Politique — Frontignan

Frontignan : "Je ne gère pas la ville uniquement sur des critères financiers", estime Michel Arrouy

En plus des crises sanitaires, énergétiques ou sociales, le maire de Frontignan a dû essuyer une cyberattaque et une tornade au cours d’une première moitié de mandat mouvementée. Trois années dans un fauteuil inconfortable bien que convoité… Des crises à répétition qui ont quelque peu enrayé la mise en place de son programme de campagne. Petit bilan à mi-parcours avec Michel Arrouy.

Certains voient aujourd’hui le mandat de maire comme un sacerdoce. Est-ce votre cas après trois ans dans le fauteuil de maire ?

Je pense que c’est assez passionnant. Je ne vois pas ça comme un sacerdoce. Je m’y suis présenté, je savais dans quoi je m’engageais.. On doit avoir une vision globale, agir près et voir loin.  C’est toute cette complexité à prendre en compte et savoir où on met soit le curseur.

Le président de l’AMF 34 fait état des tensions grandissantes envers les élus et plus particulièrement les maires. Est-que vous le constatez également dans votre commune ?

Moi, je n’ai pas cette sensation. J’ai grandi dans cette ville, je ne l’ai jamais quittée mais on n’est jamais à l’abri d’un événement quelconque. Avec l’équipe municipale, nous sommes respectueux des concitoyens, on sait qu’on vit des périodes de tension à tout niveau.

Vous parliez de recruter cinq policiers municipaux supplémentaires pendant votre campagne en 2020… L’avez-vous fait ?

On n’en a pas recruté autant parce qu’il y a un turn-over important dans la police municipale de façon générale. Il manque des effectifs, c’est ce qui a été dit lors de la conférence des maires avec Carole Delga [président de la région Occitanie]. Il n’y a pas assez de policiers municipaux pour servir toutes les communes. On en a recruté deux ou trois de plus. On a une police armée de nuit et on est en train de se restructurer pour avoir aussi une police de proximité plus intense.

La sécurité, c’était le thème principal de votre adversaire aux dernières municipales, Gérard Prato (RN), qui vous attaquait sur cette question là…

Ce que j’avais dit durant la campagne, c’est que je n’aurais pas d’élu délégué à cette question, c’est moi le référent sécurité. Aujourd’hui, les faits de délinquance reculent selon le rapport préfectoral [notre demande d’avoir les chiffres détaillés est restée sans suite].

A cette époque, vous disiez que vous alliez lutter contre l’extrême droite. Ce que vous avez fait pendant votre campagne. Le RN arrive cependant toujours en tête aux diverses élections…

Le maire de Frontignan ne peut pas être responsable de ce qui se passe au niveau national. Et je rappelle aux gens que dans toutes les circos, hors Montpellier, le RN arrive en tête, et ce n’est pas à Frontignan qui fait les plus gros scores. 

Et donc, comment luttez-vous contre l’extrême droite depuis votre élection ?

En marquant mes positions et en les maintenant sur des dossiers très clivants […]. Je pense qu’on ne luttera pas contre l’extrême droite en courant après l’extrême droite. Moi, j’ai des positions tranchées sur certaines questions, notamment sur SOS Méditerranée par exemple, que nous subventionnons l’association […] Sur les questions de sécurité, j’ai été très clair sur le fait que je serai intransigeant, indépendamment de leur position. J’ai mis le paquet. 

Comment avez-vous fait pour “mettre le paquet” sur la sécurité dans le centre-ville?

Degré tolérance zéro. J’ai pris mes responsabilités en tant que maire, en tant qu’officier de police judiciaire, c’est moi qui suis tous les dossiers de sécurité. Ça me prend du temps, mais c’est une priorité. Après, il faut savoir que mon opposition, depuis trois ans, ils ne font rien : pas de présence dans les manifestations, aucune proposition, ils ne demandent jamais à me rencontrer sur tel problème ou tel problème. Ils ne font rien, ils sont lunaires et feignants.

Pendant votre campagne, vous parliez également de construire un tiers-lieu culturel dans les anciennes usines Chambourcy. Qu’est ce qu’il en est?

Cc’est un dossier sur lequel on doit travailler globalement. La priorité, durant cette première moitié de mandat, ça a été de sortir le pôle culturel – des travaux vont démarrer en septembre [fin annoncée pour le début de 2025] -, la dépollution [de l’ancienne raffinerie Exxon-Mobil], le déménagement de la gare [en attente de l’accord préfectoral] et tout ce qui est requalification de l’entrée est de la ville. On a obtenu, je le rappelle, la piscine intercommunale au niveau des arènes et le gymnase au niveau du collège Simone de Beauvoir. Maintenant, on ouvre une autre phase sur la deuxième moitié du mandat qui va être toute la requalification globale de la salle de l’Aire et du plan de l’Aire […]. On a commencé par étapes car il faut pouvoir assumer. Je rappelle qu’on n’a pas augmenté l’imposition locale depuis l’élection et qu’il y a eu le Covid, la crise énergétique, la guerre en Ukraine et puis, ici, la cyberattaque et une tornade. On a eu le package complet, c’est venu impacter la marche en avant.

Que faîtes-vous pour préparer la ville aux canicules futures et actuelles ?

Nous avons plusieurs axes. Nous travaillons sur des projets de requalification de l’espace public avec des sols perméables, c’est la priorité.

Comme la désimperméabilisation des cours d’école ?

C’est l’opération actuelle et des études sont en cours, mais aussi mettre d’autres types de revêtements, ce qu’on a fait sur des parkings du boulevard des Républicains-Espagnols, sur le parvis du collège, puis comme on va le faire sur le quai Voltaire, trouver des espaces de fraîcheur. On travaille aussi sur certaines festivités comme le Festival du muscat, pour les faire en nocturne plutôt qu’en pleine journée, en pleine chaleur…

Ca, c’est une question d’organisation, pas d’aménagement…

Oui, mais c’est lié. C’est-à-dire qu’il y a des projets, mais aussi on est obligé de se réajuster sur l’organisation. Et je rappelle qu’on a inauguré notre ferme photovoltaïque, la plus grosse ferme photovoltaïque urbaine du Languedoc-Roussillon, c’est l’équivalent de 8000 habitants.

Les relations de la Ville avec l’Agglo se sont nettement améliorées… Quelles sont les conséquences ?

Je l’avais dit durant la campagne que l’on améliorerait nos relations. La ville a retiré plein d’avantages à travailler avec l’agglo, mais ça ne veut pas dire qu’on est assujetti. Je suis un défenseur du bloc communal […]. Je ne suis pas un pro transfert de compétences à l’Agglo et ni de mutualisation, ça tout le monde le sait. Mais à côté de ça, on est dans l’agglo et on travaille vraiment dans l’agglo. On va d’ailleurs obtenir la nouvelle piscine intercommunale avant la fin du mandat.

On peut se poser des questions sur un tel équipement au vu des enjeux écologiques et de la crise énergétique actuelle…

On ne peut pas tout arrêter ! Moi, je ne suis pas une dogmatique. Pourquoi, pensez-vous, que les citoyens n’ont souvent pas envie d’entendre parler d’écologie? Parce que, quand à un moment donné on dit “il n’y aura plus de sapins de Noël, plus le tour de France” – je caricature – cela nuit à la transition écologique. […] Par contre, que demain on dise qu’on a une piscine municipale et qu’on supprime les piscines privées, ça c’est différent. Moi je préfère qu’il y ait un service public avec une piscine pour tout le monde que 500 ou 600 piscines privées dans la ville. Je peux vous assurer que ce qui coûte le plus cher en termes énergétiques, c’est plutôt les piscines privées.

Le vote au conseil communautaire de la taxe foncière sur les résidences secondaires a pour effet d’augmenter les impôts à Frontignan. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

C’est la part intercommunale qui va augmenter. Effectivement, cela va augmenter le foncier sur tout un périmètre de l’Agglo dont Frontignan […]. On va être aux alentours de 45-50 €. J’ai dit que la Ville de Frontignan ne “redélibèrerait” plus sur une autre augmentation. Cette augmentation est rendue un peu nécessaire pour la marche en avant des projets Agglo.

Le parking des plages est toujours gratuit à Frontignan. Vous allez tenir combien de temps encore ?

Il le restera. Un, c’est rendre la plage à tout le monde. Deux, c’est indirectement faire de l’aide au développement économique du commerce de proximité. Et trois, c’est un super outil de com’. On sait qu’aujourd’hui, à Frontignan, on peut venir à la plage gratuitement, et ça fait travailler le commerce local […]. Je suis un homme de gauche. Je ne gère pas la ville que sur des critères financiers. Oui, c’est un manque à gagner. Oui, c’est une volonté politique et, heureusement, on peut encore faire des choix politiques différents des autres.

Dernier point, vous entamez les réunions plénières avec les comités de quartier. La transition démocratique était l’un de vos engagements de campagne. Quel bilan, trois ans après?

On a restructuré nos instances, on a fait des budgets participatifs. Ça a été un peu compliqué [avec le Covid], mais aujourd’hui c’est en place, avec notamment des conseillers du quartier qui organisent des événements… Il y a des comités qui jouent vraiment le jeu.

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