Rarement un homme aura marqué aussi durablement notre cité que ne l’a fait le Docteur Tourreau. Que l’on fasse référence au médecin, au président d’associations sportive et humanitaire ou encore à l’élu, c’est une vie d’engagement au service de sa ville et de ses concitoyens à laquelle nous allons rendre hommage aujourd’hui.
Pourtant, Guy Tourreau n’était pas né à Agde. Il venait, comme nombre d’Agathois et son ami et confrère Laurent Antoine, d’Afrique du Nord, d’Oran plus précisément, où il était né en 1930. Diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, il avait choisi, à la fin des années 50, de s’installer en Agde, ouvrant son cabinet médical rue Richelieu, au sein duquel officie désormais son fils Ghislain.
Très vite, le Docteur Tourreau devient ce que l’on appelle une personnalité locale. Son cabinet ne désemplit pas et des générations d’Agathois se souviennent encore de cette salle d’attente qui portait si bien son nom. Des générations au renouvellement desquelles il participait notamment au sein de la maternité, mais aussi parfois à domicile, en aidant de nombreuses mamans à accoucher.
Dans la continuité de son action de médecin, l’humaniste qu’il est s’investit très tôt au sein de la Croix-Rouge, dont il deviendra plus tard le Vice-Président de la Délégation Départementale. Un engagement là encore sur la durée, qu’ont tenu à saluer les actuels bénévoles de la Croix-Rouge, présents aujourd’hui en tenue d’apparat.
Plus étonnant, compte tenu de la personnalité réservée de Guy Tourreau, son implication au sein du Racing Club Agathois, dont il fut le président entre 1960 et 1966. Ce fut pourtant une riche période pour le club, puisque c’est durant son mandat que l’équipe des Rippol, Pradelle, Géraud, Belluire, Estournet, j’en passe et des meilleurs, enflammera la Ville en parvenant, pour la première fois en 16ème de finale de la Coupe de France, contre ces fameux Pierrots de Strasbourg, qui mirent tant de temps à nous écarter de la suite de la compétition.
Et c’est en 1971, aboutissement logique de ces multiples engagements, que Guy Tourreau commence à s’investir en politique, en se faisant élire au Conseil Municipal, aux côtés de Pierre Leroy-Beaulieu.
Initialement simple Conseiller Municipal, il devient en 1980 Adjoint au maire délégué aux Finances, puis, trois ans plus tard, 1er Adjoint. C’est l’époque de la construction du Cap d’Agde, des polémiques qu’elle suscite chez les uns, mais aussi et surtout des opportunités nouvelles qui s’offrent à notre cité qui, dès lors, va connaître un nouveau développement.
Aux côtés de Pierre Leroy-Beaulieu, de Laurent Antoine, de mon père et de bien d’autres – qu’ils me pardonnent de ne pas tous les citer ici – Guy Tourreau devient, grâce à son sens de l’écoute et à sa capacité à traiter les dossiers les plus complexes, un interlocuteur privilégié par les Agathois, soucieux de voir aboutir leurs initiatives et projets.
Et dans cette période charnière de l’histoire de notre cité, il devient, lui le médecin installé en Cœur de Ville mais très impliqué dans le développement du Cap d’Agde, notamment de son port de plaisance, un symbole vivant d’une unité agathoise dont il se veut l’un des bâtisseurs.
Aussi, ce n’est que justice si la passerelle que nous inaugurons aujourd’hui et qui relie, via nos espaces naturels les plus remarquables, Agde au Cap d’Agde, porte désormais son nom. Je vois là une matérialisation symbolique de ce que fut son action au bénéfice d’un territoire rassemblé et unifié.
En 1982, le parcours politique de Guy Tourreau prend une nouvelle dimension, puisqu’il est élu Conseiller Général de l’Hérault, représentant notre canton avec passion et dévouement jusqu’en 1994. Parallèlement, soucieux là aussi de rassembler les énergies sur un territoire élargi, il crée le Sivom du Canton d’Agde, dont il assure la présidence de 1984 à 1989.
En 1994, il choisit de ne pas se représenter aux élections cantonales et met un terme à une vie politique active, après les élections municipales de 1995.
Vint le temps des honneurs et de la reconnaissance, pour un parcours citoyen par bien des aspects exemplaire. Déjà fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 1979, il en devient Officier en 1988. Il est par ailleurs, lui qui fut longtemps Vice-Président de l’association des ports de plaisances du Languedoc-Roussillon, Chevalier de l’Ordre National du Mérite Maritime et titulaire, parmi d’autres distinctions, de la Croix d’Or du Mérite et Dévouement Français.
Voilà, retracée en quelques lignes, ce que fut la vie de ce grand Agathois, qui nous a quittés il y a 10 ans déjà, le 14 avril 2003, et dont le souvenir est toujours aussi vivant dans notre mémoire collective.
Je tiens naturellement à saluer ici la mémoire de Madeleine Tourreau, qui fut la compagne d’une vie et éleva leurs deux enfants, Ghislain et Régine, tout en exerçant en Agde le métier de dentiste. Tous ceux qui l’ont connue savent le rôle important qu’elle joua, tout au long de ces années, auprès de son époux et au sein de leur famille.
Je veux pour finir me tourner vers tous les enfants et petits-enfants de Guy Tourreau, qui sont, je le sais, nombreux à être présents aujourd’hui, pour leur dire, en ma qualité de Maire d’Agde, combien ils peuvent être fiers de leur grand-père et de l’œuvre remarquable qu’il a accompli au service d’Agde et des Agathois.