Culture & Loisirs

Hélène Hoppenot, ambassadrice de la photographie de voyage

Epouse de diplomate, Hélène Hoppenot (1894-1990) se prit de passion pour la Chine, où…

Epouse de diplomate, Hélène Hoppenot (1894-1990) se prit de passion pour la Chine, où son mari Henri fut muté en 1933. Cette passion pour ce pays et ses habitants la poussa à acheter un appareil Rolleiflex 6×6 et à se mettre à la photographie plutôt qu’à écrire, chose qui lui était pourtant plus naturelle à la base. C’est donc en photographe amateur qu’elle aborda ce pays puis bien d’autres, pour témoigner de lieux et coutumes extraordinaires pour une Européenne. Progressivement, dans ses clichés, l’aspect esthétique prit le dessus sur le simple reportage amateur. Exposition à découvrir jusqu’au 29 mai 2016 au Pavillon Populaire de Montpellier.

Une pionnière

Décrite comme « brillante » par le commissaire de l’exposition Alain Sayag – ex-conservateur de la photographie au Centre Pompidou (Paris) – écrivaine, amie de Paul Claudel et Saint-John Perse, épouse d’un très haut fonctionnaire, Hélène Hoppenot fut une pionnière de la photographie de voyage amateur. La première rétrospective au monde de son œuvre photographique a lieu actuellement au Pavillon Populaire, sous l’égide de son directeur artistique, Gilles Mora.

Intérêt et distance

Les clichés pris par Hélène Hoppenot montrent son intérêt pour les peuples, les paysages et l’exotisme. Pour autant, comme le souligne le commissaire de l’exposition, le choix d’un appareil photo Rolleiflex 6×6 témoigne d’un rapport à l’autre particulier, d’une volontaire mise à distance du sujet photographié par la photographe. Au total, plus de 160 photographies de petit et moyen formats, présentées par continents, parent les cimaises du Pavillon Populaire. Prises entre 1933 et 1956, elles recouvrent des pays aussi divers que la Chine, le Cambodge, l’Amérique du Nord, le Guatemala, le Mexique, le Pérou la Grèce, la Tunisie et la Sicile. Au départ, les albums photos d’Hélène Hoppenot relataient la vie mondaine des diplomates et des expatriés, sa vie de famille. Puis ses clichés se rapprochèrent du témoignage, rejoignant ainsi l’histoire. On distingue des récurrences dans les sujets photographiés.

Singularité

Hélène Hoppenot se promenait dans les rues, à la recherche d’incongruités, de spécificités qui étonnaient son œil d’Européenne fortunée : les étals des marchés dans les rues, proposant des objets et des produits étranges, les visages burinés des marchands, une jeune fille allant chercher de l’eau à la fontaine, des pêcheurs mexicains… Plus le temps passa et plus Hélène Hoppenot délaissa le reportage photographique au profit d’une dimension esthétique. La photographe tournait autour de ses sujets, les photographiant sous tous les angles, afin de ne garder que les meilleurs clichés. Elle resserrait le cadre, accentuait les valeurs, livrait des photographies frontales, proposant une composition rigoureuse, indique Alain Sayag. De Rome puis de la Martinique, elle retint essentiellement les ruines. Quand elle se rendit à Paris durant la Seconde Guerre mondiale, Hélène Hoppenot s’intéressa aux saynètes en papier collées sur les vitrines, destinées à atténuer les bris de verre en cas de bombardement, ou encore aux « monstres » exhibés dans les fêtes foraines, et ses images se rapprochèrent du surréalisme. Toujours à la recherche de la marginalité, lorsqu’elle photographia New York durant la Seconde Guerre Mondiale puis en 1954 et 1955, c’est en se focalisant sur ses petits métiers et ses vendeurs ambulants de glaces, marrons ou hot-dogs. Ici les  indiens Hopi, là une tombe décorée lui inspirèrent des clichés. Hélène Hoppenot rendit compte d’une « Amérique étrange et rarement montrée », selon Alain Sayag. Renouant avec l’Asie, Hélène Hoppenot effectua un ultime voyage au Vietnam, en Indochine.

Le regard d’Hélène Hoppenot restera celui, distancié, d’une « bourgeoise privilégiée », qui parfois projetait sa vision sur l’objet photographié. La plupart de ses clichés sont en noir et blanc ; très peu sont en couleur. Au total, elle publia six livres-portfolios : sur la Chine, l’Extrême-Orient, le Guatemala, le Mexique, Rome et la Tunisie.

Virginie MOREAU

vm.culture@gmail.com

 

> Pavillon Populaire, espace d’art photographique de la Ville de Montpellier – Esplanade Charles-de-Gaulle – 34000 Montpellier – Tel. : 04 67 66 13 46.

> Visites libres du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h.

> Visites en groupes : réservation obligatoire par courriel envoyé à visites@ville-montpellier.fr

> Visites guidées hebdomadaires les vendredis à 16h et les samedis à 11h, 14h30 et 16h.

 

Visite commentée par le commissaire de l’exposition le samedi 28 mai à 16h.

 

Légende – Marchande de jouets, Toluca, Mexique, 1952-1953. Épreuve gélatino-argentique, 59,3 x 49,7 cm. Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris.

 

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