfois dans les écoles. Nous avons également des réunions avec les enseignants pour leur expliquer les évolutions du métier d’expert-comptable, afin qu’ils aient envie de guider leurs élèves vers ce métier. »

Le quatrième axe est de promouvoir le 78e congrès national, organisé à Montpellier du 27 au 29 septembre 2023…

Pascal Castanet : « Ce congrès est un travail de longue haleine : il a d’abord fallu faire acte de candidature, promouvoir la ville… Les anciens présidents se sont parfaitement acquittés de cette mission. Le congrès de Montpellier accueillera a minima 4 500 confrères venus de toute la France et de pays francophones à comptabilité française. Il y aura donc plus de 7 000 personnes présentes sur place, partenaires inclus. Ce sera un moment très important pour la profession. Le thème a été défini par le national, car c’est lui qui pilote cet événement. Une équipe nationale de permanents travaille dessus à l’année. Pour sa part, la région accueille les participants, trouve les lieux, œuvre à donner une belle image pour que les participants reviennent.

Au niveau régional, notre mobilisation va monter en pression au cours de l’année. Au moins 2 permanents seront mobilisés, ainsi que des bénévoles. Il y aura des réunions préparatoires avec la Ville et la Métropole de Montpellier, la Région, la SNCF ou encore l’Aéroport Montpellier Méditerranée pour accueillir au mieux et orienter les confrères. Il faudra organiser des navettes, demander aux restaurateurs de fermer plus tard leurs établissements, aux taxis d’être présents. Nous ferons appel à des étudiants pour nous seconder. Ce congrès des experts-comptables est un moyen de générer de l’attractivité. Marc Sire et Eric Gillis ont été nommés par la région pour être les commissaires du congrès. Ils assurent avec moi les réunions avec le national et drivent. Cela représente un gros travail pour eux. »

Pascal Castanet, président du Conseil régional de l'ordre des experts-comptables d'Occitanie © Virginie Moreau.
Pascal Castanet, président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables d’Occitanie © Virginie Moreau.

Quelles seront les autres grandes dates importantes de votre mandat ?

Pascal Castanet : « Après nos visites aux confrères en janvier, la rentrée économique aura lieu le 9 février au Domaine de Verchant. Le 15 février nous accueillerons les nouveaux confrères. Le 7 mars, notre Ecozoom sera présenté à la cité de l’espace à Toulouse. La prestation de serment des impétrants aura lieu en juillet. En juillet également sera organisée la Journée Cabinet du Futur à Montpellier, qui se tiendra aussi à Toulouse en octobre. Du 27 au 29 septembre aura lieu le congrès national. Le Fiscal Zoom couplé à un Social Zoom se tiendra ensuite sur une journée complète en octobre, avec les services des impôts et l’Urssaf. Il sera suivi de l’Ecozoom à Montpellier en novembre 2023. Et fin novembre est programmée l’assemblée générale de la région à Toulouse. »

Quelles sont les perspectives économiques pour les chefs d’entreprise en 2023 ? Les gros enjeux ?

Pascal Castanet : « En 2022, tous les indicateurs économiques étaient plutôt bons en termes d’embauches et d’activité, malgré une légère stagnation en fin d’année. Mais cela ne retrace pas l’état d’esprit des chefs d’entreprise, qui sont inquiets du manque de visibilité et au sujet des coûts de l’énergie. Des PGE ont été mis en place pendant la crise Covid, des décalages de charges ont eu lieu, maintenant les dirigeants remboursent. Courant 2022, les prix des matières premières ont augmenté, les chefs d’entreprise ne les ont pas toujours répercutés, donc leur marge s’est réduite. La crise énergétique s’est ajoutée à cela. Pendant un certain temps, on n’en a pas vu les impacts, mais les factures arrivent maintenant. Les experts-comptables suivent les annonces gouvernementales et l’évolution régulière des dispositifs. Le gouvernement s’adapte au niveau de crise, et nous aux dispositifs. Nous sommes en permanence sur la brèche.

Les TPE vont être aidées par un bouclier tarifaire, sous réserve d’effectuer la démarche volontaire d’envoi d’une attestation à leur fournisseur d’énergie. Nous allons beaucoup communiquer à ce sujet envers les confrères et les chefs d’entreprise. Ce bouclier tarifaire sera-t-il suffisant ? Il plafonne à 15 % d’augmentation maximum pour les TPE, en fonction du nombre de KWh des compteurs. Pour les autres ça peut monter jusqu’à 40 % de prise en charge de l’augmentation par l’Etat. Il restera 60 %. Il faudra faire des calculs. Les entreprises souffrent aussi d’une problématique d’attractivité et de l’augmentation automatique des salaires due à l’inflation et à la revalorisation du Smic. Il doit y avoir une répercussion sur les prix ; les entreprises doivent éviter de grignoter sur les marges tout en restant compétitives.

Depuis la crise Covid, les défaillances d’entreprises étaient très faibles. Désormais, les niveaux d’avant Covid sont de nouveau atteints. Et demain, que se passera-t-il ? Le rôle des experts-comptables est d’être le plus proches possible des chefs d’entreprise pour les alerter en cas de problème et leur proposer des solutions. Le conseil de l’ordre d’Occitanie est tellement attentif à cet enjeu qu’il a créé une commission dédiée aux entreprises en difficulté pour accompagner les confrères et être présents. Au travers de cette commission, nous cherchons à être plus efficaces car l’année 2023 risque d’être compliquée au niveau économique.

Nous participons régulièrement à des réunions de crise avec les préfets de tous les départements pour faire remonter au gouvernement le ressenti du terrain, car nous sommes en contact avec les chefs d’entreprise. Cela permet de faire des propositions. Par exemple, pour simplifier les dispositifs sur l’énergie, qui stipulent que chaque dirigeant de TPE doit envoyer une attestation à son fournisseur d’énergie, nous avons proposé au directeur de la DREETS que soient listées les coordonnées directes des services des fournisseurs d’énergie auxquels envoyer les attestations. Car ce n’est pas le cas pour l’instant, et les chefs d’entreprise sont dans le flou. Par ailleurs, au lieu d’un étalement sur 36 mois des charges sociales et impôts en cas de difficulté, nous proposons d’étaler le paiement sur dix ans au cas par cas. »

Qu’en est-il du fléau des illégaux, ces faux experts-comptables qui exercent illégalement la profession ?

Pascal Castanet : « Ils continuent à sévir. Une de nos priorités est de défendre la profession, pas pour défendre notre pré carré, mais tout simplement parce que les illégaux sont bien souvent impliqués dans des détournements de fonds ou d’aides publiques… Il y a eu des condamnations jusqu’à deux ans de prison ferme ces deux dernières années, avec d’autres chefs d’inculpation. La profession mène un gros travail d’information depuis longtemps auprès des parquets. Le Conseil régional des experts-comptables d’Occitanie a fait circuler auprès des parquets un document rappelant les prérogatives de l’expert-comptable et où commence l’exercice illégal de la profession. »

Le mot de la fin ?

Pascal Castanet : « Je voudrais dire qu’au Conseil régional de l’ordre des experts-comptables, il y a un président mais surtout une équipe : il y a 10 membres au bureau et 36 élus qui travaillent pour la profession, ainsi que des permanents. Je tiens à souligner ce travail d’équipe. »

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