Collectivités — Département Hérault

Frédéric Roig (AMF34) : "au Salon des Communes, des rencontres entre élus, milieu économique et partenaires"

La 4e édition du Salon des communes et des intercommunalités de l’Hérault se tiendra le vendredi 30 septembre au parc des expositions de Béziers, sous l’égide de l’Association des maires de l’Hérault (AMF 34). Le point avec le président de l’association, Frédéric Roig…

En quoi consistera le Salon des communes et intercommunalités de l’Hérault et quelles sont ses ambitions ?

Frédéric Roig : “C’est une tradition depuis maintenant plusieurs années de réunir une fois par an l’ensemble des élus des communes et des intercommunalités, les agents territoriaux et les partenaires des collectivités territoriales, à savoir le Département de l’Hérault et la Région Occitanie, l’État et ses services, et les chambres consulaires, pour des rencontres.

Ce salon a deux spécificités. Tout d’abord, il rassemblera une centaine d’exposants pour initier des rencontres entre les élus, le milieu économique et les partenaires. Il s’agit d’entreprises partenaires des collectivités, travaillant dans les domaines de la voirie, de la papeterie, du mobilier, de la logistique, de l’ingénierie, de l’accompagnement technique, de l’environnement, de l’éducation… tout ce qui tourne autour de la vie d’une commune. Autre spécificité, des thématiques sont développées autour d’ateliers ou de tables rondes pour mettre en lumière des problématiques, des événements auxquels sont confrontées les collectivités.”

A qui est-il destiné ?

Frédéric Roig : “Il s’adresse aux élus locaux (maires, adjoints, conseillers, présidents, élus communautaires, conseillers départementaux, conseillers régionaux, parlementaires) ainsi qu’aux personnels des collectivités et organismes publics (directeurs généraux des services, secrétaires généraux, directeurs financiers, directeurs des services techniques, ingénieurs et techniciens des villes, acheteurs du secteur public, agents des collectivités…)”.

Des exposants présenteront leurs solutions innovantes aux collectivités. Les maires et présidents d’intercommunalité sont donc en demande en la matière ?

Frédéric Roig : “Une réflexion quotidienne est menée dans les collectivités pour s’adapter à la société actuelle. Le salon des Communes et Intercommunalités est un point d’orgue où les entreprises proposent de nouvelles technologies, de nouveaux process, des offres de services. Le salon permet un croisement d’expériences, la découverte de matériels, la finalisation de partenariats. Un des objectifs est que les élus puissent récupérer de l’ingénierie et des savoir-faire et échanger avec les autres élus, les autres collectivités.”

La conférence centrale portera sur l’adaptation aux changements climatiques… Pouvez-vous détailler les enjeux qui s’y rattachent ?

Frédéric Roig : “On a vécu une année compliquée (canicule, sécheresse, inondations…) et c’est une tendance qui dure depuis plusieurs années. Beaucoup de collectivités s’inscrivent dans une démarche de transition énergétique, d’écoconstruction, d’autonomie alimentaire pour les cantines solaires, de modifications de l’électrification de bâtiments communaux, d’adaptation des matériels…

Le premier enjeu est que les collectivités qui en ont la volonté puissent contribuer à la préservation de la planète, en fonction de leur réalité. Certaines sont très en avance, d’autres un peu moins du fait de certaines contraintes. Par exemple, certaines ont beaucoup de bâtiments, des compétences déléguées ou non. En vertu de cette diversité, elles peuvent s’inscrire dans cette volonté de lutter contre le réchauffement climatique et de préserver la planète.

Un autre enjeu consiste à mettre en place un certain nombre de procédés et politiques qui contribuent à ça, par exemple l’autonomie alimentaire des cantines scolaires, comme l’a fait la commune de Cazouls-lès-Béziers. Elle a créé un potager communal qui permettra à la cantine de nourrir les enfants avec des produits de proximité bio… D’autres ont mis en place des solutions d’écomobilité, de transports collectifs ou doux, des flottes de véhicules communaux électriques ou fonctionnant à l’hydrogène…”

Quelle est la marge de manœuvre des maires ? Ont-ils toujours les budgets suffisants pour mettre en place des dispositifs liés à la transition écologique ?

Frédéric Roig : “Ils cherchent les budgets, et parfois les actions mises en œuvre permettent de réaliser des économies. En ce moment, un des principaux sujets est l’explosion de la facture énergétique. L’éclairage public, les bâtiments et équipements communaux et intercommunaux (écoles, piscines, médiathèques…) consomment de l’énergie. L’augmentation de la facture énergétique crée des soucis imprévus. La réalité impose des choix qui permettent de dégager des marges de manœuvre, pour investir dans la transition énergétique ; c’est aussi là l’enjeu. Adapter nos organisations et nos réalités de service public à la réalité du changement climatique constitue une équation complexe.

Parfois, cela prend beaucoup de temps. Construire une ligne de tram est très long, par exemple. Pour isoler une école, il faut d’abord faire un diagnostic, trouver les bonnes solutions, monter un permis de construire, lancer un marché, trouver une solution temporaire pour faire l’école aux enfants pendant les travaux… Instaurer des pistes pour les mobilités douces sur un boulevard est plus rapide. Pour changer une flotte de matériel, une fois la décision prise, le marché lancé, en quelques mois une collectivité peut passer à des véhicules roulant avec des carburants plus respectueux que le gasoil.

Selon la réalité, le temps est plus ou moins long, certaines contraintes compliquent parfois les choses. Actuellement, la concertation publique est importante. On ne peut pas décréter de faire un projet sans demander l’avis des citoyens. Les projets doivent être soumis à une concertation publique : référendum, réunions publiques, participatives… Il faut associer les citoyens à la réalité du changement espéré.”

La responsabilité des maires est parfois engagée. Elle est devenue très lourde. Qu’en pensez-vous ?

Frédéric Roig : “Le maire est souvent responsable de la logistique du dernier mètre. Comme il est en proximité, il a, de par la loi, un certain nombre de responsabilités à prévenir, organiser et sécuriser. Il est en général aidé dans sa tâche par le SDIS, la gendarmerie, l’intercommunalité, le Département. Des solidarités se créent, des complémentarités émergent en fonction des compétences des uns et des autres. Aujourd’hui, il est devenu difficile d’anticiper suffisamment.

Le 6 septembre dernier, par exemple, après l’alerte orange, l’alerte rouge a été décrétée dans le département de l’Hérault, avant de repasser en orange. Il est tombé 120 mm d’eau dans la métropole de Montpellier. Les maires ont dû s’adapter, protéger, prévenir, organiser le transport des enfants en sortie d’école, protéger la voirie, informer les populations… Les épisodes cévenols concernent parfois les hauts cantons, ou uniquement la métropole comme cette fois-là, mais le préfet ne peut déclencher l’alerte météo que pour l’ensemble du département.
S’adapter et avoir une culture du principe de précaution est devenu une nécessité, notamment en matière d’épisodes cévenols. La situation peut devenir dramatique à n’importe quel moment, comme à Lamalou il y a quelque temps. Il faut faire œuvre de pédagogie envers les populations. On commence progressivement à avoir la culture du risque et du danger des épisodes cévenols. Se protéger passe par l’anticipation. C’est parfois très utile, mais parfois il ne se passe rien et nos efforts semblent inutiles. Certains peuvent penser que l’on a fait un excès de zèle. Mais il ne faut pas baisser la garde. Nous ferons passer ces messages lors du Salon des Communes.”

Quelles sont les difficultés principales auxquelles sont aujourd’hui confrontés les maires et présidents d’intercommunalités ?

Frédéric Roig : “Il y a les difficultés liées au contexte financier et budgétaire, et à l’exercice des responsabilités et des compétences, de plus en plus nombreuses avec des moyens de moins en moins nombreux.

Aujourd’hui, la fiscalité est au taquet. La majorité des communes n’ont pas de marge de manœuvre sur la fiscalité, car les citoyens n’en peuvent plus de payer. Or, les exigences sont de plus en plus nombreuses. L’Etat essaie de faire face à ses responsabilités. Cela pose le débat de la répartition des richesses. Les collectivités, au même titre que les citoyens, font partie de la problématique de la répartition des richesses. Le fossé se creuse entre les gens les plus riches et les gens les plus pauvres, qui sont de plus en plus nombreux. Les élus sont contraints par le Code des collectivités locales et par la loi de finances. Ils ne peuvent voter des impôts que dans la limite de la loi, qui donne un cadre, un périmètre. La fiscalité a des limites.

A côté de ça, on constate une inflation des prix de l’énergie et une augmentation du point d’indice qui impactent gravement les budgets des communes et intercommunalités. J’étais ce matin au téléphone avec le maire d’une commune de 6 000 habitants qui doit faire face à une facture énergétique supérieure de plus de 650 000 euros par rapport à d’habitude, et avec le maire d’une autre ville de 9 000 habitants dont la facture énergétique a augmenté de 850 000 euros. Ce sont des sommes colossales. Voilà pourquoi nous demandons à l’Etat d’indexer l’évolution des dotations sur l’inflation et d’étendre le bouclier énergétique aux collectivités. Protéger le pouvoir d’achat des Français est louable, mais il faut aller au bout de la logique en étendant ce bouclier aux collectivités.

C’est un principe de réalité : les collectivités ne peuvent pas faire des efforts financiers tout en ayant toujours plus de dépenses : organiser le transport scolaire, ouvrir des écoles, entretenir les routes, les bâtiments, garder un service public… Pour réduire la facture énergétique, on ne peut pas décider de fermer les écoles une semaine sur deux ni les médiathèques… Aujourd’hui, de plus en plus de communes éteignent l’éclairage public à certaines heures de la nuit. Cela représente une économie conséquente, mais ce n’est pas suffisant.”

Des conventions seront signées au Salon des communes…

Frédéric Roig : “Il y aura des conventions de partenariat et surtout une convention portant sur un projet agricole départemental développé par le Conseil départemental de l’Hérault et la chambre d’agriculture. Cette convention concerne l’évolution de l’agriculture et son impact sur l’environnement. Déjà signée par l’Association des maires de l’Hérault il y a quelque temps, elle sera étendue aux intercommunalités.

Nous mettrons aussi en lumière sur le salon l’exceptionnelle solidarité des collectivités héraultaises aux côtés des citoyens dans le cadre de la guerre en Ukraine. Des familles ukrainiennes sont toujours hébergées dans nos écoles, nos gymnases, nos villages. Des dons et de l’argent ont été collectés. Il est important de continuer à les accompagner au mieux ces réfugiés…”

Les Victoires de l’investissement social se dérouleront en fin d’après-midi, le 30 septembre. Que récompenseront-elles ?

Frédéric Roig : “Elles distingueront des collectivités qui ont réalisé des investissements faisant travailler des entreprises du territoire héraultais, avec des techniques et des objectifs de préservation de l’environnement, de lutte contre le gaspillage énergétique, de recyclage, d’innovation technologique… A la suite de l’appel à candidatures, les communes candidates se sont présentées devant un jury composé notamment de membres de la FRTP.”

D’autres sujets seront-ils abordés lors du salon ?

Frédéric Roig : “Il y aura dans le cadre du salon une rencontre avec l’Association des communes forestières, qui promeut l’utilisation du bois méditerranéen pour la construction et le chauffage. L’Association des cadres territoriaux se réunira également comme chaque année pour aborder des problématiques administratives et techniques spécifiques.

Sur le salon, je souhaite que soit évoquée la citoyenneté, en lien avec les préoccupations des élus. Le décrochage citoyen par rapport à la réalité de l’action publique, l’abstention, les agressions envers les élus, les incivilités, les atteintes aux biens publics sont des faits en augmentation permanente. Il faut essayer de lutter contre ce phénomène et apporter des réponses, des régulations.”

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