Galerie Samira-Cambie : Obrecht-Pahlavi, portrait de famille

A Montpellier, Samira Cambie présente, jusqu’au 1er août 2020, une exposition consacrée à la peinture de genre signée du duo de peintres Florence Obrecht et Axel Pahlavi. Les oeuvres, figuratives, y sont présentées sur une installation globale constituée de faux papier peint à rayures. En fait, les artistes ont peint ce trompe-l’oeil à même le mur. Le tableau principal, de grand format (130 cm x 162 cm), exécuté à quatre mains, dialogue en face-à-face avec de fausses études préparatoires représentant les enfants du couple.

Ces fausses études préparatoires représentant leurs enfants séparément ont été réalisées par l’un ou l’autre à l’aquarelle, au pastel ou à l’huile après que l’œuvre principale a été achevée, « mais à partir du même shooting photo que pour “Peinture de genre” », souligne Florence Obrecht. Les deux peintres ont ainsi joué avec la notion de simulacre ou d’illusion, déjà présente avec le faux papier peint.

Deux solos, un duo

Florence Obrecht est née à Metz en 1976, Axel Pahlavi à Téhéran en 1975. Ils sont diplômés de l’Ecole nationale supérieure de Paris, où ils se sont rencontrés, puis sont allés en Bulgarie se former au dessin académique. Membres du courant sous-réaliste à l’instar de Léopold Rabus – qui a exposé au Carré Sainte-Anne il y a quelques années – ils vivent en couple à Berlin et ont trois enfants. Ils évoquent une parenté artistique avec Neo Rauch (Ecole de Leipzig). Leur réalisme associe une exagération des traits, un aspect volontiers dramatique, des anachronismes volontaires et des thématiques récurrentes. Chacun a propre son style. Ainsi, analyse Florence Obrecht : « Axel est plus peintre que moi, plus classique, mais aussi plus axé vers l’expérimentation ; ses tableaux ont une forte connotation religieuse. Pour ma part, fascinée par les arts populaires, l’art naïf, les textiles, les objets, je suis plus dans la couleur ». Ils ont pour point commun d’utiliser des costumes dans leurs mises en scène, pour leur côté « stimulant ».

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Un tableau peint à quatre mains par Florence Obrecht et Axel Pahlavi. © Virginie Moreau.

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Lorsqu’ils travaillent ensemble, Florence Obrecht et Axel Pahlavi aiment créer des univers, des installations faisant lien entre les œuvres pour obtenir une composition d’ensemble. C’est le cas de ces tableaux apposés sur un faux papier peint envisagé par Axel Pahlavi comme « un décor de boîte de chocolats pouvant aussi évoquer les boîtes de cupcakes ». « Cette exposition a un lien avec l’art conceptuel du fait de l’installation sur papier peint, avec l’art minimaliste par le motif à rayures, mais elle met en scène des peintures très figuratives », selon eux. Hyperréalistes, ajoutera-t-on. Les visages sont à la limite de la caricature. « Nous ne craignons pas les fautes de goût ni le ridicule, sans pour autant rechercher le kitsch », assurent-ils. Ils adoptent également un style commun. « Nous prenons plus de risques à deux que lorsque nous peignons en solo, et nous n’aurions pas fait certaines œuvres séparément. Certaines s’inscrivent uniquement dans le cadre de notre duo », affirment-ils. Ils se transcendent mutuellement en travaillant de concert. Ils créent désormais des œuvres spécialement pour leurs expositions communes. C’est en 2015 qu’ils ont commencé à travailler à quatre mains, à l’occasion de deux autoportraits intitulés Comedian Harmonist. Actuellement, leur travail en commun se développe de plus en plus. Leur façon de peindre à quatre mains est singulière, puisque le temps de travail de chacun sur le tableau est strictement le même, décompte à l’appui.

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Florence Obrecht et Axel Pahlavi devant leurs fausses études préparatoires. © Virginie Moreau

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Variations sur l’histoire de l’art

Dans Peinture de genre, « tableau antidécoratif et bizarrerie », selon eux, le couple revisite sous forme de cover un tableau de Lucian Freud reprenant le tableau Pierrot content de Watteau. Il s’agit d’une scène de famille à la fois classique et contemporaine, « mignonne et inconfortable », selon leurs propres mots, car représenter la famille n’est pas à la mode en 2020. Eux deux et leurs trois enfants en sont les protagonistes. Axel est représenté dans son habit de peintre, portant au cou une collerette à l’ancienne. Florence se tient près de lui, sur le canapé, leurs enfants jouant de la guitare, regardant un éventail ou leur souriant. Florence n’a pas hésité à demander à Axel de la vieillir. A gauche on retrouve l’habit du clown, thème récurrent dans leurs créations. Les références à Watteau sont la collerette et la guitare. Lucian Freud avait placé le Watteau dans son atelier ; le duo fait de même, en situant la scène dans l’atelier du couple, dans la pièce réservée à Axel. Un atelier proche de leur habitation, situé dans un grenier au cinquième étage dont les poutres portent encore des traces de la bataille de Berlin.

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“Peinture de genre”, Florence Obrecht et Axel Pahlavi, 2019-2020. © Virginie Moreau.

La famille et l’amour, des sources d’inspiration essentielles

Lors des séances photo servant de bases à leur travail pictural, ils laissent leurs enfants libres de s’exprimer, de bouger. Leur famille et leur union sont pour eux des matériaux de création. Leurs enfants les inspirent, plastiquement mais aussi par leurs réflexions enfantines. Ainsi, c’est en entendant leur fille de 7 ans, Camilla-Thérèse, disant qu’elle faisait “des Picasso” à l’école que Florence Obrecht a eu l’idée de représenter des personnes au visage maquillé à la façon de tableaux de Picasso, avec deux nez, deux bouches, etc. Elle travaille actuellement à titre individuel sur cette série. L’amour nourrit, porte et inspire le couple. Ils réalisent des portraits de l’un, de l’autre, des autoportraits… « et tout se mélange ».

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Florence Obrecht et Axel Pahlavi présentent leur puzzle en édition numérotée. © Virginie Moreau.

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Des clins d’œil pop

Après avoir précédemment réalisé des autocollants artistiques, pour cette exposition le couple a fait imprimer en Allemagne un puzzle de 1 000 pièces de Peinture de genre, assorti d’une gravure pointe sèche, en 20 exemplaires numérotés. L’ensemble est vendu 200 euros. L’idée est à la fois d’envisager la gravure comme un cadeau Bonux ou de La Vache qui rit, de rendre l’art accessible et d’intégrer une notion ludique, explique Axel Pahlavi. On aime !

Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com

Galerie Samira-Cambie – 16, rue Saint-Firmin – 34000 Montpellier – Tel. : 04 99 65 46 74.

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